Pluie, neige, brouillard... Easymile veut des véhicules autonomes imperméables à la météo

Pluie, neige, brouillard... Easymile veut des véhicules autonomes imperméables à la météo La start-up française dirige un consortium européen qui doit trouver des solutions pour automatiser les opérations logistiques, même par mauvais temps.

Pour que les véhicules autonomes deviennent une réalité technique et commerciale, la priorité est de réussir à se passer des opérateurs de sécurité aujourd'hui présents sur la plupart des tests pour gérer certains imprévus. Mais l'autre grande problématique moins souvent évoquée est celle de la météo : dès que le temps se gâte, les capteurs sont à la peine, obligeant les véhicules autonomes à rester au garage. "Cela reste un des axes d'amélioration pour réussir à passer à l'échelle", reconnaît Benoit Perrin, directeur de la start-up toulousaine EasyMile, qui conçoit des véhicules et technologies de conduite autonome. "Nous avons fait des progrès sur le sujet et travaillons sur des améliorations à court terme. Mais les technologies de capteurs actuelles vont arriver à leurs limites. Pour aller plus loin, nous avons besoin de R&D", poursuit-t-il. 

Pour y arriver, EasyMile a pris la tête d'un consortium financé à hauteur de 20 millions d'euros par l'Union européenne. On y trouve des fabricants de camions et de véhicules logistiques, des organismes de recherche comme le Cerema en France, ainsi que des sociétés de logistique (DHL, DB Schenker...). Et bien sûr des acteurs du véhicule autonome, comme l'équipementier automobile allemand Continental ou les fabricants de capteurs Adasky, Navtech Radar et Foresight. Leur objectif : trouver des solutions pour faire fonctionner correctement les véhicules autonomes dans le brouillard, sous la neige et sous la pluie.

Trouver la bonne combinaison de capteurs

EasyMile cherchera à adapter sa technologie à ces conditions de conduite difficiles en la testant chez différents membres du consortium. Par exemple chez Avinor, l'entreprise publique qui gère les aéroports norvégiens, lieux parfaits pour tester les capacités des véhicules autonomes sous la neige. Il lui faudra aussi travailler avec les fabricants de capteurs afin de trouver les plus adaptés à ces applications. "Les tests de capteurs sont particulièrement onéreux, ce financement européen est donc l'occasion idéale pour s'y atteler", se réjouit Benoît Perrin. "Nous souhaitons aussi travailler sur la performance des prix des capteurs", précise-t-il.

Par ailleurs, une nouvelle vague de capteurs qui promettent d'énormes progrès en termes de prix et de performances est en train d'arriver sur le marché, portée par des sociétés comme le français Outsight ou l'israélien Innoviz. EasyMile a besoin de tester toutes sortes de combinaisons entre ces différents types (radar, lidar, caméra, caméra thermique...) et modèles de capteurs, car ils ont tous leurs avantages et inconvénients et sont plus ou moins susceptibles de fonctionner correctement avec ses propres technologies.

Le périmètre de ces expérimentations est celui du monde de la logistique, en particulier les usines, aéroports et ports afin d'y automatiser les camions et autres engins de transport lourds. Mais les éventuels progrès serviront également les navettes autonomes d'EasyMile, qui fonctionnent avec la même technologie de conduite. Elles devront elles aussi pouvoir rouler par mauvais temps pour devenir des moyens de transport fiables.

Alors qu'aux Etats-Unis, la R&D dans les camions se porte plutôt sur l'autoroute avec comme projet de remplacer les routiers par des machines, EasyMile préfère se concentrer sur les applications industrielles. "Pour lancer un camion autonome de plusieurs dizaines de tonnes à pleine vitesse sur autoroute, bon courage...", ironise Benoît Perrin. Il estime que ces technologies mettront beaucoup plus de temps à être sûres que les applications sur lesquelles il travaille, où les véhicules évoluent à plus basse vitesse et dans des environnements fermés moins régulés. Ce projet européen doit démarrer début 2021 et durer trois ans. Rendez-vous en 2024 pour savoir si les véhicules autonomes sont devenus tout-terrain.