Comment Chantelle affiche l'impact environnemental de ses produits avant que l'UE le lui impose

Comment Chantelle affiche l'impact environnemental de ses produits avant que l'UE le lui impose La marque française de lingerie anticipe la réglementation européenne et affiche l'impact environnemental de ses collections sur l'ensemble de ses sites.

Depuis la fin du mois de septembre 2023, les produits des sites e-commerce de la marque de lingerie Chantelle ont une note environnementale calculée selon la méthode PEF (Product Environmental Footprint) recommandée par l'Union Européenne. En association avec la start-up Glimpact, le groupe Chantelle anticipe la réglementation européenne qui obligera les professionnels du textile à indiquer aux consommateurs l'impact environnemental de leurs produits. Depuis la rentrée, la commission, le conseil et le parlement discutent pour adopter une version commune du règlement.

"Nous devions calculer l'impact environnemental de nos produits à l'occasion du lancement de notre gamme Chantelle One en février 2021, retrace Grégory Darcy, le directeur RSE du groupe aux 330 millions de chiffre d'affaires. Nous voulions une collection plus éco-responsable, mais pour en être sûr, il fallait mesurer son impact." Alors que la France étudie d'autres options de calcul du score environnemental, il était important pour la griffe de lingerie, dont 60 % des ventes se font à l'international (Etats-Unis, Europe, Moyen Orient, Asie et enfin Australie), de choisir une méthode applicable à tous les pays européens. 

Six mois de récupération de données

La méthode PEF prend en compte 16 catégories d'impact, allant des matières premières à la durée de vie du produit en passant par les processus industriels utilisés. "Les matières premières et le processus industriel sont responsables de 95% de l'impact environnemental d'un produit", affirme Christophe Girardier, président de Glimpact. Pour fournir ces informations, un salarié de la DSI accompagné d'un membre de l'équipe qualité a travaillé sur le projet à plein temps pendant six mois. Le groupe, étant également industriel, produit 75% de ses 4 500 références. "Le but était de rationaliser l'ensemble des données enregistrées dans nos bases de données, détaille Grégory Darcy. La deuxième étape de développement des template pour rentrer les informations avec les équipes de Glimpact et les tests avec la DSI a également duré six mois". Certaines données comme la méthode de tissage utilisée ou le mix énergétique des usines de production peuvent être plus complexes à récupérer. "Si la marque n'est pas en capacité de fournir une information, par défaut, nous choisissons l'option la plus impactante parmi les données globales", confie Christophe Girardier.

400 références testées

"Une fois les 16 catégories d'impact renseignées, nous calculons une note d'impact pour chaque produit et indiquons le détail des sources d'impact les plus importantes, précise le président de Glimpact. Ainsi, la marque détient les leviers d'amélioration de son impact, en changeant la provenance du polyamide utilisé ou de partenaire industriel par exemple." Après un an de travail, Chantelle a testé la note d'impact sur 400 références de la collection Automne Hiver 2022. Conclusion : quatre catégories (les émissions de particules fines liées à la combustion, les émissions de gaz à effet de serre (GES), l'acidification et la consommation d'énergies non renouvelables) constituent 80 % de l'impact environnemental des articles de lingerie Chantelle. "Pour minimiser l'impact de ces catégories, il faut que nous jouions sur l'origine de la fibre, les processus tissage/tricotage/teinture de nos fournisseurs et le type de transport des marchandises utilisé", énumère le directeur RSE de Chantelle.

© Glimpact

A la suite des premiers résultats, la marque a étendu le calcul aux autres collections et s'est engagée à réduire d'au moins 42% ses GES d'ici 2030. Dans cet objectif, 50 % de matériaux à impact réduit (fibre recyclée, d'origine biologique ou éco labellisée) seront intégrés aux articles. "Pour le transport des matières jusqu'à nos usines, nous allons augmenter la part de maritime pour passer de 5% en 2019 à 75% d'ici 2029, ajoute Grégory Darcy. Le changement le plus long à mettre en œuvre est l'accompagnement de nos fournisseurs pour faire évoluer leur mix énergétique". Le groupe a transmis à ses partenaires les conclusions de Glimpact sur l'impact de leur activité pour les intégrer à sa démarche environnementale.

Un coût de 10 000 euros par an

La note d'impact environnemental des articles Chantelle est disponible sur ses sites e-commerce, dont provenaient 15% des ventes en 2022. Une fois la technologie mise en place, la licence de Glimpact coûte un peu moins de trois euros par référence, soit entre 9 000 et 11 000 euros par an pour Chantelle. "Le score environnemental est recalculé chaque année, ajoute Christophe Girardier. Le prix dépend beaucoup de la taille de l'entreprise. Le prix d'entrée débute à 5 000 euros par an et peut monter jusqu'à 300 000 euros pour les entreprises transnationales comme Lacoste".

Pour être compréhensible par le consommateur, le score est exprimé avec une note d'empreinte globale, une note par jours portés et avec une équivalence en GES et en consommation d'un foyer en électricité. Un soutien-gorge à armatures et en dentelle de la collection Orchirds de Chantelle représente une empreinte environnementale globale de 245 points, soit 0,42 jour de consommation électrique d'un ménage, 6,10 points par jour porté et 2,1 kilos de CO2. "Il est encore trop tôt à ce stade pour voir l'impact que pourrait avoir cette note environnementale sur nos clientes et les ventes, déclare Grégory Darcy. Aujourd'hui encore, 60% de l'acte d'achat est dirigé par le style et le prix. Notre ambition est que cet affichage devienne un outil de comparaison entre les produits et entre les marques."