Ces DSI qui prennent le virage du Big Data Renault s'oriente vers le Big Data par étapes

La voiture connectée promet un bel avenir au Big Data dans le secteur automobile. Capable de capter des masses importantes de données, notamment sur l'état technique d'un véhicule et ses déplacements, elle ouvre des perspectives importantes sur le front de la maintenance des voitures notamment. Bien conscient de ce potentiel, Renault a décidé de s'engager sur ce terrain. Mais, à la différence du Crédit Mutuel Arkéa et son approche "Big Bang", le constructeur a opté pour une démarche plus itérative. Un premier projet a été initié en 2013 suite au lancement de ses premiers véhicules électriques.

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Jean-Louis Ghiglione est responsable de la veille technologique et du benchmarking chez Renault. © JDN / Antoine Crochet-Damais

"Nous avons profité de cette expérience autour de l'électrique pour dessiner une première infrastructure", explique Jean-Louis Ghiglione, responsable de la veille technologique et du benchmarking chez Renault. L'idée est ainsi de fédérer les données en provenance des capteurs du véhicule.

Le chantier permet à Renault de mettre le doigt sur plusieurs questions délicates. Comment stocker ces données ? Pendant combien de temps ? Quel est leur valeur pour l'entreprise ? "Ce sont aussi des informations personnelles, reliées au numéro d'identification du véhicule. D'où une problématique également vis-à-vis de la CNIL", note Jean-Louis Ghiglione.

Des données potentiellement produites sous différentes législations

Mais, pour le responsable de la veille IT de Renault, le principal obstacle à ce projet réside dans le caractère mobile des voitures. Transitant potentiellement entre plusieurs pays, ces automobiles peuvent donc produire des données sous différentes législations. Doivent-elles être stockées par conséquent dans des datacenters locaux ? "Nous n'avons pas encore répondu à la question", souligne Jean-Louis Ghiglione, avant d'évoquer la délicate problématique du droit à l'oubli qui pourrait être prochainement intégré au droit européen.

Le Big Data au service de l'optimisation de la chaine logistique

"Si un client fait valoir son droit à l'oubli, nous n'aurons plus la possibilité de faire le lien avec son numéro de voiture, ce qui nous empêchera de le solliciter dans le cadre d'une procédure de rappel". Un dispositif, généralement mis en œuvre par exemple lors d'un vice de conception sur une série, qui engage cependant directement la responsabilité du constructeur.

Pour commencer à répondre à ces multiples questions, un classement des données a déjà été réalisé par Renault, notamment en fonction de leur valeur et leur niveau de confidentialité. De là, des décisions ont été prises quant à leur mode d'hébergement et de sécurisation. Sur ce point, le constructeur entend privilégier un stockage sur les systèmes internes (EMC) de son datacenter principal - qui compte 3200 serveurs.

Comme Mathias Herberts du Crédit Mutuel Arkéa, Jean-Louis Ghiglione estime que la DSI doit être d'emblée intégrée à un projet Big Data, d'abord parce qu'il s'agit d'un chantier d'infrastructure de données transverse à plusieurs métiers de l'entreprise, mais aussi et surtout "dans l'optique, justement, de répondre aux nombreuses problématiques de sécurité qui se posent".

Reste à savoir plus précisemment quelles applications d'analyse pourraient être imaginées par Renault pour tirer parti de ces données. Parmi les pistes envisagées, Jean-Louis Ghiglione évoque notamment la création d'indicateurs pour optimiser la gestion de la chaine logistique des pièces, ou encore une aide à la décision pour le marketing.