Amazon Echo vs Google Home : une guerre de positions

Amazon Echo vs Google Home : une guerre de positions On ne sait pas encore qui va l'emporter. Seule certitude : les deux acteurs engagés avancent des arguments forts, mais très différents.

Amazon Echo d'un côté, Google Home de l'autre. Les deux géants de l'enceinte intelligente mènent une véritable guerre de tranchées. Commercialisée le premier en novembre 2014 aux Etats-Unis, Amazon Echo capitalise sur son ancienneté et sa relative maturité. L'enceinte lancée mi-2018 en France se détache au premier chef par la richesse de son écosystème d'applications. Amazon revendique pas moins de 80 000 logiciels vocaux (ou skills) dont 1 200 en français. Quant à Google Home, elle a été commercialisée en 2016. D'emblée disponible en français, elle compte un nombre d'applications vocales nettement moins importantes, au total environ 5 000 - dont 400 taillés pour le marché français. Mais au-delà des chiffres, force est de constater des différences majeures entre les positionnements des deux acteurs. Une situation qui les rend difficile à départager.

Comparatif entre Amazon Echo et Google Home
  Amazon Echo Google Home
Modèles disponibles en France Amazon Echo, Amazon Echo Dot, Amazon Echo Spot, Amazon Echo Plus, Amazon Echo Show  Google Home, Google Home Mini, Google Home Max, Google Nest Hub
Autres modèles Amazon Echo Auto, Amazon Echo Look  
Langues supportés Allemand, anglais, espagnol, français, italien, japonais Allemand, anglais, arabe, chinois, coréen, danois, espagnol, français, indien, indonésien, italien, japonais, néerlandais, polonais, portugais, russe, suédois, thaïlandais, turc
Support multilingue*   X
Fluidité vocale X  
Nombre d'applications vocales 80 000 dans le monde dont 1 200 en France Moins de 5 000, dont environ 400 en français
Version business X  
Intégration native à G Suite   X
Domotique X X
Création de routine** X X

*Est capable de parler plusieurs langues à la fois.
**Une routine consiste à configurer une suite actions se déclenchant selon différentes modalités :
- Suite à une commande vocale (ex : à la commande "bonjour" le matin, les lumières de votre appartement s'allumeront, l'assistant consultera votre calendrier du jour…),
- à heure fixe (ex : démarrer un robot aspirateur quand personne n'est présent sur le lieu à nettoyer),
- en fonction d'un état (ex : enclencher le chauffage dans une pièce si la température baisse sous un certain niveau).

Des skills qui illustrent deux positionnements

Premier constat, l'offre d'applications disponible dans l'un et l'autre des deux écosystèmes illustre déjà à elle seule la différence de positionnement des deux acteurs. Du côté d'Amazon (qui, rappelons-le totalise 50% de parts de marché dans l'e-commerce en France) fait sans surprise fuir les grands distributeurs. Aucun skill sur sa plateforme n'est proposé dans ce domaine. A l'inverse de chez Google, où l'on retrouve des apps vocales pour Boulanger, Carrefour, Cdiscount, la Fnac ou encore Leclerc.

A contrario, les grandes radios semblent moins attirées par Google Home que par Amazon Echo. A la différence du Google Home, on trouve en effet sur Echo des skills spécifiques pour l'ensemble des chaînes de Radio France, mais aussi pour Fun Radio ou encore RTL2. Sur Google Home, les marques radiophoniques se mettent moins directement en avant. Pas étonnant quand on sait que Google capte 45% du marché publicitaire. Les médias ont sans surprise plutôt tendance à se tourner vers Alexa, Amazon n'étant pas considéré comme concurrent. Présente sur Alexa comme Google Home, on relève l'app TuneIn qui donne néanmoins accès à quelque 120 000 radios dans les deux univers.

Au-delà des écosystèmes applicatifs, Amazon commercialise un plus grand nombre de modèles de terminaux

A côté de ça, des applications vocales, plus neutres en termes de positionnement vis-à-vis des deux acteurs, sont présentes chez l'un comme chez l'autre : PagesJaunes, OUI.sncf, Marmiton ou encore Transports Paris (avec ParisGo) par exemple. En revanche même si Amazon et Google proposent chacun des plateformes de streaming musicale, Amazon Music pour le premier et Google Play Music pour le second, cela n'a pas empêché Spotify et Deezer de se nicher sur les deux assistants vocaux. On remarque néanmoins l'absence de leur concurrent SoundCloud.

Au-delà des écosystèmes applicatifs, Amazon commercialise un plus grand nombre de modèles de terminaux. En plus de ce que propose Google, il affiche une enceinte taillée pour la voiture, une autre dotée d'une caméra conçue pour partager ses tenues vestimentaires, sans oublier un réveil vocal.

