Dominique Cerruti (Relevant Traffic) "Le référencement naturel adopte une logique de résultats"

Référencement temps réel, prise en compte de la mobilité, des réseaux sociaux... Le directeur général de l'agence de référencement fait le point sur les tendances du marché du SEO.

JDN Solutions. Avez-vous ressenti la crise sur le segment du référencement naturel ?

Dominique Cerruti. Nous l'avons moins ressentie sur le créneau du référencement payant, qui est synonyme de résultats immédiats, que sur le référencement naturel. Avec la crise, les entreprises ont en effet souhaité repousser leur décision d'investir sur ce type de prestations de conseil qui s'inscrit dans un investissement à plus long terme. Le premier semestre 2009 a donc été assez calme pour nous sur le SEO. En septembre, le ciel a commencé à se dégager, et les entreprises ont débloqué des budgets. L'activité est donc repartie sur la seconde partie de l'année, et la tendance se poursuit sur 2010. 

Pour faciliter l'engagement des clients, nous proposons de plus en plus des contrats en référencement naturel avec une logique de résultats. Cette démarche passe par la définition d'indicateurs comme la croissance du trafic, le taux de conversion, le nombre de pages vues sur les parties les plus importantes d'un site... Des bonus sont associés à l'atteinte de ces objectifs.

Qu'en est-il des nouvelles tendances du SEO, le recours aux réseaux sociaux, le référencement temps réel...

Le SMO [NDLR Social Media Optimisation] demeure un grand mot. Nous sommes présents sur ce segment principalement par le biais d'une offre de référencement payant qui répond à des besoins de communication immédiate, en termes de marque, de notoriété ou de trafic. Mais nous travaillons également à la définition d'une offre globale dans ce domaine, incluant le SEO. Sur ce point, on reste encore un peu ancienne école. Notre offre de SEO est centrée sur le site Web, avec une prestation d'audit sur la conception du site existant, puis un travail d'optimisation des pages et la définition d'une politique de contenu.

Concernant le référencement temps réel, nous suivons avec beaucoup d'attention les accords conclus entre Google et les réseaux sociaux, Twitter notamment. Est-ce que ces nouveaux services s'inscrivent dans un effet de mode ou pas ? Difficile à dire pour le moment. Nous attendons de voir comment cette tenance va évoluer. Et ce même si nous recommandons déjà à certains sites qui ont des besoins de communication immédiate, comme c'est le cas dans la mode ou l'e-commerce, de s'intéresser de près à cette nouvelle tendance.

"Bing est à mi-chemin entre un moteur de recherche et un portail type Yahoo"

Et sur le référencement mobile ? 

L'optimisation de sites conçus pour les terminaux mobiles n'est pas vraiment une tendance lourde. En général nous sommes amenés plutôt à travailler sur des sites Web classiques en prenant en compte dans le projet des critères liés à leur référencement mobile. Il s'agit notamment de conseil portant sur le poids des pages, et surtout du référencement géolocalisé. Sur ce second point, il s'agit de s'assurer qu'une page Web en .fr présentant un contenu en langue française repose bien sur un serveur Web localisé en France avec une adresse IP française. Si ces éléments ne sont pas cohérents entre eux, le référencement n'est pas optimisé.

Les sites multilingues ont des problématiques de référencement complexes. Dans ce domaine, nous avons notamment accompagné Larousse dont les dictionnaires de traduction en ligne présentent plusieurs langues sur la même page. La question est alors de savoir comment satisfaire un internaute anglais qui recherche une traduction en français, et vice versa.

La version finale de Bing n'est pas encore disponible en France. Vous préparez-vous à son lancement sur la zone .fr ?

Nous nous y préparons. Nous sommes en contact avec la régie publicitaire Microsoft Advertising, et étudions de près les évolutions de Bing dont la version finale est déjà disponible aux Etats-Unis et en Grande Bretagne.

Nous observons une grande différence de positionnement avec Google. Alors que Google propose un moteur de recherche reposant sur la pertinence des sites, Bing entend se placer beaucoup plus comme un intermédiaire orienté conversion et vente. Pour preuve, il propose des comparatifs de produits ou de billets d'avion. Il reprend également le contenu des sites, avec pour objectif d'éviter à l'internaute d'avoir à ouvrir une page Web. Bing est à mi-chemin entre un moteur de recherche et un portail type Yahoo.

Que pensez-vous de l'accord signé entre Microsoft et Yahoo ?

Il avait été annoncé que le noyau de Bing deviendrait celui de Yahoo. Pour l'instant, aucun changement n'a été opéré de ce point de vue. Il semble néanmoins qu'un partage ait été réalisé par les deux acteurs entre les comptes clients en matière de référencement commercial. Mais si Microsoft et Yahoo parviennent à aller jusqu'au bout de leur logique, et proposer quelque chose qui tienne la route, ils pourraient alors concurrencer Google. 

Pour l'heure, Google reste le leader. Deux grandes menaces planent néanmoins sur lui. En premier lieu, Facebook qui est en train de créer un univers multi-services dans lequel l'internaute peut quasiment tout faire. Il propose des moyens pour rechercher, communiquer, publier et échanger des contenus de tout type. Ne manque plus que la fonction d'e-commerce. L'internaute n'aura bientôt plus besoin de sortir de Facebook.

L'autre grande menace pour Google réside dans son caractère quasi-monopolistique, ses techniques de ciblage comportemental qui peuvent être considérées comme intrusives, mais aussi les questions qu'il pose en termes de droit d'auteur. Tous ces éléments peuvent être considérés comme néfastes par les états, et pourraient les inciter à s'opposer à ce moteur.

Dominique Cerruti est directeur général de Relevant Traffic