Agroalimentaire : se digitaliser pour continuer d'exister

Secteur éminemment stratégique, l'agroalimentaire doit aujourd'hui faire face à de nombreux enjeux et contraintes qui obligent les marques à se distinguer pour exister.

Entre les attentes des consommateurs et distributeurs, une règlementation toujours plus forte, sans oublier la crainte d’un monde marqué par la pénurie, la digitalisation est véritablement incontournable.

Les marques sur tous les fronts

S’il existe un secteur qui est sujet à une pression immense quelles que soient les époques, il s’agit bien de l’agroalimentaire. Nourrir une société n’est pas une mince affaire et il est normal que ce secteur soit scruté de près. Une tendance qui s’est largement renforcée ces dernières décennies en raison notamment de l’émergence de nouvelles règlementations sur la consommation axées principalement autour de la transparence. Tant sur le plan légal, avec des exigences de composition plus détaillées et précises, que sur celui de la sensibilisation des consommateurs qui surveillent attentivement la rémunération des producteurs, le niveau d'informations requis n'a jamais été aussi élevé. Plus méfiants et surtout, très renseignés, les consommateurs veulent en effet plus d’informations de qualité autour des produits qu’ils mettent dans leurs assiettes et cette demande n’est pas sans conséquence sur les process des industriels.

Cette exigence se manifeste également dans la relation avec les distributeurs, lesquels requiert un cahier des charges de plus en plus détaillé à leurs fournisseurs. Là encore, la règlementation évolue et devient plus coercitive. Cependant, c’est la digitalisation des processus de vente qui est le point de bascule pour les acteurs de l’agroalimentaire. Au-delà d’une dématérialisation forcée, les marques doivent présenter leurs produits de façon plus complète en incluant davantage d’assets digitaux (photos, vidéos) pour chaque référence de leur catalogue. Et tout cela se déroule dans un secteur extrêmement concurrentiel.

Au-delà des enjeux propres à l’agroalimentaire, le contexte mondial n’est pas pour faciliter la tâche des marques. Entre les conflits majeurs, la crise climatique et celle touchant le secteur de l’énergie, nous avançons dans un contexte de pénurie. La hausse des prix des matières premières peut avoir de lourdes conséquences pour le business des marques et leur pérennité. Jongler avec cette multitude de défis demande une grande flexibilité et une gestion au cordeau des postes clés.

Digitalisation : des chantiers à prioriser

Pour l’agroalimentaire, il n’y aucune solution miracle pour relever l’ensemble de ces défis si ce n’est la digitalisation progressive de ses process. En modernisant ses outils de gestion, l'entreprise peut améliorer le contrôle de ses marges résultantes notamment des coûts d'approvisionnement et de production et du prix réellement payé par les distributeurs, le "triple net". Enjeu absolu, puisqu’il est crucial de trouver un équilibre adéquat avec les partenaires distributeurs et fournisseurs pour garantir des marges optimales. Cette priorité influence en partie les investissements requis pour la digitalisation, créant ainsi un cercle vertueux d'amélioration continue.

Les marques ont tout intérêt à placer la traçabilité des produits en haut de leur liste. Aussi bien essentielle pour les distributeurs que pour les consommateurs, elle nécessite un travail colossal pour garantir une qualité et une cohérence identique du point d’entrée jusqu’au point de sortie. Une solution digitale adaptée est ici incontournable pour suivre précisément les milliers de références d’une marque ainsi que l’ensemble des lots consommés dans la fabrication des produits finis. Pouvoir monitorer la traçabilité de ses produits en temps réel est également précieux en cas de contrôle inopiné de la production. Et il est bien entendu incontournable de pouvoir disposer à tout moment des moyens permettant le rappel de lots en cas d’incident.

A cela s’ajoute un réel besoin de diversifier ses canaux de communication et de vente en raison notamment de l’émergence de l’e-commerce dans les habitudes d’achat. La multiplication des informations produits à faire figurer sur les sites de vente en ligne sert bien évidemment un objectif commercial mais pas uniquement. Investir ces canaux digitaux permet également une meilleure gestion des commandes avec les distributeurs en facilitant l’accès au catalogue des produits. Une plus grande fluidité qui améliore au passage le time to market des marques.

Ne pas sous-estimer la conduite du changement

On n’aura de cesse de le répéter, chaque transformation d’ampleur s’accompagne nécessairement d’une conduite du changement adaptée à la structure de l’entreprise. Laquelle n’empêche pas des blocages internes parfois inévitables. Dans le cas de l’agroalimentaire, l’évidence de la technologie pour les dirigeants n’est pas perçue de la même façon par les collaborateurs. On ne peut justifier la transition digitale par le seul biais de la technologie. Il faut accompagner les équipes et prendre en considération les évolutions concernant leur périmètre d’activité.

Il est donc impératif pour les industriels de l’agroalimentaire de renforcer leur maturité digitale dès maintenant. Cette démarche essentielle s'aligne parfaitement avec la tendance croissante de dématérialisation dans le secteur agroalimentaire, illustrée par l'émergence de plateformes IoT permettant un contrôle de la production et des processus de manière plus précise. Il revient aux marques de saisir cette opportunité pour ne pas subir la concurrence d’acteurs, souvent plus modestes, mais parfois mieux armés pour suivre l’évolution technologique.