Certaines compétences informatiques stratégiques sont-elles en train d'échapper aux entreprises ?

Migration vers le cloud, sécurité et résilience des systèmes d'information, infrastructures de production… Certaines expertises clés deviennent tellement complexes que les entreprises sont de plus en plus rares à les posséder.

Les métiers « en coulisses » de la transformation digitale

Aucune entreprise, ou presque, ne peut aujourd’hui se dispenser d’opérer une profonde transformation digitale. Non seulement profonde, mais également continue, tant les technologies évoluent rapidement. En soi, le fait d’utiliser les technologies digitales disponibles pour améliorer ses performances n’est pas nouveau. Ce qui l’est en revanche, c’est la nécessité de devoir intégrer avec une fréquence très élevée – si ce n’est en permanence – des innovations et des technologies nouvelles.

En conséquence de quoi les infrastructures IT des entreprises doivent s’adapter en permanence. Les directions informatiques, auxquelles revient cette mission, ont besoin de compétences qui évoluent et qui se complexifient sans cesse. Certains métiers IT vitaux sont aujourd’hui difficiles à comprendre, et même parfois sous-estimés. Et certaines expertises demandent beaucoup d’années pour être acquises.

C’est le cas par exemple du directeur PRA/PCA (plan de reprise d’activité/plan de continuité d’activité). Si sa mission finale est facile à comprendre (s’assurer que l’entreprise peut continuer de fonctionner en cas d’incident), les responsabilités qu’il porte et les compétences qu’il doit couvrir le sont beaucoup moins. Il doit être aussi bien capable de cartographier les risques IT et cyber, de définir les processus métier critiques, de gérer un bilan d’impact sur l’activité, que de mettre en place des tests et simulations de reprise d’activité face à un sinistre. Son rôle est d’autant plus complexe qu’il a besoin d’avoir une bonne connaissance des aspects IT comme des aspects métier. Il doit donc posséder une grande expérience.

Il en va de même pour les métiers de la production. Il s’agit non seulement d’assurer la production industrielle définie par la direction, mais aussi d’améliorer en permanence les processus de production, anticiper les évolutions et contribuer à la conception de nouveaux modèles.

Les profils recherchés en matière de sécurité informatique ou d’ingénierie cloud ne sont pas moins complexes, et sont d’autres exemples de métiers qui sont de plus en plus difficiles de maintenir en internes dans les directions informatiques.

Des métiers qui sont sortis des équipes IT internes

Ainsi, on assiste ces dernières années à un phénomène de sortie progressive de ces compétences des équipes IT internes dans les entreprises. Et ce d’autant plus chez les PME et les ETI, dont les équipes techniques sont naturellement plus limitées.

Or ces compétences sont vitales dans un contexte de transformation digitale, et ce pour une multitude de projets stratégiques : qu’il s’agisse de migrer dans le cloud, d’assurer la sécurité des infrastructures, ou encore de fusionner des infrastructures lors d’un rachat d’entreprise.

Cette difficulté à recruter et fidéliser ces compétences en interne est-elle une fatalité, et même un risque pour les entreprises ? Doit-on y voir une menace quant à leur capacité à se transformer digitalement et continuer d’intégrer les innovations technologiques ?

Pas si l’on considère que les équipes IT des entreprises sont en train de tendre vers une forme hybride, associant des experts internes et externes. Car aujourd’hui, bon nombre des compétences que nous avons évoquées sont entre les mains des ESN et des freelances.

Ce n’est plus tant la capacité à recruter en interne toutes les compétences qui est important, mais la capacité à hybrider les équipes. Certaines compétences informatiques stratégiques échapperont effectivement aux entreprises qui décident de toutes les internaliser. Mais certainement pas, bien au contraire, à celles qui comprennent cette nécessité d’hybridation.