Pour transformer sa mobilité, Montpellier se barde de capteurs

Pour transformer sa mobilité, Montpellier se barde de capteurs Grâce à son propre réseau IoT, la métropole de Montpellier peut mettre en œuvre son projet de politique publique de gratuité des transports, par l'analyse de la fréquentation et la mesure de la pollution liée aux véhicules.

A partir du 21 décembre 2023 à 19 heures, Montpellier assurera la gratuité des transports publics pour ses quelque 500 000 habitants. Pour concrétiser cette politique publique, la métropole a placé l'IoT au cœur de sa stratégie. "Nous avons supprimé la billettique, qui était basée sur une validation manuelle volontaire des usagers et représentait un investissement conséquent de deux millions d'euros par an. Pour avoir des données plus fiables sur la fréquentation, qui nous permettent de calibrer le nombre de rames à injecter dans le réseau, à quel endroit et à quel horaire, nous nous baserons sur l'IoT", explique Julie Frêche, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole déléguée au Transport et aux Mobilités actives et conseillère municipale de la ville, lors de l'événement Cap'IoT de l'éditeur Synox, auquel le JDN a participé. Les personnes non résidentes à Montpellier devront quant à elle acheter un titre de transport dématérialisé en ligne pour se déplacer.

"80% des véhicules stationnent bien pour une durée inférieure à 30 minutes"

Des caméras connectées évalueront notamment les flux de passagers entrants et sortants des rames de tramway. De même, ces caméras devront identifier les points d'arrêt qu'effectuent les usagers dans le cadre du covoiturage. La métropole mise également sur les données de l'IoT pour appréhender le partage de l'espace public, entre piétons, cyclistes et bus, notamment à des fins de sécurité afin de corriger les angles morts des bus par des cellules embarquées. Une cinquantaine de capteurs servent à optimiser le tracé des pistes cyclables. Concernant le stationnement, près de 500 capteurs équipent les places PMR et les places de livraison de courte durée afin d'envoyer un agent en cas d'abus. "Le résultat est positif car 80% des véhicules stationnent bien pour une durée inférieure à 30 minutes", observe Robert Giliotti, directeur du stationnement et des nouvelles mobilités chez les Transports de l'agglomération de Montpellier (TaM).

"Le gros problème que nous rencontrons en mobilité est le fait que Google Maps, utilisé par les usagers, n'arrive pas à s'adapter aux travaux de voirie que nous effectuons. L'application induit en erreur les utilisateurs et désorganise les villes. J'ai échangé avec la responsable de Google Numérique, elle reçoit 400 millions de demandes de modification par jour dans le monde, donc l'application ne peut pas à suivre", déplore Julie Frêche.

75 000 IoT à venir

Le deuxième gros sujet actuel de la Métropole avec l'IoT concerne la mesure de la qualité de l'air. Des capteurs ont été déployés avec l'Observatoire Atmo. "Les zones à faible émissions (ZFE) sont très polémiques car elles représentent une entrave à la liberté individuelle de se déplacer en véhicule. Il nous faut prouver leur efficacité, notamment près des écoles pour protéger les enfants. Et c'est l'IoT qui va nous fournir les données permettant d'objectiver leur mise en place", souligne Julie Frêche.

"Nous avons déployé 30 antennes pour notre réseau LoRaWAN, qui doit encore être étoffé"

Pour mener ces projets, la Métropole de Montpellier s'appuie sur sa propre architecture IoT. Ses premiers projets smart city ont débuté en 2010 et depuis, l'infrastructure ne cesse de se renforcer. "Nous avons déployé 30 antennes pour notre réseau LoRaWAN, qui doit encore être étoffé. Les capteurs remontent leurs données sur la plateforme IoT de l'éditeur Synox, qui centralise tous nos projets. Aujourd'hui, nous avons 6 000 objets connectés. Avec la prochaine feuille de route, nous en prévoyons 75 000", indique Pierre Brice, responsable Stratégie Numérique et Sécurité du SI de la Métropole. Une nouvelle équipe smart city est par ailleurs en cours de structuration pour porter ces projets. "C'est l'usage qui compte. Nous n'avons pas de budget dédié à l'IoT, ce dernier est alloué à un projet de politique publique", précise Julie Frêche.

La prochaine étape liée à l'IoT sera l'expérimentation de projets en faveur d'économies d'énergie. La métropole travaille avec un bailleur social sur une résidence de plusieurs centaines d'habitants afin de déployer des compteurs d'eau et de les associer aux compteurs communicants Gazpar et Linky afin d'évaluer les consommations et de réaliser un pilotage métropolitain avec l'instauration de tarifs évolutifs.