Parker Harris (Salesforce) "Salesforce va investir 3,5 milliards de dollars en France sur cinq ans"

A l'occasion du Salesforce World Tour Paris 2022, le CTO et co-fondateur revient sur l'intégration de Slack et la stratégie du groupe dans l'Hexagone.

JDN. Salesforce a annoncé en 2018 un investissement de 2,2 milliards sur cinq ans en France. La fin de l'échéance approche, quelle est la suite ?

Parker Harris est chief technology officer de Salesforce. © Salesforce

Parker Harris. Concernant la France, nous annonçons un nouvel investissement de 3,5 milliards de dollars sur cinq ans, avec la volonté de créer 200 000 emplois à travers notre écosystème local de clients et partenaires. Aux côtés du renforcement de nos infrastructures IT, nous allons étendre significativement notre bureau de Paris pour accompagner la croissance de nos effectifs. Sachant que nous sommes aussi présents à Lyon, Nantes, mais aussi à Grenoble qui, comme notre bureau de Paris, abrite des équipes de R&D. C'est un juste retour des choses compte tenu du succès de Salesforce ici, de l'importance du marché local, et du succès de la French Tech en général.

En juin 2016, vous étiez venu en France pour inaugurer le datacenter de Salesforce dans l'Hexagone. Quel bilan six en après ?

Compte tenu de notre activité et de nos clients en France, il était important pour nous de disposer d'un data center ici. Nous continuons à investir dans cette infrastructure qui repose sur notre propre technologie. En parallèle, les hyperscalers devenant de facto les nouveaux OS, nous avons décidé de développer une couche pour porter nos applications sur leur plateforme (Alibaba, AWS, Google Cloud Platform et Microsoft Azure sont ciblés ici, ndlr). Nous l'avons baptisée Hyperforce. Nous annonçons aujourd'hui la disponibilité d'Hyperforce sur la région cloud française d'AWS. Ce qui permet à nos offres de SaaS et de PaaS d'être disponibles sur AWS en France.

Changeons complètement de sujet. Comment évolue l'intégration de Slack dans Salesforce ?

Nous souhaitions acquérir Slack avant la pandémie. L'opération est tombée à point nommé pour répondre aux besoins de nos clients pendant cette période difficile. Slack permet en effet d'ériger un siège d'entreprise digital. Il permet de travailler de manière asynchrone en équipe où que vous soyez et sans contrainte de fuseau horaire. Vous envoyez un message vidéo via Slack depuis la France qui pourra être consulté le lendemain par l'un de vos collaborateurs, aux Etats-Unis par exemple, qui vous répondra, et ainsi de suite. En parallèle, Slack peut se connecter à des centaines d'applications. Nous estimons qu'il va de devenir le hub digital d'accès universel à tous les systèmes d'entreprise, y compris depuis les mobiles. C'est notre vision de Slack.

"Cette année, nous allons intégrer Slack à nos applications de vente, de service, de marketing, de commerce"

Cette année, nous allons intégrer Slack à nos applications de vente, de service, de marketing, de commerce. Au lieu de vous connectez à vos tâches dans Salesforce, elles viendront à vous dans Slack. Ce qui vous rendra plus productif. Car vous serez plongé au cœur de votre flux de travail. N'oublions pas que les process sont nativement intégrés à Slack. Si un salarié a besoin d'un accord de réduction de prix pour conclure un contrat par exemple, il peut en faire immédiatement la demande dans Slack en envoyant un message avec un bouton sur lequel son supérieur n'aura qu'à cliquer pour approuver la requête. 

Quel est le premier cas d'usage de Slack dans Salesforce en termes d'adoption ?

Il porte sur la brique Slack Connect. Elle permet de lancer une connexion sécurisée entre deux entreprises. C'est-à-dire en quelque sorte d'intégrer entre eux leurs deux sièges d'entreprise numériques respectifs. La communication sera fluide, sécurisée et conforme aux règles de gouvernance des deux sociétés. Slack Connect permet ainsi d'instaurer un canal de collaboration efficace et sûr avec vos partenaires pour travailler sur des projets communs.

Le no code suscite de plus en plus d'engouement ces derniers mois, sans doute du fait de la pénurie de développeurs sur le marché de l'emploi. Est-ce un domaine sur lequel vous allez continuer d'investir ?

Nous avons toujours voulu faire en sorte que nos clients n'aient pas de code à écrire. Demander aux clients d'écrire du code implique de le maintenir. C'est synonyme de complexité. Cela engendre des problèmes de performance, de bug… Il est vrai que le code reste parfois indispensable. Mais mieux vaut faire en sorte qu'il reste le moins volumineux possible. Partant de là, Salesforce a construit une plateforme nativement no code. Mieux vaut utiliser l'approche sans code au maximum. En utilisant l'éditeur de workflow de Salesforce par exemple, vous bénéficiez de facto de toute l'ingénierie de la plateforme de Salesforce, en termes de performance, de fluidité, de fonctionnalités.

"Avec la transformation digitale de ces deux dernières années, le service client est passé d'un centre de coût à un centre de profit"

C'est pour cette raison que nous avons lancé le programme de formation Trailhead. Il a pour but d'apprendre aux utilisateurs de Salesforce comment bénéficier de toute la puissance de notre offre dans le développement low code / no code. Nul besoin de maîtriser l'informatique pour être capable d'apprendre comment fonctionne notre environnement. Ce qui en fait d'ailleurs une porte d'entrée idéale pour s'ouvrir à une plus grande diversité de profils au sein des équipes. Le no code évite par ailleurs d'avoir à recourir à des développeurs expérimentés pour beaucoup de tâches de création applicative standard.

Avec 6,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur votre dernier année fiscale, Service Cloud, l'offre de Salesforce centrée sur le service client, est désormais le premier cloud de Salesforce…

Avec la transformation digitale de ces deux dernières années, le service client est passé d'un centre de coût à un centre de profit et de croissance. Il devient plus que jamais un canal de fidélisation client et même de vente. Durant les différentes vagues de confinement, c'était le dernier lien direct qui restait entre l'entreprise et le client aux côtés des sites et applications web. Ce canal est plus que jamais devenu stratégique.

Parker Harris a fondé Salesforce.com avec Marc Benioff, Dave Moellenhoff, et Frank Dominguez en 1999. Il a été responsable de la stratégie produits avant d'être nommé CTO du groupe. Auparavant, il a notamment contribué à fonder Left Coast Software, où il était en charge de la définition des politiques liées au cloud computing. Parker Harris affiche un profil atypique. Diplômé de littérature, il a été très tôt passionné par les mathématiques, les sciences et la programmation.