Traitement multilingue : Google se démarque

Sur le plan du traitement linguistique, c'est Google qui remporte la mise avec une plus grande richesse de langues prises en charge. Son Google Home en supporte 19, contre 6 pour la gamme Echo. Côté compréhension, l'enceinte de Google est aussi plus précise que sa concurrente. D'après nos tests, elle demande moins fréquemment à l'utilisateur de répéter une question. Il est évident que le groupe de Moutain View tire profit de ses années d'expérience autour de son moteur de recherche sur le plan de la sémantique.

Face à la force de frappe de Google en matière linguistique, Amazon met les bouchées doubles pour combler son retard. Le groupe a annoncé disposer d'un contingent de 10 000 collaborateurs travaillant de près ou de loin sur ses produits Echo et autour de l'assistant vocal Alexa qui les motorise. Il publie également un blog sur lequel il communique moult détails sur les avancées en matière de traitement du langage, mais aussi sur les outils disponibles pour réaliser des développements d'apps vocales Alexa.  Google n'en fait pas autant, et mise semble-t-il beaucoup plus sur le bouche-à-oreille pour promouvoir Google Home tant auprès du grand public que des développeurs. 

Amazon en avance sur la domotique...

Côté domotique, Amazon va plus loin. En plus de la prise en charge du wifi qui permet déjà de connecter nombres d'objet connectés (écrans, prises...), son Echo Plus se veut "le hub de la smart home". Tarifé 150 euros, il intègre un capteur de température ainsi qu'un pont Zigbee permettant de contrôler et configurer d'autres type d'appareils pas forcément accessibles en wifi : les interrupteurs connectés Legrand, les ampoules Philips, la box Wiser de Schneider Electric pour contrôler son chauffage... Grâce à cette technologie qui se veut plus stable que le wifi, Echo Plus détecte aussi automatiquement les objets connectés compatibles branchés à proximité.

... Google sur la qualité du son

Qu'en est-il du Google Home Max ? L'enceinte haut de gamme de Google tarifée, elle, 349 euros, revêt un positionnement bien différent. Dans le viseur, elle cible frontalement l'HomePod d'Apple dont la qualité sonore a été maintes fois soulignée. La version grand format du Google Home est équipée de deux haut-parleurs qui diffusent des ondes sonores 20 fois plus puissantes que la version d'entrée de gamme du Home. Sur ce plan, Google met en avant sa technologie Smart Sound qui s'adosse au machine learning pour ajuster automatiquement les paramètres de l'égaliseur en fonction de l'acoustique de la pièce. "Vous bénéficiez ainsi du son le plus équilibré possible où que vous placiez l'enceinte", explique-t-on chez Google.

Collaboratif : l'affrontement frontal

Reste un domaine où les enceintes de Google et d'Amazon s'opposent de manière beaucoup plus frontale : la collaboration. Sur ce plan, le premier met en avant l'intégration de Google Home à sa suite de productivité G Suite. Rattachée à un compte Google, l'enceinte Google Home dialoguera nativement avec cette dernière, ainsi qu'avec toutes les applications associées à l'univers de Mountain View. Ce qui permet de bénéficier de l'environnement Google à travers des routines intégrées de bout en bout. Le matin, une routine pourra par exemple vous rappeler vos rendez-vous du jour en se connectant à votre Google Calendar, vous préciser la météo du jour en allant glaner l'information Google.fr, lancer l'une de vos playlists favorites grâce à Google Play Music, puis vous indiquer quel est le trafic entre votre domicile et votre travail en consultant votre profil Google Map, etc.

Quant à Amazon, il a lancé un programme baptisé Alexa for Business qui vise à rendre ses enceintes compatibles avec le monde de la collaboration. Il introduit une console d'administration conçue pour gérer les flottes d'Echo et de skills déployés en entreprise, avec les droits d'accès associés en fonction des profils d'utilisateur. Alexa for Business lance par ailleurs des passerelles vers les systèmes de visio conférence Cisco TelePresence, Polycom ou encore Zoom Rooms. Enfin, le programme s'étend à la gestion de salles de réunions et de meetings. Pour ce faire, il permet de se connecter aussi bien aux calendriers G Suite, que Microsoft Exchange et Office 365. Alexa for business fait l'objet d'une tarification spécifique : de 3 dollars par utilisateur auxquels s'ajoutent 7 dollars par appareil partagé.

Dernière étude publiée par le cabinet Canalys sur les parts de marché des différentes enceintes vocales. © Canalys