Cédric Thomas (OW2) "Nous allons bâtir une plate-forme de cloud 100% Open Source"

Le consortium indépendant multiplie les initiatives en matière d'applications Open Source. Le middleware constituera une pièce maîtresse de sa future plate-forme de cloud.

JDN Solutions. Quel rôle a joué OW2 dans l'Open Source depuis sa création en 2007 ?

OW2 a été lancé en récupérant les bases de codes Open Source d'Object Web. Créé en 1999 par Bull, France Télécom R&D et l'Inria, Object Web était un projet R&D, financé par l'Etat. Sa durée de vie était donc limitée. Ensuite, début 2007 nous avons décidé de lui donner un second souffle. Cette nouvelle structure allait être plus autonome, puisque son financement n'allait plus reposer sur l'argent public, mais sur la cotisation des membres. Cela a donné naissance à OW2, après une fusion avec OrientWare, consortium d'acteurs chinois spécialisé dans le middleware.

Même si OW2 est une association à but non lucratif, sa mission est aussi un peu différente car elle doit répondre aux attentes du marché, en ciblant uniquement les entreprises. OW2 est un écosystème d'affaires, comme une galerie marchande, fournisseur infrastructures, définissant certaines règles et chargée d'attirer les visiteurs grâce à une communauté de membres apportant leur code. ObjectWeb ne faisait que développer du code. En passant de la technologie au business, OW2 a donc mûri et capitalisé son savoir.

"OW2 est devenu l'un des quatre diffuseurs mondiaux de codes Open Source qui ne soit pas piloté par des américains"

Aujourd'hui, la communauté regroupe les compétences de l'Inria, Bull, France Télécom, qui sont toujours ses membres stratégiques, mais aussi Alcatel-Lucent, Thales, Ingres et Red Hat. Nous hébergeons de beaux projets : JOnAS,  un serveur d'applications Java certifié J2EE, qui est un peu notre vaisseau amiral, mais aussi des start-ups comme Xwiki ou eXo Platform, entre autres.

OW2 est devenu l'un des quatre diffuseurs mondiaux de codes Open Source diversifiés aux côtés de Linux, Eclipse et Apache. A la différence près que nous ne sommes pas pilotés par des Nord-Américains. Nous sommes un peu les outsiders européens.

Vous avez récemment annoncé un nouveau projet, l'Open Source Cloudware. C'est finalement un prolongement assez naturel de votre positionnement et de vos compétences en matière de middleware...

Nos projets sont poussés par les technologies, mais doivent répondre à un besoin du marché. Lorsque certains ont déjà intégré un composant, ils peuvent partager cette expérience pour la faciliter aux autres.

"Nous sommes orientés vers le middleware, or, pas de Cloud sans middleware."

Nous avons suivi cette logique, qui est le principe du Logiciel Libre, pour mettre en place cet effort communautaire sans précédent et très stratégique pour nous. Nous sommes orientés vers le middleware, or, pas de Cloud sans middleware.

Le socle de cette initiative combine six des projets que nous hébergeons : CLIF, Entropy, Jasmine, Jonas, et Joram qui apportent les capacités de provisionnement autonomique de serveurs J2EE à la demande, et ProActive pour les fonctions complémentaires de gestion de ressources hétérogènes.  

Nous avons les produits, reste à les intégrer. Le but tend plus vers le PaaS que vers le IaaS. La plate-forme du catalogue de produits déjà intégrés se construira au fur et à mesure mais ne sera pas prête avant 2011. Nous sommes encore en train de tester les réactions, qui sont pour l'instant positives. Une vingtaine d'entreprises seraient prêtes à nous suivre

Nous avons lancé d'autres initiatives, avec des réussites contrastées. Concernant le SOA ou la RFID, cela ne fut pas abouti. C'était souvent des projets ambitieux complexes, demandant un timing et un management à la hauteur. Nous avons essuyé les plâtres. En revanche, notre initiative sur la BI a bien pris. 

A part cet Open Source Cloudware, quels seront vos autres grands projets à venir ? 

Nous avons attiré des gens et des projets de grande qualité avec lesquels nous travaillons très sérieusement, mais nous allons nous engager encore plus dans cette direction. Le but sera d'apporter les outils pour labelliser nos codes Open Source, pour aussi monter qu'il est réellement sans danger du point de vue de la propriété intellectuelle. La clarté et la qualité du code devraient nous aider à attirer encore plus d'intégrateurs et d'utilisateurs.

Après 25 ans d'expériences dans le conseil stratégique et marketing pour l'industrie informatique, Cédric Thomas a conduit le lancement d'OW2. Auparavant, tant comme investisseur que comme consultant pour FronTier Associates, il a participé activement à trois entrées en bourse, et contribué au lancement de plusieurs start-ups. Avant cela, Cédric Thomas a été vice-président et directeur associé de PAC, une société européenne indépendante de conseil et d'études stratégiques pour l'industrie informatique.