Libéré de Renault, Marcel retrouve de l'ambition

Libéré de Renault, Marcel retrouve de l'ambition La plateforme française de VTC a changé de propriétaire l'année dernière et bénéficie de nouveaux investissements pour s'étendre en France et atteindre la rentabilité.

Marcel ressort de l'ombre. La plateforme française de VTC, acquise par Renault en 2017 (via sa filiale RCI), était en train de mourir à petit feu face au manque d'ambition et d'investissement de son propriétaire. Mais Marcel a changé de mains fin 2020, passant sous le contrôle d'Ascom Invest, la holding du président de By My Car, un concessionnaire automobile en ligne. En plus de ce rachat, By My Car a réalisé un investissement d'un montant non communiqué dans Marcel, ce qui permet à l'entreprise d'enfin quitter sa zone de confort francilienne pour s'étendre dans le reste de la France, comme l'ont fait la plupart de ses concurrents. Elle s'est lancée à Lyon et Nice fin mai et prévoit des lancements dans d'autres villes d'ici la fin de l'année. "La baisse d'activité durant le covid nous a permis de repenser notre stratégie, toujours dans une optique d'atteindre la rentabilité. Nous sommes persuadés qu'il y a des parts de marché à récupérer hors d'Ile-de-France", explique Audrey Goudin, directrice générale de Marcel. 

Ces nouveaux investissements se sont accompagnés d'une restructuration de l'entreprise, avec une politique de rationalisation des dépenses, déjà entamée à l'époque ou Renault était encore aux manettes. Elle s'est notamment traduite par une réduction des effectifs, descendus à une trentaine d'employés via des départs non remplacés mais aucun licenciement, assure Marcel. L'entreprise n'a pas souhaité préciser l'ampleur de cette réduction, mais son site mentionne encore une équipe de 70 employés. Consciente que le gros de sa croissance est désormais derrière elle, l'entreprise cherche à présent à devenir rentable et a cessé de subventionner sa croissance à coups d'incitations financières pour les chauffeurs et les clients, comme elle a pu le faire par le passé. "L'idée est des retrouver ce plateau d'activité que nous avions atteint avant le covid tout en devant rentable", résume Audrey Goudin. 

Un tiers de véhicules électriques

En rejoignant By My Car, Marcel vient s'intégrer à sa stratégie d'acquisitions et de synergies, qui vise à accompagner les automobilistes dans tous leurs besoins automobiles, qu'il s'agisse d'achats ou de services. By My Car a également fait l'acquisition de l'auto-école en ligne En voiture Simone début juillet 2021. Le concessionnaire en ligne permet à Marcel de proposer des prix à ses chauffeurs pour l'achat de leurs véhicules. Une synergie qui pourrait s'avérer particulièrement intéressante ces prochaines années, car les chauffeurs VTC vont devoir s'équiper de véhicules électriques, alors que plusieurs grandes villes françaises dont Paris se préparent à interdire les véhicules diesel vers 2024. Un point sur lequel Marcel dispose d'ailleurs d'une certaine avance sur ses concurrents, grâce aux synergies développées avec Renault, qui souhaitait mettre en avant ses Zoé électriques. Un tiers des chauffeurs Marcel roulent en véhicule électrique, contre 17% chez Uber. 

Mais pour réaliser ses ambitions, Marcel devra attendre la fin de la pandémie de covid, dont la France semble encore loin d'être débarrassée malgré l'arrivée des vaccins. Car l'entreprise, qui réalise 50% de son chiffre d'affaires en B2B, souffre énormément de l'arrêt des voyages d'affaires et de l'événementiel d'entreprise, qui ont fait chuter les dépenses de ses 1300 entreprises clientes. En temps normal, Marcel réussit à attirer des chauffeurs en leur promettant une meilleure rémunération qu'ailleurs notamment avec des minimums de courses à 12 euros et une certaine prévisibilité dans leur activité avec une majorité de courses réservées à l'avance. Mais en ce moment, l'entreprise dit souffrir des incitations financières déployées par Uber, Bolt et Freenow auprès des chauffeurs et clients afin de relancer l'activité, et qu'elle n'a pas les moyens de suivre. En juin, son chiffre d'affaires demeure en baisse de 30% par rapport à avant le covid.