Stanislas de Bentzmann (Devoteam) "Nous accompagnons un groupe du CAC40 vers les Google Apps"

La SSII a signé un partenariat stratégique avec Google. Objectif : mener des projets de grande ampleur autour des Google Apps for Business, et accompagner la mutation des grands groupes français vers le numérique.

Stanislas de Bentzmann est cofondateur et coprésident du directoire de Devoteam. Depuis juillet, il occupe aussi la présidence de CroissancePlus : une association d'entrepreneurs qui a pour vocation de fédérer et représenter les dirigeants d'entreprises françaises en forte croissance.

JDN. L'affaire PRISM a-t-elle un effet sur les politiques des DSI en matière de cloud computing ?

Stanislas de Bentzmann. Les informations révélées dans le cadre de cette affaire n'ont pas constitué un frein pour les entreprises utilisant des services de cloud, ni pour celles qui évaluent en ce moment ce type de solutions. Seuls les groupes d'intérêt stratégique pour la France sont concernés. Mais ils ne représentent qu'une très petite minorité des grandes entreprises françaises. D'ailleurs, le Patrioct Act [qui permet aux autorités des Etats-Unis d'accéder aux données hébergées par des entreprises américaines partout dans le monde NDLR] représentait déjà un obstacle pour elles. Mais ce n'est pas le cas de la grande majorité.

Pensez-vous que la plupart des grands groupes français opteront, à terme, pour des offres SaaS en matière de messagerie et de collaboratif ?
C'est une évidence. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons conclu un accord avec Google. Nous sommes d'ailleurs en phase de signature avec un grand compte du CAC40 pour un projet de déploiement massif des Google Apps for Business. L'objectif est de migrer l'ensemble de la messagerie vers "Gmail for Business".

Pourquoi avoir opté pour la technologie Google ?
Nous avons choisi Google car c'est aujourd'hui l'un des acteurs les plus en avance en termes d'innovation IT. C'est clairement lui qui pousse l'innovation, et amène le marché à évoluer et les autres acteurs à se repositionner, d'ailleurs le plus souvent de manière très efficace pour les plus importants d'entre eux. Il fait bouger les lignes. Il s'agissait donc du meilleur choix pour nous qui sommes un acteur de la transformation numérique. 

Puissantes sur le collaboratif, les Google Apps for Business offrent par ailleurs un certain nombre de garanties : les données sont sécurisées, et ne sont pas utilisées par Google pour se rémunérer, comme c'est le cas des services de cloud gratuits de Google ou d'autres fournisseurs d'ailleurs. Pour les entreprises qui souhaitent un niveau de sécurité supplémentaire, nous proposons en plus des outils qui fournissent une vision sur les données stockées dans le cloud qui pourraient être éventuellement consultées par un tiers. 

"Google Apps représentent un changement important pour les utilisateurs métier"

Il n'en reste pas moins vrai que les Google Apps représentent un changement important pour les utilisateurs métier qui perdent l'ergonomie à laquelle ils étaient habitués. Elles sont de ce point de vue parfois difficiles à accepter. Mais l'apport en termes de productivité est très important, pour un coût souvent plus faible que d'autres offres.
 

Qu'en est-il de votre positionnement sur le front des réseau sociaux d'entreprise ?

Dès 2010, nous avons déployé la solution de réseau social d'entreprise Jive pour nos propres besoins. Nous y avons recours comme catalyseur de partage d'expériences et de connaissances, pour la gestion de projet et la dynamique commerciale notamment. Cet outil permet de créer une véritable émulation entre nos équipes, et accélère la résolution de problèmes et la recherche de solutions dans le cadre de nos missions.

Nous avons également développé une offre de conseil dans ce domaine, autour des grandes questions qui se posent dans le cadre de ce type de projet : comment mettre en œuvre un réseau social d'entreprise, le faire vivre, l'intégrer au management...

VMware est en train de se repositionner sur le terrain du cloud hybride, en offrant la possibilité de déporter des machines virtuelles sur son cloud public ou ceux de ses partenaires. Qu'en pensez-vous ?

Ce type de solution représente le futur. Les DSI ont pour l'instant parfois du mal à envisager basculer la majeure partie de leurs applications dans le cloud. Mais je pense qu'ils évolueront. Dès qu'ils auront testé ce nouveau modèle sur quelques systèmes, ils feront très vite basculer les autres. De ce point de vue, VMware prend la bonne route pour les accompagner. Au final, je pense qu'il ne restera plus que quelques systèmes en interne, notamment ceux liés à des données très critiques.

Pour l'heure, les systèmes d'information ont été conçus comme des forteresses sécurisées et fiables. De ce point de vue, on peut comparer le cloud à la Renaissance. Une période de l'histoire lors de laquelle des fenêtres ont été ouvertes dans les murailles des châteaux pour faire entrer la lumière. De même, les DSI doivent s'ouvrir au cloud pour profiter de l'agilité et de la valeur ajoutée qu'ils peuvent apporter.

Mais cette mutation est infiniment complexe. C'est une révolution à la fois culturelle, stratégique et technique. D'autant que les DSI restent responsables de la sécurité des données et de la fiabilité des systèmes d'information. Les directions métiers leur font des reproches au moindre problème, et dans le même temps ils doivent faire entrer rapidement l'innovation IT dans l'entreprise. Le tout dans un environnement contraint économiquement. L'un des grands défis relevé par Devoteam, à travers notamment le vaste chantier de transformation interne que nous menons depuis plus d'un an, est justement de proposer une offre globale pour les accompagner dans ce challenge.
 

Biographie professionnelle : Stanislas de Bentzmann est diplômé de l'INSEEC (1987) et titulaire d'un BA en marketing de l'Université de San José, Silicon Valley. Au début de sa carrière, il a rejoint le groupe Randstad comme directeur régional, avant de piloter l'intégration d'une société nouvellement acquise. En 1995, il crée Devoteam avec Godefroy de Bentzmann. Il en est aujourd'hui co-président du directoire. Depuis juillet 2013, Stanislas de Bentzmann occupe aussi la présidence de CroissancePlus.