Marc Feuillée (Groupe Figaro) "Le résultat opérationnel du groupe Figaro est en croissance de 30% en 2024"
Le directeur général du Groupe Figaro, Marc Feuillée, dresse son bilan pour l'année écoulée, qualifiée de "très bonne", mais prévoit déjà une année 2025 sous le signe de la prudence et de la réduction des coûts.
JDN. Le groupe Figaro annonce avoir bouclé 2024 avec des recettes en hausse et un résultat opérationnel en croissance de 30%. Comment qualifiez-vous ces résultats ?

Marc Feuillée. 2024 a été une bonne année pour le groupe Figaro. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 579 millions d'euros, en progression de 4,3%, et un résultat opérationnel de 27 millions d'euros, en croissance de 30% comparé à 2023 en effet. Un résultat positif alors que nous investissons toujours dans Le Figaro TV. Notre chaîne de télévision, lancée en septembre 2023, a commencé à opérer en année pleine en 2024 et nous espérons amortir ses coûts de lancement sur trois ans.
Sur l'ensemble des activités éditoriales du groupe, le digital est fortement bénéficiaire tout comme les magazines. Le pôle Figaro (print, figaro.fr, ses magazines et hors-séries) est également bénéficiaire. Seule la version imprimée du quotidien a été déficitaire en 2024.
Quel est le poids du digital aujourd'hui dans vos recettes ?
Le digital génère 60% du chiffre d'affaires du groupe. Cette proportion passe à 50% pour le quotidien Le Figaro, dont les revenus sont générés à 60% par les abonnés et à 40% par la publicité. A la fin 2024, Le Figaro comptait 295 000 abonnés numériques soit une progression de 8% comparé à 2023. Au total, en incluant les formules hybrides (imprimé et digital), nous sommes à plus de 400 000 abonnés. Chez CCM Benchmark (éditeur du JDN), le digital et la publicité assurent 100% des recettes. 2024 a été une belle année pour CCM Benchmark, avec des recettes et des audiences en progression et une rentabilité excellente, de 20%.
Notre force vient de notre culture de diversification. Le groupe Figaro s'est beaucoup diversifié afin que la digitalisation lui apporte une source variée de revenus. Par ailleurs, ses différentes activités sont certes autonomes mais en forte synergie. C'est comme cela que nous répondons au mieux aux défis de notre métier : la base de notre stratégie consiste à nous adresser au plus grand nombre, générer des audiences qualifiées et les monétiser de différentes façons.
Et du point de vue des audiences justement, quel est votre bilan 2024 ?
2024 a été une année exceptionnelle du point de vue des audiences du groupe. Pour Le Figaro, il s'agit d'une année record historique avec 212 millions de visites mensuelles en moyenne (ACPM), une évolution expliquée en partie par une actualité très forte. Le nombre de visiteurs uniques quotidiens de la marque en France est passé à 3,4 millions, contre 2,8 millions auparavant (Médiamétrie). Sur le classement news de Médiamétrie, nous avons été en tête 7 fois sur 12 en 2024.
"2024 a été une année exceptionnelle du point de vue des audiences du groupe."
Les résultats sont également excellents sur Discover pour Linternaute, Le Journal des Femmes et le Journal du Net. Au total, les audiences de CCM Benchmark ont progressé de 15% en 2024. La Chaîne Météo a, elle aussi, vu ses audiences progresser. Au niveau du groupe, nous sommes à 34 millions de visiteurs uniques en moyenne, soit +3% comparé à 2023 (Médiamétrie). La performance est positive dans toutes les rédactions.
Comment expliquez-vous ces progressions ?
L'influence d'une actualité forte mais également le travail formidable de nos équipes, qui savent s'adapter et maîtriser les changements de formats et d'algorithmes. Je pense notamment à Discover sur Google, dont personne ne parlait il y a encore moins de cinq ans. Notre groupe prouve qu'il dispose d'une vraie capacité à s'adapter à son univers de concurrence, aux challenges propres à chaque canal, entre les applications, le web et les réseaux sociaux, à la montée en puissance de l'audiovisuel et aux défis d'un marché publicitaire préempté à 80% par quelques acteurs.
Le Figaro TV justement : où en êtes-vous ?
Nous avons enregistré de très belles croissances d'audience : le Médiamat nous a crédités de 1,843 million de spectateurs uniques mensuels sur septembre/octobre, une progression de 300% comparé à la même période en 2023, avec une durée d'écoute individuelle (DEI) d'une quarantaine de minutes selon Médiamétrie, ce qui est très encourageant.
En 2025, nous allons continuer de renforcer la distribution de notre chaîne, qui est déjà présente chez Molotov, TF1+, myCanal, Samsung TV et LG, ainsi que chez tous les opérateurs télécom avec un signal national. Le Figaro TV est aussi accessible directement sur notre site et notre application. Courant mars nous lancerons deux applications Le Figaro TV dédiées, sur iOS et Android.
Quelle nouvelle dynamique, y compris financière, le titre Gala, qui vous a rejoint en novembre 2023, apporte-t-il au groupe ?
2024, c'était l'année de l'intégration de Gala, et notamment à notre CMS. Gala Paris, magazine quotidien sur les Jeux olympiques, a été un énorme succès. Nous avons continué de développer le titre sur les réseaux sociaux, où il est le plus puissant parmi tous nos titres. Gala va bientôt atteindre 15 millions de followers sur TikTok, avec une progression très forte depuis un an, une réussite très inspirante pour toutes nos marques.
"Notre chiffre d'affaires sur les réseaux sociaux a progressé de 20% en 2024"
Sur l'ensemble du groupe, toutes marques comprises, nous sommes à 38 millions de followers sur les réseaux sociaux. Notre ambition est de continuer à progresser sur les réseaux sociaux cette année : il nous faut être là où se trouvent nos lecteurs, partout et à tous leurs moments. A noter que notre chiffre d'affaires sur les réseaux sociaux a progressé de 20% en 2024, notamment grâce aux opérations spéciales réalisées par 14H.
Pensez-vous que 2025 sera aussi positive que 2024 ?
Le contexte est beaucoup plus compliqué. La fin de l'année 2024 nous a donné le ton : elle n'a pas été facile, avec un marché publicitaire décéléré et une conjoncture dégradée en France. Nous sommes par conséquent très prudents vis-à-vis du premier semestre 2025 : le marché publicitaire s'annonce en retrait et les conditions de monétisation restent très contraintes sur le digital, avec la domination des plateformes, les changements d'algorithme souvent nocifs pour les médias et des CPM bas.
Nous devrons nous adapter. Nous continuerons de travailler sur nos marques, nos audiences, nos réseaux sociaux, sur l'excellence publicitaire et sur une bonne distribution de notre chaine Le Figaro TV. Mais il nous faudra aussi serrer nos coûts, dont notamment les dépenses sur la version imprimée du quotidien. C'est pour cela que nous réalisons un plan de 30 départs sur Le Figaro, essentiellement les personnes travaillant sur les chaînes de l'édition imprimée du quotidien (impression, logistique, distribution).