Avec Witbe, la volonté de créer un leader mondial... depuis la France

C'est en 1998 que la revente d'Oléane à France Telecom intervient. Jean-Michel Planche est reconduit dans ses fonctions, puis est nommé directeur de l'offre "Internet Entreprise" de France-Télécom. Il restera dans le bateau jusqu'en septembre 1999, accompagnant aussi loin que possible son bébé.

"J'ai été séduit par un discours de Michel Bon, qui expliquait vouloir transformer France Télécom"

"J'avoue avoir été séduit par un discours de Michel Bon, qui expliquait vouloir transformer France Télécom / Baleine en banc de poisson. Devant toutes les difficultés du métier d'opérateur que nous connaissions bien, devenir l'un des poissons du banc était une perspective beaucoup plus séduisante que de céder aux autres sirènes, étrangères, qui voulaient nous faire tomber dans leur giron et, in fine, nous transformer en presse-bouton d'une stratégie imaginée ailleurs", détaille l'entrepreneur.

Et Jean-Michel Planche d'ajouter : "Avec ce rachat, je savais que nos clients et nos collaborateurs étaient entre de bonnes mains et que nous aurions de tout autres moyens pour continuer de développer l'Internet en France".

"Que voulons-nous pour nos enfants ? Créer de la valeur aux Etats-Unis ou ici ?"

En septembre 1999, Jean-Michel Planche quitte le groupe France Télécom et fonde un petit fonds d'investissement : Tancred Venture, pour développer de nouveaux projets. Après plusieurs investissements (Algety Telecom, Netcentrex...), un très gros projet est suivi : développer une nouvelle solution de supervision et de monitoring, adaptée aux challenges posés par l'adoption massive des technologies Internet au cœur des réseaux et des systèmes : la société Witbe était née.

"Chaque année, nous avons procédé à des levées de fonds raisonnables, pour ne pas tromper nos investisseurs. Nous suivions à chaque fois les tours, pour leur montrer que nous y croyons", note le dirigeant. Au total, ce sont 14 millions d'euros qui ont été levés à ce jour.

jean-michel planche devant ses robots de surveillance tv
Jean-Michel Planche devant ses robots de surveillance TV © Benchmark Group / Fabrice Deblock

En 2003, face à la morosité du marché et la sinistrose en France, les dirigeants de Witbe sont à deux doigts d'émigrer aux Etats-Unis. Mais plusieurs raisons les en dissuadent. "La situation économique était alors déplorable là-bas, tandis que le marché français commençait à décoller. Et puis nous nous sommes dit : 'Que voulons-nous pour nos enfants ? Créer de la valeur là-bas ou ici ?' ", se remémore Jean-Michel Planche.

Les mesures fiscales dont bénéficie l'entreprise l'aident à maintenir un centre de R&D conséquent en France

Autres arguments en faveur de la France : les mesures fiscales dont commence enfin à bénéficier l'entreprise, qui jouit du statut de jeune entreprise innovante - JEI - et bénéficie du crédit impôt recherche, mesures qui l'aident grandement à maintenir un centre de R&D conséquent en France, sans faire appel à de la sous-traitance étrangère.

Mais quelles sont réellement les ambitions de Jean-Michel Planche pour Witbe ? "On veut créer un leader mondial, depuis la France. Car d'une part, les exemples français tels que Business Objects ou Dassault Systemes ne sont pas assez nombreux et, d'autre part, il n'y a pas de raison que nous ne parvenions pas à exécuter à l'échelle internationale, avec les atouts que nous avons ici. C'est peut-être plus difficile qu'aux Etats-Unis, mais c'est certainement possible", lance Jean-Michel Planche.