Dijon devient smart pour 100 millions d'euros
L'agglomération boucle un appel d'offres tout-en-un pour s'équiper dès cette année des composantes majeures de la ville intelligente et d'un centre connecté de gestion centralisée.
Entre 100 et 150 millions d'euros. C'est l'enveloppe que réserve le Grand Dijon au lauréat de son appel d'offres smart city, qui s'est achevé le 1er mars dernier. A la clé, un contrat sur 12 ans pour la conception, la réalisation, l'exploitation et la maintenance d'un centre de gestion à distance de l'espace public et de différents équipements urbains connectés : "Nous officialiserons notre choix d'ici mai ou juin prochain. Quatre dossiers ont été déposés par des consortiums menés par Bouygues, Eiffage, Engie et Vinci", révèle Denis Hameau, conseiller communautaire du Grand Dijon et conseiller municipal de la ville de Dijon.
"Quatre dossiers ont été déposés par des consortiums menés par Bouygues, Eiffage, Engie et Vinci"
A l'origine de ce projet, un constat : "Plusieurs contrats, tel que l'éclairage public, arrivaient à échéance à peu près en même temps. Notre volonté, présentée lors de la première consultation en août 2015, est de désiloter nos six postes de contrôles et de créer une synergie entre tous les services", explique-t-il. L'objectif de Dijon est donc de réunir le PC sécurité, le centre de la police municipale, le centre de supervision urbaine, le PC circulation, le service d'e-administration Allô Mairie et le PC neige en un seul et même poste de commandement connecté rassemblant toutes les data récupérées, notamment par les futurs capteurs, qui restent pour la plupart à installer.
L'agglomération de la Côte-d'Or n'a pour autant pas attendu pour s'équiper de premières solutions intelligentes. Suez y a par exemple développé un système d'alerte connecté au compteur d'eau des personnes âgées volontaires, pour prévenir leurs proches ou les secours si elles n'ont pas ouvert leur robinet depuis longtemps (ce qui peut être synonyme de malaise ou de chute). Keolis, qui a emporté en décembre dernier l'appel d'offres pour les transports publics, a mis en place des feux de signalisation connectés qui donnent la priorité aux bus. "107 de nos 168 carrefours à feu sont déjà équipés. Cela garantit une fréquence de passage plus soutenue et donc un haut niveau de service qui devrait susciter une plus grande adhésion des habitants aux transports collectifs", précise Denis Hameau.
"Notre volonté est de désiloter nos six postes de contrôles et de créer une synergie entre tous les services"
Et ce n'est pas tout. La collectivité géolocalise déjà 400 véhicules de fonction et a équipé son centre-ville de 36 bornes pilotables à distance pour protéger certaines zones de son centre-ville classé à l'Unesco d'un afflux massifs de voitures, et ne laisser entrer que les véhicules de livraison. Elle a aussi participé à la création de Mobigo, la plateforme départementale de calcul d'itinéraires multimodaux, vouée à être améliorée par le vainqueur de l'appel d'offres smart city.
La métropole du Grand Dijon s'est fixé juin 2018 comme horizon pour faire sortir de terre son poste de commandement centralisé. Elle attend aussi du projet sélectionné le développement d'une collecte intelligente des déchets, la possibilité pour les secours de prendre la main à distance sur les feux de signalisation et de réduire la fracture numérique, notamment. "Nous avons fait un benchmark complet des smart cities françaises. Lyon a par exemple beaucoup travaillé sur les nouvelles mobilités et le bâtiment intelligent. Grenoble et Paris se sont quant à elles concentrées sur la gouvernance intelligente et l'innovation ouverte. Ce sont des focus très précis. De notre côté, nous nous avons une vision plus large que nous n'avons pour l'instant pas retrouvé ailleurs dans l'Hexagone", affirme le conseiller municipal.
"Plusieurs dizaines de millions d'euros d'économies seront réalisées, ce qui pourra aussi financer d'autres investissements"
Côté budget, Denis Hameau estime que la centaine de millions d'euros allouée au projet sera rapidement rentabilisée : "Si l'on ne fait rien elle sera de toute façon dépensée, voire même plus. 50% de cette somme correspond par exemple à l'éclairage public, soit 37 000 luminaires. Et nous pouvons espérer 50% d'économie sur la facture d'électricité grâce aux lampadaires connectés. Au total, plusieurs dizaines de millions d'euros d'économies seront réalisées, ce qui pourra aussi financer d'autres investissements."
L'élu s'attend également à de larges retombées indirectes. "Les équipements intelligents seront une importante source de données qui intéresseront les développeurs et qui créeront ainsi une nouvelle attractivité pour l'agglomération."