Low-code : simple tendance ou vraie révolution ?

L'histoire du low code est sinueuse. Si le concept existe déjà depuis une quarantaine d'années, ce n'est que tout récemment que cette nouvelle vague de plateformes se fait ressentir.

Certaines avancées technologiques nécessitent plusieurs tentatives avant de gagner en popularité. A titre d'exemple, la réalité virtuelle est impressionnante aujourd'hui, mais n'a pourtant rien de novateur. Quand Nintendo a sorti son casque de réalité virtuelle Virtual Boy en 1995, l’innovation est restée un échec, notamment par manque d’adoption des utilisateurs, et un marché qui n’était pas encore mature. L'histoire du low-code est tout aussi sinueuse... Si le concept existe déjà depuis une quarantaine d'années, ce n’est que tout récemment que la nouvelle vague des plateformes low-code se fait ressentir. Gartner prévoit d’ailleurs que d'ici à 2024, 65% des applications seront développées grâce au low-code.

Et la promesse est simple : tout le monde peut devenir développeur, dans une certaine mesure. Au lieu d’une perspective décourageante d'un éditeur de texte obscur, d'une syntaxe inflexible et d'heures passées à chasser les bugs, le low-code offre une interface de type drag and drop, simple et intuitive.

Mais qu’apporte réellement le low-code ?

La pénurie actuelle de développeurs expérimentés est problématique pour de nombreuses entreprises. Pour résoudre cette équation, ces dernières sont contraintes d’investir en recrutant notamment des développeurs moins expérimentés, et en leur offrant au passage la formation dont ils ont besoin. Mais si cette pénurie affecte les services RH, elle impacte également la productivité des entreprises, qui prennent plus de temps pour former leurs équipes.

Pendant ce temps, les équipes de développement, souvent en sous-effectif, doivent en effet faire face à toute une série croissante de demandes au sein de l'entreprise, des plus simples aux plus complexes : création de nouveaux produits, refonte de site, lancement d’application, parcours utilisateur...

C'est là que le low-code intervient. Grâce à cette technologie, les développeurs ne sont plus les seuls à pouvoir coder. Si l’on compare le développement web à la construction d’une maison, faire la même chose en low-code serait comme assembler des Lego. En assemblant des morceaux de code pré-écrits et parfois même grâce à des enchaînements automatisés, il y a moins de risque de créer quelque chose qui ne fonctionne pas comme prévu.

Mais le low-code ne sert pas seulement à faciliter la vie d'une équipe de développeurs débordés. Cela signifie surtout que davantage de collaborateurs peuvent être impliqués dans les processus de développement, et ces personnes ont parfois une bien meilleure idée de ce que souhaite l'utilisateur final. Par exemple, les départements des ressources humaines utilisent souvent le low code pour créer des portails internes pour leurs collaborateurs, mais sans nécessairement passer par une équipe de développement. C'est le type de tâches qui sont fréquemment reléguées au bas de la liste des priorités au sein des équipes IT, mais qui peut en réalité voir le jour directement via l’équipe RH, avec un peu d’huile de coude !

Le low-code ne signe pas la fin du high code

Le low-code est déjà en place dans de nombreuses entreprises, et d'autres commencent à prendre conscience de ce que cette technologie peut apporter à leurs activités. Les développeurs n’ont pour autant pas de quoi s’inquiéter : ces solutions automatisées ne les rendent pas obsolètes, bien au contraire.

Le low-code est en réalité une opportunité pour la communauté des développeurs. L’utilisation du low-code se cantonne généralement à des tâches simples et répétitives, et/ou des cas d’usages qui ont déjà été explorés maintes fois, et peuvent donc être mis en place grâce à un code préexistant.

Enfin, il se trouve diamétralement opposé au travail effectué par les développeurs qualifiés se reposant sur le high code, que l’on pourrait qualifier de  travail sur-mesure. Son utilisation peut nécessiter plus de compétences (formation continue, connaissance des derniers langages de programmation…). Certains projets très poussés comme le développement de nouveaux produits IoT par exemple nécessitent des compétences spécifiques, à la hauteur de leurs ambitions. Le high code aura donc toujours sa place, et ce pour plusieurs raisons :

  • La sécurité et visibilité — L'utilisation de plateformes low-code implique l'utilisation d'un code qui ne peut pas être facilement inspecté, car l’intervention se fait presque uniquement en front. Il faut donc avoir confiance dans le fait que le créateur de la plateforme low-code suive les meilleures pratiques... mais il reste difficile d’en juger. Certaines entreprises n'utilisent donc pas le low-code pour leurs applications "critiques" à cause de cette problématique. Le high code, bien qu’il ne soit pas intrinsèquement plus sûr, reste visible et les développeurs peuvent l'examiner pour trouver directement les vulnérabilités.
  • L’utilisation des données — Toute entreprise utilisant et traitant des données à grande échelle doit savoir où ses données vont, et qui y a accès. La boîte noire du low-code pose ici aussi un problème, notamment dans le cadre du RGPD en Europe. Certaines plateformes low-code permettent toutefois aux utilisateurs finaux de prendre des décisions concernant les autorisations et les contrôles d'accès.
  • L’auditabilité — Travailler avec une application high code signifie enfin être capable de travailler avec des systèmes bien établis de gestion des versions et de collaboration, tels que Git. Chaque modification apportée peut être suivie, les problèmes peuvent être soulevés et discutés, des suggestions de modifications peuvent être créées, examinées et mises en œuvre.

Pour conclure, il n’y a pas de rivalité entre les plateformes low-code et les développeurs, puisque celles-ci s’adressent finalement à un public globalement néophyte (fonctions marketing, RH…), et permet d’autre part aux développeurs de gagner du temps. Une véritable innovation qui va continuer de croître dans les prochaines années.