La nécessaire mutation des spécialistes du stockage

L'adoption grandissante par les entreprises d'architectures cloud ou d'infrastructures hyperconvergentes pourrait engendrer la disparition des spécialistes du stockage comme nous les connaissons.

D'ici 2025, selon les conclusions d'une conférence sur les grandes orientations et stratégies IT, menée par le cabinet d'études Gartner, les spécialistes du stockage comme nous les connaissons, soit des ingénieurs dédiés prioritairement à l'administration et à la gestion de data centers, n'existeront plus en tant que tel sur le marché du travail. La raison à cela ? L'adoption grandissante au sein des entreprises d'architectures cloud ou d'infrastructures hyperconvergentes.

Pour Gartner, cette émergence d’une data fabric et d’une transformation numérique généralisée des entreprises s’inscrira même dans une dynamique particulièrement forte et rapide. Si en 2019 notamment, 80% des traitements de données dans le monde s’effectuaient encore dans des data centers sur site, pour 19% dans le cloud et 1% seulement en mode edge, d’ici 2025 les prévisions seront déjà à la franche inversion avec 40% dans le cloud, 30% à l’edge et plus que 30% dans les data centers.

Oui, pas de doute, les nouvelles technologies présidant à la data fabric vont sérieusement bousculer les modèles économiques et redéfinir en profondeur les processus de travail et les profils techniques recherchés par nombre d’entreprises. Lorsqu’en 2015 George Kurian, alors le nouveau PDG de NetApp, impulsait cette idée de développer plus avant des technologies à même de servir des stratégies cloud hybride, le processus de data fabric en était encore à ses premiers pas. Par sa vitesse de développement et à travers des exemples d’évolution emblématique telle que celle mise en exergue par Gartner pour les spécialistes du stockage, cette mutation du marché des données dépasse aujourd’hui toutes les attentes et les prévisions !

Pour rester compétitives et générer de la valeur ajoutée, les entreprises n’ont pas aujourd’hui d’autre choix que d’acquérir une nouvelle agilité capable de suivre ce rythme toujours plus rapide des innovations. Mais comment réussir cette transition ? Comment se prémunir également de la prochaine pénurie de talents numériques pour laquelle Gartner, là encore, prévoie qu’en 2020, 30% des emplois rattachés au secteur des nouvelles technologies resteront vacants ?

Au-delà d’une modernisation des infrastructures informatiques au rythme des progrès technologiques, la première des réponses repose d’abord dans la capacité des entreprises à ne pas mettre d’employés à l’écart, en les encourageant à un constant élargissement de leurs compétences. Par exemple, pour les spécialistes du stockage en valorisant leurs savoirs et en leur permettant de devenir des ingénieurs systèmes tenant autant des administrateurs que des développeurs OS ou réseaux. Mais aussi, autre réponse de taille selon de nombreuses études –notamment celle du World Economic Forum portant sur l’avenir du travail – dans la faculté des entreprises à attirer des personnes dotées de soft skills qui sauront créer et entretenir une véritable culture numérique au sein de l’ensemble des services

Parce que les technologies évoluent constamment, les employés ne doivent tout simplement pas craindre le changement mais bien au contraire rester toujours ouverts à l’innovation à chaque échelon de l’entreprise. Par leur capacité inhérente d’adaptation et d’anticipation, et face au risque toujours présent de hard skills dépassées par le rythme effréné des progrès technologiques, certaines soft skills peuvent en effet s’inscrire comme de véritables leviers de performance pour des entreprises soucieuses de réussir leur transformation digitale.

Fini par exemple l’éminent spécialiste en intelligence artificielle "isolé" professionnellement d’une partie de ses collègues parce qu’ils ne comprennent pas tous les tenants et aboutissants de sa fonction ! Pour qu’une entreprise réussisse pleinement sa data fabric, le numérique doit être décloisonné quels que soient les postes concernés. Avec à la clé, une même harmonie de ton dans les méthodes de travail employées et dans les environnements cloud utilisés.