Fabrice Deblock (CCM Benchmark) "Le nombre d'objets connectés pourrait atteindre 50 milliards en 2020"

Projets pilotes, IPv6, 4G LTE, nouveaux écrans, TV connectée... A l'approche de la conférence "Smart World", évocation des principaux chantiers et défis de l'Internet des objets.

On parle beaucoup des smartgrids. Mais existe-t-il d'autres projets pilotes en France mettant en œuvre des objets communicants ?

L'Internet des objets se matérialise aujourd'hui à travers différentes déclinaisons sectorielles dans des domaines tels que de la santé, les transports, les loisirs, la sécurité, la protection de l'environnement... Les projets actuels sont encore très parcellaires, sans véritable connexion entre eux.

Cela étant, certains projets pilotes d'envergure voient le jour comme le projet Cityzi de la ville de Nice. Plusieurs milliers de téléphones NFC y ont été mis en service pour du ticketing, du paiement et du micro-paiement, des cartes de fidélité, du couponing, de la lecture de tags. Un retour sur ce projet, après plus de 18 mois d'expérimentation, sera présenté lors de la conférence.

Mais au-delà des projets pilotes, on peut dire que l'Internet des objets est déjà une réalité si l'on considère que les passeports biométriques, les titres de transports RFID de type Pass Navigo, les outils de géolocalisation, les TV connectées et les étiquettes intelligentes qui tracent les produits que nous consommons font partie intégrante de l'informatique ubiquitaire que l'Internet des objets est en train de créer.

L'IPv6 commence à être déployé en France et dans le monde en 2011. Qu'est-ce que cette technologie va apporter à l'Internet des objets ? D'autres technologies vont-elles également participer à l'émergence de cette nouvelle tendance ?

L'IPv6 va apporter une bouffée d'oxygène à l'Internet des objets. Mi-2010, la barre des 5 milliards d'objets connectés a été dépassée dans le monde, pour un maximum de 4,3 milliards d'adresses gérables par IPv4. Les prévisions de l'institut IMS Research tablent sur 20 milliards en 2020 tandis qu'Ericsson avance le chiffre de 50 milliards d'objets connectés à cette même date. Heureusement, IPv6 est configuré pour en accueillir bien plus : sa capacité est de 667 millions de milliards d'adresses par millimètre carré de surface terrestre !

IPv6 et la 4G LTE sont des facteurs favorables au développement de l'Internet des objets

L'arrivée de la technologie 4G LTE est un autre facteur favorable au développement de l'Internet des objets. Grâce à un nouveau mode de modulation des fréquences, l'adoption du protocole IP presque de bout en bout et trois ou quatre fois plus de débit, la 4G LTE va permettre de connecter de plus en plus d'objets au réseau de façon satisfaisante.

Quand on sait que le trafic de données a atteint plus de 200 millions de gigaoctets par mois l'an dernier et qu'il est susceptible de doubler annuellement d'ici à 2015, il faut rapidement passer à autre chose, la 3G étant aujourd'hui incapable d'y faire face.

CCM Benchmark organise le 28 juin prochain la conférence Smart World, sur l'Internet des objets. Quels sont les grands rendez-vous de cette conférence ?

Smart World a pour objectif de donner une vision d'ensemble sur ce que seront demain les "nouveaux écrans" et les déclinaisons concrètes de l'Internet des objets. La parole sera donnée aux acteurs de la TV connectée, de la maison intelligente, de la robotique de service, de l'immotique et des expérimentations sans contact telle que celle de la ville de Nice.

Smart World mettra aussi fortement l'accent sur la présentation de prototypes liés à l'Internet des objets. Nous aurons ainsi la démonstration d'un miroir interactif pour écouter la radio, par Joshfire, d'un projet de mobiliers urbains intelligents et robotisés porté par Le Cube et Strate Collège Designers, et d'un "proof of concept" de fauteuil réactif aux indicateurs de volume, de surface et de pression provenant de son utilisateur, par des étudiantes de l'ENSCI.

Fabrice Deblock est directeur d'études au sein de CCM Benchmark, éditeur du Journal du Net.