Malgré de belles promesses, la licorne US Cameo met fin à son projet NFT Cameo Pass

Malgré de belles promesses, la licorne US Cameo met fin à son projet NFT Cameo Pass La filiale Web3 de la start-up américaine n'aura duré qu'une année à peine, non sans avoir livré de belles collections.

"Nous sommes dans une très bonne situation financière", nous assurait l'été dernier Oliver Maroney, responsable du département Web3 et NFT de Cameo, société spécialisée dans l'achat de messages vidéo de célébrités personnalisés. Moins de six mois plus tard, cette filiale Web3 Cameo Pass ne donne pourtant plus de signe de vie.

Capture de l'annonce écrite par Devon Townsend, cofondateur de Cameo. © Discord

C'est sur la plateforme communautaire Discord, et nulle part ailleurs, que Devon Townsend,  cofondateur et chef de produit de cette licorne américaine, s'est fendu d'une très discrète annonce : "Salut tout le monde, je veux vous donner des nouvelles au sujet de Cameo Pass et ses projets pour 2023. Comme vous le savez, il y a un an nous avons commencé à construire cette communauté incroyable et à offrir de l'art, des événements et bien plus. Nous sommes très fiers de toute ce que nous avons fait en si peu de temps (…) Alors que nous nous projetons pour le reste de l'année 2023, nous ne prévoyons pas de nouveaux événements ou de projets artistiques pour le moment (…) Merci de faire partie de Cameo Pass. Un grand merci aux cofondateurs de Cameo Pass @OM (Oliver Maroney, ndlr) et @backuardo (Ben Eisner, ndlr). Je n'ai jamais travaillé avec un duo aussi talentueux et consciencieux (…)"

Un revirement de stratégie soudain

Si l'annonce ne portait pas explicitement sur une fin définitive de ce projet, la teneur du message ne suggérait pas moins. D'ailleurs, Olivier Maroney publiait dans le même temps ses adieux au projet sur ses comptes personnels Linkedin et Twitter. Des messages qui ont pris de court la communauté du projet puisque celui-ci était en train de sortir au même moment… une nouvelle collection de NFT, "Patchworks", la quatrième de la compagnie.

"La dernière pompe à fric de Cameo avant de supprimer le programme", commentait alors l'utilisateur pssnit. "Ils nous ont clairement arnaqués. J'en ai fini avec ça (…) Ils auraient pu dire dès le premier jour que c'était un projet d'un an avec une date de fin. De la part d'une si grosse marque, ce genre d'agissements, c'est de la merde", prolongeait le pseudonyme Roffelos.

Capture des œuvres animées de Luke McGarry, Vinnie Hager et Burnt Toast. © Cameo Pass

Un mécontentement légitime pour les détenteurs des collections de Cameo Pass puisque si ces conclusions abruptes font le quotidien du Web3, le fait que celle-ci soit déterminée par une société valorisée à environ 1 milliard de dollars, qui annonçait d'ailleurs une autre collection "révolutionnaire" pour les mois à venir, laisse un goût amer dans la bouche de nombreux collectionneurs. Après tout, le cofondateur du projet ne nous disait-il pas avoir suffisamment "de fonds pour les deux, trois prochaines années à venir" ? Cameo avait d'ailleurs engrangé environ 3,3 millions de dollars pour sa première vente de NFT puis 2,4 millions de dollars pour la collection "Petabytes", 133 000 dollars environ pour les Patchworks, sans compter les royalties du marché secondaire pour l'ensemble des collections (la collection offerte Daydreamers incluse), que nous estimons au minimum à 220 000 dollars, soit environ 6 millions de dollars de revenus au total depuis la création de ce projet NFT, en l'espace de douze mois.

"Cette annonce de fin un jour après avoir collecté 140 000 dollars me dégoûte"

"Le soutien de Cameo était l'unique raison pour laquelle j'avais acheté autant de leurs NFT et conservé aussi longtemps", nous confie par voie écrite Kevin, un collectionneur américain rencontré sur Discord. "L'appui du CEO en était une autre. J'ai toujours su qu'il y avait un risque qu'ils mettent fin au projet mais au regard de l'immense promotion autour de Passtronaut (une autre collection promise, ndlr), j'imaginais que ce serait au moins après celle-ci. Le fait qu'ils suppriment le projet un jour après avoir collecté 140 000 dollars du drop de Patchworks me dégoûte".

Oliver Maroney, ex-dirigeant de la division Web3 de Cameo. © Cameo Pass

Que s'est-il donc passé pour que Cameo mette fin aussi brutalement à ce projet, au risque de ternir sa réputation ? A l'heure d'écrire ces lignes, ni le CEO Steven Galanis, ni les désormais ex-cofondateurs de la filiale Oliver Maroney et Ben Eisner n'ont souhaité répondre à nos sollicitations. Cependant, Cameo avait déjà annoncé en mai 2022 le licenciement de 87 employés, soit près d'un quart de ses effectifs. Le cœur de métier de la compagnie est la création de liens entre célébrités et fans, notamment par l'achat d'appels personnalisés. Un ADN très éloigné de l'offre de la filiale Web3, vitrine d'artistes graphiques de renom, comme Vinnie Hager (le deuxième artiste à avoir réalisé un drop sur Instagram, écoulé en quelques secondes), l'illustrateur Burnt Toast, derrière les célèbres NFT Doodles, ou encore le dessinateur britannique Luke McGarry.

Avec du recul, cette proposition Web3 semblait au bout du compte en décalage avec la stratégie de la maison mère, qui a donc sonné le glas de cette expérimentation. "J'ai le sentiment que les gens n'ont pas été très sympas sur le Discord. Ça ne doit pas être facile pour l'équipe, certains ont perdu leur boulot, regrette un collectionneur français, François. "Mais l'annonce très laconique de la mise en sommeil du projet et, surtout le timing, ce n'est pas du tout professionnel. Il y avait pourtant une entreprise très importante derrière." Une preuve supplémentaire que le statut d'une entreprise ne garantit en rien la pérennité d'un projet.