No code : la promesse d'un retour sur investissement de 1000%

No code : la promesse d'un retour sur investissement de 1000% Les premiers retours d'expérience et études sur le ROI des outils de développement sans code laissent rêveur. A condition de les réserver aux bons usages.

C'est une lame de fonds. Création de site web, d'application, de base de données, de workflow, de tableau de bord, d'IA… Les outils de génération logicielle sans code (ou no code) s'immiscent dans tous les champs du développement applicatif. Et leur adoption est massive. "D'ici 2023, le nombre d'utilisateurs actifs de solutions no code sera au moins quatre fois supérieur au nombre de programmeurs", prédisait le Gartner lors de son IT Symposium Xpo 2021 qui se tenait à Orlando mi-octobre. Pas étonnant. Ces technologies sont un boosteur de productivité. Un projet mené par le groupe Randstad illustre la dynamique. Le géant néerlandais de l'intérim a recours à la plateforme no code Pulpstream pour automatiser son processus d'indemnisation des accidents de travail. Représentant 50 millions de dollars par an, il s'agit du deuxième poste de dépense de l'entreprise après les salaires. Résultat du projet : un ROI de 1 000%. Qui dit mieux ?

"L'application développée a non seulement amélioré la vitesse du processus d'indemnisation des accidents de travail, mais aussi sa précision en réduisant drastiquement les erreurs humaines", précise Trey Braden, directeur des technologies et systèmes de management des risques chez Randstad. "En donnant aux utilisateurs business les rênes du projet, la plateforme no code ne rend pas seulement le travail de création logicielle plus rapide, elle permet aussi d'aboutir à une meilleure solution. Via cet environnement, les utilisateurs peuvent exprimer directement leur exigence, sans intermédiaire, tout en se familiarisant avec le mode de construction numérique." Autre avantage évoqué par Trey Braden : l'approche "sans code" ouvre de nouvelles perspectives en termes d'agilité. "Il devient envisageable d'adapter les développements à tout moment en fonction du rendu de l'application et de l'évolution des besoins, y compris post-déploiement", souligne l'intéressé.

Avant de se tourner vers le no code, les experts interrogés par le JDN conseillent de se poser plusieurs questions. "Une entreprise qui créera et hébergera des applications sur une plateforme no code n'en sera pas propriétaire", rappelle Alexis Pommier-Orloff, consultant digital au sein du cabinet de conseil Okuden. Proposés en mode cloud, les outils de développement sans code interdisent de facto toute réplication en local ou migration vers un autre provider. Sylvain Fagnent, manager au sein du cabinet Octo Technology (groupe Accenture), renchérit : "Ce type d'outils étant le plus souvent tarifé en fonction du nombre d'utilisateurs ou du volume de transactions, la facture peut également monter très vite. Il est par conséquent recommandé d'éviter d'y recourir pour bâtir des produits digitaux BtoC ciblant une forte audience."

"Le no code est une excellente solution d'exploration"

Puis Sylvain Fagnent pondère : "Le no code sera en revanche une excellente solution d'exploration. Il permet de se donner rapidement une idée de l'application visée et éventuellement de la tester sur une partie du public cible. Si on se rend compte que c'est un échec, les coûts seront minimes."

Automatiser un process chronophage

Comme l'illustre l'exemple de Randstad, l'idéal serait donc d'opter pour le no code pour automatiser un processus chronophage pris en charge à l'origine par une petite équipe, et renvoyant à un cas d'usage relativement critique. "On gagne ainsi rapidement beaucoup de jours / homme. Ce qui permet en parallèle de concentrer les développeurs professionnels sur des tâches à plus haute valeur ajoutée", complète Sylvain Fagnent.

Graphique tiré d'une étude du cabinet de conseil Cebr réalisée en octobre 2021 auprès de 1 000 décideurs IT d'entreprises étasuniennes et britanniques recourant de manière substantielle aux technologies de développement no code. © Cebr

Le ROI des outils de développement no code affiche plusieurs facettes. C'est ce que montre une étude réalisée par le cabinet Cebr aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Sans surprise, l'impact le plus souvent évoqué par les décideurs IT interrogés est un gain d'efficacité et/ou de productivité. Un point qui est cité par 90% des répondants américains et 73% des sondés britanniques. Juste derrière, l'amélioration de la satisfaction client arrive en deuxième position des bénéfices qui reviennent le plus fréquemment, à la fois au Angleterre (70%) et aux Etats-Unis (88%).

Un accélérateur de collaboration

Une étude réalisée outre-Atlantique par Salesforce confirme la tendance. Là encore, la productivité arrive largement en tête des apports du no code relevés par les entreprises consultées. Un élément qui est plébiscité par 78% d'entre elles (voir infographie ci-dessous). Autres avantages pointés du doigt : les outils de développement sans code sont considérés comme un accélérateur de collaboration inter-équipes mais aussi inter-département, deux points forts constatés respectivement par 85% et 83% des sociétés interrogées.

Indicateurs issus d'une étude réalisée par Salesforce auprès de 773 utilisateurs d'outils de développement no code / low code en octobre 2021 aux Etats-Unis. © Salesforce