NFT.NYC, l'événement newyorkais sans public qui fait briller les autres

NFT.NYC, l'événement newyorkais sans public qui fait briller les autres L'événement newyorkais dédié au Web ne déchaine pas les passions dans sa propre enceinte. Cependant, sa marque permet bien au secteur de rayonner toute la semaine sur l'ensemble de la ville.

Si NFT Paris se déroulait en même temps que le Salon de l'Agriculture, NFT NYC partage le Javits Center avec un salon automobile. Une proximité sans grande conséquence au regard de la démesure du centre de conférences, qui témoigne de l'ambition affichée de l'événement Web3 newyorkais.

Principalement sur deux étages, d'environ 9 000 mètres chacun, dont un doté d'une terrasse avec vue sur la marina, NFT.NYC 2023 se veut spacieux. Sans doute un peu trop au regard de l'affluence très disparate au premier jour. Si l'ambiance ne rappelle en rien la morosité de NFT.London organisé par la même structure, le public ne se presse pas à l'entrée comme on avait pu l'observer lors de NFT.Paris, dont l'organisation est indépendante de l'entité américaine.

Et s'il y a davantage de monde à l'étage supérieur, c'est aussi parce qu'on y retrouve la salle réservée aux VIP et speakers, de toute évidence plus nombreux que le public au petit matin. Un habitué de l'événement nous confie logiquement "sa déception", tandis qu'un peu plus tard dans la journée, une communicante d'une agence de relations publiques confirme nos impressions : "Le Javits Center est trop grand, cela fait vide. Ils devraient plutôt réduire la voilure. Tout le monde va aux side events".

Le problème de NFT.NYC se situe précisément là : dans le libre marché.  La marque attire l'ensemble des composantes du secteur, lesquelles organisent en parallèle leurs propres événements, en journée comme en soirée.  Il y en a dans toute la ville, ou presque : Manhattan évidemment, Brooklyn et même le Queens. Au total, plus de 150 ont été recensés sur les trois jours de l'événement principal : technologie, gaming, art, gastronomie, social, toutes les thématiques que peut toucher le Web3 sont couvertes par des conférences et sauteries.

Des side events plus prisés que la conférence principale

Table ronde du side event Future+. © JDN

Ce mercredi matin, l'influenceur et créateur gmoney lançait par exemple devant un parterre d'entrepreneurs et d'investisseurs une chasse au trésor pour présenter sa nouvelle collection de phygital (vêtement physique et digital). A proximité de la fameuse promenade new yorkaise High Line et des halles de Chelsea Market, un concept store Samsung 837 accueillait l'après-midi le Future+, une succession de table rondes autour des atouts de la blockchain pour le secteur retail et la relation client, avec des speakers comme Marc Mathieu de Salesforce, Lisa Jowett de Bitgo, ou les français Sébastien Borget pour The Sandbox, Pierre-Nicolas Hurstel pour Arianee et Olivier Mongeon d'Exclusible. Questionné sur l'utilité de cette grand-messe newyorkaise, Sébastien Borget insiste auprès de nous sur "l'importance pour une plateforme comme The Sandbox d'être confronté à son écosystème, comme les studios de création, les communautés de joueurs". La plateforme métaverse Web3 organise d'ailleurs avec sa maison-mère Animoca ses propres événements satellites, dont un avec le producteur Steve Aoki, partenaire de The Sandbox. Pour le cofondateur du jeu, c'est aussi une vraie opportunité business : "C'est aussi l'occasion d'échanger avec d'autres entrepreneurs de l'écosystème. Ici, à New York, on a tous les cofondateurs de l'Open Metaverse Alliance (un consortium et lobby d'entreprises travaillant sur des métaverses interopérables, ndlr). Depuis le début du Web3 en 2018, NFT.NYC était déjà là et nous n'étions que 500. Cela reste une vitrine pour nous et la démonstration d'un métaverse encore très actif et vivant. Après, nous restons alignés avec la tendance actuelle du marché : notre présence est plus modeste, sans grand booth ou gros événement mais on est là de manière efficace et agile."

Des investisseurs bien présents

Un peu plus loin, le CEO d'une entreprise de métaverses confie de son côté que si son entreprise n'a jamais dégoté de clients dans un tel événement, il reste indispensable pour entretenir des relations. Un prisme relationnel également mis en avant par le patron d'un fonds d'investissement, présent à NFT.NYC pour rencontrer des partenaires nord-américains. "Une conférence représente une opportunité de réunion sur un même lieu pour des gens affichant des intérêts en commun", caractérise-t-il. "C'est Jacques Attali qui expliquait un jour que le centre d'une conférence n'est pas la scène mais la machine à café. Cet événement est soit tourné vers les gens de la communauté Web3, soit les corporates qui viennent découvrir le secteur. Cela permet d'évangéliser. Il y a toujours un certain retour sur investissement, même si la quantification est compliquée. Quoi qu'il en soit, le lieu physique permet la friction et la sérendipité". D'ailleurs, la présence en nombre de fonds d'investissement laisse bien penser que si l'ère du "quoi qu'il en coûte" est aussi terminée pour le Web3, l'intérêt pour la technologie est toujours là. "C'est beaucoup moins bling bling qu'avant. Il se passe des choses intéressantes mais encore sous le radar", nous assure, cryptique, le patron d'une firme analytique.

Et si la conférence en tant que telle n'attire plus les foules, NFT.NYC contribue bien à diffuser la technologie dans toute la ville : comme chaque année, Times Square consacre en effet ses écrans à des collections et entreprises NFT, comme la galerie bruxelloise ArtCrush ou celle du célèbre collectionneur pseudonyme Cozomo di Medici. Dans le courant de la journée, Dounia Hadbi, directrice de projet de Cross The Ages, n'avait ainsi pas les mots au moment de nous montrer le teaser du jeu diffusé sur la place la plus visitée de la Grosse Pomme. Comme quoi, New York fait toujours rêver.