Dell double son bénéfice mais ne rassure pas sur son avenir

Alors que le groupe texan publie des résultats trimestriels salués, il ne résoud pas certaines questions majeures qui se posent sur son avenir et sa stratégie à moyen terme, bien au contraire.

Pour son troisième trimestre, Dell affiche 822 millions de dollars de bénéfices contre moins de la moitié en un an avant. En non Gaap, le résultat s'élève à 875 millions de dollars, soit une progression équivalente par rapport à 2009 (449 millions de dollars). De quoi faire grimper le titre en bourse, mais certains détails du rapport trimestriel ainsi que certaines actualités du fabricant pourraient venir ternir ces bons résultats, pourtant supérieurs aux attentes.

Le groupe texan peut se féliciter de hausses de croissance dans la plupart de ses activités Il prévoit d'ailleurs une tendance haussière de son chiffre d'affaires annuel situé entre 14 à 19%, une progression tirée par les entreprises. La division grand public connaît en effet une croissance (4%) plus modérée que les autres activités du groupe, dont les ventes augmentent de plus de 20%. Les revenus issus des PME progressent de 24% et ceux des grandes entreprises de 27%. Du point de vue géographique, les pays d'Asie Pacifique dépassent cette croissance (+29%), qui a même doublé en Inde.

Si chaque division enregistre aussi de belles hausses sur un an, elles se tassent lorsque leurs résultats sont comparés au trimestre achevé en juillet. Tout comme les revenus trimestriels globaux du groupe, qui se montent pour ce troisième trimestre à 15,39 milliards de dollars : c'est 19% de mieux qu'en 2009, mais 1% de moins que le trimestre précédent.

Cloud et mobilité : sur ses secteurs d'avenir, Dell doit encore faire ses preuves.

Idem pour l'entité Serveur et réseaux, qui progresse de 20% en un an, mais stagne en trois mois (de 1,89 milliard de dollars à 1,84). Les revenus issus du stockage ont même notablement baissé en un trimestre (de 624 millions de dollars à 543). La division mobilité piétine elle aussi sur le trimestre, passant de 4,7 milliards de dollars en juillet à 4,8 aujourd'hui.

Or ces trois divisions peuvent se révéler stratégiques à moyen terme. Et Dell en a besoin, bien conscient que sa stratégie doit prendre un nouveau souffle.

 

Perspectives

L'action Dell a perdu plus de la moitié de sa valeur en trois ans. Récemment, le top management, le DAF Michael Gladden en particulier, évoquait même, sans étayer, la possibilité de se retirer de la cote, "parmi d'autres options possibles ".

Deux axes évidents de développement s'offrent à Dell. Le premier est le Cloud Computing, pour lequel Dell n'a pas caché son appétit, en se lançant notamment dans une spectaculaire surenchère avec HP pour acquérir 3PAR. C'est au final son grand rival qui lui a ravi. Dell a beau avoir récemment racheté Boomi, ce dernier rachat n'efface pas totalement le goût de défaite et donne l'impression que l'acquisition de Boomi était plutôt un lot de consolation. Sa technologie, voulant faciliter l'intégration de solutions basées dans les nuages avec celles basées sur site, a néanmoins un beau potentiel.

L'autre axe de développement est la mobilité, dans une acception plus large que juste les PC portables (incluant donc les téléphones mobiles et les tablettes). Or, en même temps que la publication des résultats financiers, Dell a remercié de Ron Garriques, ancien responsable de l'activité mobile débauché chez Motorola pour prendre la tête de la même activité chez Dell. Laquelle serait même dissoute, selon Les Echos. Impossible de ne pas chercher à expliquer cette décision sans penser à l'échec commercial de la récente tablette Streak lancée cet été.

Sur ces secteurs d'avenir, Dell doit encore faire ses preuves. Son cofondateur et PDG Michael Dell le sait bien : sa réélection de justesse cet été lui a donné un avertissement qu'il n'a pu ignoré.