Réseau social d'entreprise : comment assurer sa réussite Bertand Duperrin (Next Modernity) : "La communauté n'est pas inscrite dans la culture des français"
Comment assurer la réussite de son projet RSE dans le temps ?
Deux options : le faire vivre au travers des communautés, qui n'ont rien à voir avec le travail, mais qui sont réalisées sur la base du volontariat en dehors du temps de travail. Ou bien mettre en place de nouveaux modes d'interaction partagée d'informations dans le quotidien. On est dans ce cas autour du processus métier, où à un moment donné le collaborateur doit résoudre un problème et se pose la question de savoir comment faire pour capitaliser les ressources d'expérience.
Les communautés ont donc un rôle clé à jouer dans le succès d'un RSE ?
Oui, même si elles ne sont pas considérées de la même façon par les américains et les français. Pour les premiers, elles sont considérées comme "above the flow" : une animation et un investissement personnels qui sont effectués en dehors du temps de travail. Un modèle auquel les collaborateurs français ont beaucoup de mal à adhérer. Ici, ce besoin d'animer spontanément touche dans le meilleur des cas 5 à 10% d'entre eux dans une entreprise.
"Le leader qui fait son branding interne n'existe pas vraiment en France"
En France, la séparation entre vie personnelle et professionnelle est très forte. La rockstar qui fait son branding interne n'existe pas vraiment en France où les ressources humaines décident qui sont ces leaders. Il y a là une différence culturelle importante dans l'engagement, et l'adhésion à une communauté par passion chez les américains. Cela est inscrit dans leur génétique collaborative, ce qui n'est pas le cas ici.
Quel est le rôle du manager dans ce contexte ?
L'entreprise doit se poser la question : faut-il désigner quelqu'un pour aider les salariés à collaborer par le biais du RSE ? Je ne crois pas que l'inscrire sur sa fiche de poste soit une bonne solution. En poussant plus loin la réflexion, on peut quand même se demander si au final le fait de capitaliser des connaissances et partager des expériences ne doit-il pas plutôt être la mission de chacun ? Dans un sens oui, dans la mesure où on sera de plus en plus responsable de son propre apprentissage.
Le réseau social d'entreprise d'aujourd'hui n'est-il pas en quelque sorte la gestion des connaissances (KM) d'hier ?
Le KM d'il y a 10 ans n'a rien avoir avec le RSE d'aujourd'hui. Le partage et la capitalisation de savoirs et de connaissances a désormais lieu n'importe où, et n'est pas centralisée dans un endroit. Nous sommes entrés dans une logique de décentralisation des accès à l'information : depuis des usines par exemple pour répondre aux problématiques de maintenance des machines lors des pannes, pour réduire le temps d'incident et d'immobilisation de la chaîne. De ce point de vue, les logiques mobiles de type tablettes tactiles iPad ont pleinement un rôle à jouer.
Bertrand Duperrin est consultant senior de Next Modernity.