Rachat de Kikikickz, IA et partenariats : Wethenew presse le pas

Rachat de Kikikickz, IA et partenariats : Wethenew presse le pas Alors que la marketplace de revente de baskets vient de racheter son principal concurrent français et peaufine son modèle commercial, elle développe sa technologie pour supporter sa croissance.

Le marché européen de la basket s'essouffle, mais le français Wethenew se montre endurant. Impactée par l'offre excédentaire de certains modèles et par la difficulté à lever des fonds, plusieurs plateformes de revente de sneakers, comme le néerlandais Restocks ou le français Kikikickz, ont mis la clé sous la porte fin 2023. L'occasion pour Wethenew de changer d'échelle : la marketplace annonce ce 23 avril le rachat des actifs incorporels de Kikikickz. En intégrant les clients, les réseaux sociaux et les vendeurs de son concurrent aux 20 millions de CA, la société compte faire grandir sa base clients de 30 à 40% selon Michael Holzmann, son co-CEO. Une annonce qui confirme les ambitions de la société qui levait 20 millions d'euros en 2023, après avoir atteint les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 (80 millions en 2023).  

Un sourcing automatisé

Pour nourrir sa croissance, Wethenew travaille aussi sa base vendeurs. Alors que l'offre de la plateforme reposait jusqu'en 2023 sur son réseau de 100 000 revendeurs européens, depuis le début de l'année la société noue des partenariats directement avec les marques et distributeurs. "Cela nous permet d'avoir une gamme de produits de plus en plus large, mais aussi d'être plus compétitif en termes de prix", développe Michael Holzmann. Mais pour supporter ces volumes, Wethenew doit mettre sa technologie au niveau.

Depuis novembre 2021, les vendeurs peuvent se connecter au "Seller Space" de Wethenew pour poster une annonce. En réponse, l'équipe d'acheteurs de la marketplace envoie manuellement une offre en fonction de la désirabilité de la paire de chaussures. "Aujourd'hui, nous voulons automatiser ce processus pour élargir encore notre capacité de sourcing aux distributeurs et aux marques", explique David Benhaïm, également co-fondateur et co-CEO de Wethenew. Il y a quelques mois, la marketplace a développé sa propre IA, appelée VictorIA. "L'intelligence artificielle établit une offre de marché la plus cohérente possible et la soumet au vendeur, expose le co-CEO. Elle agrège plusieurs données comme nos grilles de commission, la rareté du produit, le nombre d'annonces sur ce modèle, le prix du dernier achat…"

A ce jour, 25% des produits sont sourcés automatiquement, "l'objectif est d'atteindre 80% d'ici la fin de l'année", affirme David Benhaïm. Le jeune co-fondateur se dit satisfait des taux d'acceptation d'offres et des commissions atteints grâce à l'IA. Une deuxième version de l'outil est déjà en test afin de pouvoir soumettre directement une seconde offre adaptée au vendeur si la première a été rejetée. Pour David Benhaïm, "la prochaine étape est d'utiliser cette base de connaissance pour automatiser le pricing avec l'IA".

Atteindre la rentabilité en 2024

Une stratégie qui sert la promesse faite aux investisseurs : atteindre la rentabilité en 2024. "Nous avons déjà réussi à atteindre la rentabilité sur la fin de l'année 2023, nous sommes sur la bonne voie", se réjouit Michael Holzmann. Pour garantir son succès, la marketplace diversifie légèrement son modèle avec une offre streetwear qui représente entre 5 et 10% du CA mais qui pourrait "monter à 20% dans les prochaines années", selon les souhaits des co-fondateurs. Il arrive également que la plateforme achète du stock aux marques : "Quand les marques nous proposent des produits best-seller, il est tentant de les prendre en stock parce que cela permet des marges beaucoup plus élevées, sourit le co-CEO. Mais la stratégie est de garder un ratio 90% marketplace, 10% achat ferme".

En revanche l'objectif de devenir leader européen du marché avec 60% des ventes réalisées en dehors de la France en 2026 prend du retard. En 2024, 80% du CA de la société est toujours réalisée en France : "Nous réfléchissons encore à comment grandir intelligemment dans le reste de l'Europe", confie Michael Holzmann. Deux options d'internationalisation à moindre coût sont envisageables pour la marketplace. La première est de passer par des corners physiques dans les grands magasins des capitales européennes. "Nos corners en France sont déjà très rentables", argumente le co-CEO. La deuxième consiste à racheter les actifs de concurrents étrangers en liquidation, comme pour Kikikickz. De son côté, le néerlandais Restocks n'a pas trouvé de repreneur…