Frédéric Weill (Inria) "Nous voulons passer d'un site vitrine à un hub de services"

Alors que la Nuit du Directeur Digital se rapproche, l'UX CDO de l'Inria présente au JDN le chantier majeur qu'il conduit pour transformer l'institut.

JDN. Quel est votre principal chantier en cours ?

Frédéric Weill est l'UX CDO de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA). © Inria

Frédéric Weill. Incontestablement, la refonte complète de notre vitrine institutionnelle dont le site est un peu vieillot. C'est une impérieuse nécessité pour l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA, ndlr) pour mieux affirmer notre expression publique. Nous avons lancé il y a dix-huit mois un vaste chantier de réflexion au sens large, aussi bien interne que vis-à-vis de l'extérieur. Le site est actuellement trop déclaratif et ne se préoccupe pas de l'expérience des utilisateurs. Nous voudrions faire un site ouvert à l'ensemble des communautés scientifiques et universitaires bien sûr mais aussi professionnelles, dans l'objectif de transmettre des connaissances scientifiques.

Quel public cherchez-vous à atteindre ?

L'écosystème digital de l'Inria est très vaste avec des sites très divers allant de la vulgarisation aux publications les plus expertes. C'est tout cela que nous devons remettre en lumière et clarifier. Sans faire un magazine de vulgarisation, nous voulons un site où n'importe qui - particuliers, chercheurs, scientifiques, universitaires - se sente parfaitement à l'aise. Il nous faut aussi relier entre elles toutes les informations et références de l'INRIA, un peu comme dans la conception d'un musée. C'est un travail qui a commencé il y a bientôt deux ans. Il faut beaucoup de temps pour s'imprégner de la culture interne. Ensuite, il faut faire preuve de connivence pour partager ses points de vue avec ses interlocuteurs.

C'est aussi une étape nécessaire pour réussir dans le cadre d'un projet à long terme. Une phase de réflexion puis de déclenchement a été mise en place pour l'ouverture du site d'ici un an tout en créant des liens vers nos diverses bases de d'information. Il y aura aussi un important travail interne, avec bien sûr le concours de prestataires pour la conception et le développement. Il y a une forte attente en matière d'expérience utilisateur, de design et de cohérences des parcours de nos visiteurs, ce qui demande des développements pointus.

Rencontrez-vous des difficultés particulières durant ce chantier et comment les contournez-vous ?

Nous n'en sommes qu'au début du processus et les difficultés ne sont pas derrière-nous ! Il y a des phénomènes culturels à surmonter pour définir une vision commune et cohérente de nos préoccupations afin d'apporter de la valeur à partir de données disparates. L'un de nos principaux défis est d'adapter les sujets et le langage, le niveau de vulgarisation afin d'offrir à nos visiteurs une expérience utilisateur en adéquation avec ce qu'ils viennent chercher. Bref, nous voulons passer d'un site vitrine à un hub de services. Il y a aussi toute la question de la relation entre le futur site et le système d'information.

De quels moyens disposez-vous pour cette mission ?

Nous sommes une équipe de sept permanents dont quatre plus particulièrement affectés à cette mission au siège de Rocquencourt (Yvelines, ndlr). Avec également des prestataires externes, notamment dans l'univers de la communication digitale. Côté budgets, il est trop tôt pour le dire dans la mesure où nous sommes en pleine réflexion. Enfin, nous travaillons en harmonie avec nos huit centres régionaux qui s'inscrivent dans les univers universitaires, industriels et politiques locaux. Une organisation qui leur laisse beaucoup d'indépendance et une grande autonomie même s'il y a une coordination constante entre nous.

Vous êtes UX CDO, une appellation assez inhabituelle. Pouvez-vous nous préciser vos attributions et votre champ d'intervention ?

J'appartiens à la direction de la communication de l'INRIA où je m'occupe, avec une vingtaine de personnes du siège, de sa communication digitale et de son Intranet. De ce point de vue et venant moi-même de l'univers des agences numériques (Nurun, Razorfish), j'ai souhaité introduire une approche centrée sur l'utilisateur au sein de l'Institut. C'est quelque chose d'assez original dans un projet. L'idée principale est d'apporter de nouvelles méthodes de travail, de développer de nouvelles pratiques et de soulever de nouvelles questions dans un secteur particulièrement vaste.

Résumé du projet

Pourquoi ce projet est-il innovant ?

"C'est un projet innovant car il modifie en profondeur notre manière de travailler, notamment pour tout ce qui touche aux résultats de recherche. Il y a beaucoup de vulgarisation à effectuer sur notre site institutionnel".

Pourquoi ce projet est-il stratégique ?

"Car cela doit donner une visibilité fortes à nos activités avec de l'information aujourd'hui trop éparpillée. C'est aussi une question de notoriété pour l'Institut".

Pourquoi ce projet est-il transformateur ?

"Un tel projet vous amène nécessairement à travailler et à collaborer de manière différente, plus efficace et plus conviviale, entre nos différents publics".

Pourquoi ce projet est-il accélérateur ?

"Contrairement à l'industrie ou aux entreprises, l'INRIA s'inscrit dans le temps long. Nous devons apporter une vision éclairée conforme aux exigences du numérique dans notre écosystème".

Le JDN propose pour la quatrième année consécutive le 19 juin prochain un événement destiné à récompenser les meilleurs chief digital officers de France. Pour en savoir plus : la Nuit du Directeur Digital.