Résorbons les zones blanches de la mobilité !

Près d’un tiers des Français vivent dans des “zones blanches de mobilité”, des territoires sur lesquels il n’existe pas d’autorité organisatrice de la mobilité, et où la voiture est souvent le seul moyen de se déplacer.

Les services mis en place par une Autorité organisatrice de la mobilité (AOM) peuvent être des transports collectifs urbains, non urbains, réguliers ou à la demande. L’AOM peut également participer au développement de services alternatifs. Mais alors que faire dans les territoires sans AOM ? Seules les AOM peuvent prélever le versement transport*, une composante essentielle du financement des transports publics urbains, donc les moyens manquent souvent aux petites communes pour organiser la mobilité. Malgré tout, une offre de mobilité inter-urbaine (TER, car) peut être organisée par le Conseil régional et certains services comme l'autopartage peuvent également être organisés directement par des collectivités locales ou des regroupements de communes.

Bonne nouvelle à ce sujet : la nouvelle Loi Mobilités a pour objectif de simplifier l’exercice de la compétence mobilité par les collectivités et notamment par les communautés de commune, afin qu’elles puissent mettre en place des solutions de proximité simples et adaptées aux besoins. Enfin, compte tenu des contraintes budgétaires, certaines solutions proposées par des sociétés privées et ne reposant pas sur des financements publics peuvent s’avérer intéressantes pour ces territoires, où la voiture s’est imposée par manque d’alternatives. De nombreuses solutions de mobilité sont actuellement testées en France, notamment à Paris-Saclay avec des vélos électriques en libre-service (Zoov) et des navettes autonomes (Vedecom & Renault), qui contribueront grandement au désenclavement des zones blanches dans les années à venir.

En finir avec le tout-voiture

Dans un contexte de saturation des routes, de hausse du prix des carburants et de la nécessaire réduction des émissions de CO2, le développement du vélo apparaît comme une étape indispensable pour améliorer la mobilité dans les zones blanches. Aujourd’hui, la France fait pâle figure comparée à ses voisins. Seuls 2 à 3% des déplacements urbains sont faits à vélo, contre 29% aux Pays-Bas. Sans parler de Copenhague au Danemark, où 50 % des trajets domicile-travail se font à vélo. Comme l’explique régulièrement Stein van Oosteren, porte-parole du Collectif Vélo Ile-de-France, les Néerlandais ne sont pas nés cyclistes. Les voies cyclables et parkings à vélos que nous admirons sont le fruit d’une prise de conscience généralisée remontant à il y a plusieurs décennies. Cette prise de conscience est en cours en France et si nous voulons passer un cap, elle doit s’accompagner d’une politique publique d’investissement dans des infrastructures cyclables dignes de ce nom, pouvant être mises en place bien plus facilement et rapidement qu’un réseau de transport lourd.

Pour déployer les infrastructures liées au vélo dans nos territoires, le Conseil d'orientation des infrastructures a préconisé la mise en place d'un plan vélo de 350 millions d'euros sur quatre ans. La mise en place d'appels à projets réguliers, à l’image de “vélo et territoires”, permettra aux petites communes de se mobiliser et d’obtenir des financements pour leurs nouveaux projets de mobilité.

Faire de la France une nation "vélotaf"

L’avenir passe par un déploiement généralisé du vélo sur le territoire français. Dans un pays où trop de personnes sont contraintes de renoncer à un emploi par manque de solutions de transport, il paraît indispensable d’impliquer les entreprises dans le développement du vélo pour les trajets domicile-travail de leurs collaborateurs. En généralisant l’adoption du Forfait Vélo et de l’Indemnité Kilométrique Vélo par les employeurs privés et publics, ce sont tous les travailleurs qui pourront être indemnisés pour leurs déplacements domicile-travail effectués à vélo. Bien loin des clichés d’une supposée dangerosité du vélo, les employeurs en récolteront également les fruits avec des collaborateurs en meilleure santé et un plus fort pouvoir d’attraction et de fidélisation des talents.

Dans le cadre d’une étude menée auprès de 2000 personnes à Paris-Saclay, 45% des répondants ont déclaré ne pas venir au travail à vélo à cause de la distance à parcourir ou d’un manque de condition physique. Le vélo à assistance électrique, qui permet de parcourir plus de 10 kilomètres sans grand effort, est donc un allié de choix pour convaincre un maximum de monde.

Le changement des mentalités est un travail de longue haleine. Il doit être préparé dès le plus jeune âge via l’apprentissage du vélo à l’école primaire et il se poursuit tout au long de la vie grâce au précieux travail de nombreuses associations qui aident les adultes à se remettre en selle. Il passe également par une mobilisation générale de la part de tous les acteurs publics et privés pour faire du vélo un moyen de transport crédible dans notre société.