Cebit 2008 : entre annonces politiques et écologiques

Les politiques français, allemands et européens se pressent au salon de Hanovre pour prêcher l'union numérique. Mais l'invité de marque, c'est Steve Ballmer, le Pdg de Microsoft.

Le Cebit 2008, grande messe allemande des technologies de l'information, vient d'ouvrir ses portes le lundi 3 mars au soir à Hanovre, et les refermera le 9 mars prochain. 5 800 exposants venus de 75 pays se pressent pour présenter des nouveautés, rencontrer des clients et des partenaires. Cette année, selon le souhait des organisateurs, le salon s'oriente en direction des entreprises plus que du grand public. Une focalisation qui se veut une réponse à la fuite progressive des exposants, tant pour des raisons de restriction budgetaire que de concurrence avec d'autres salons.

Placé sous le signe du partenariat avec la France, comme il l'était l'an passé avec la Russie, le salon est aussi l'occasion de prendre le pouls de la politique numérique de l'Europe et des Etats qui la composent, avec des invités de marque, tel Nicolas Sarkozy, le président de la République française, Angela Merkel, la chancelière allemande, qui ont inaugurés le salon.José Manuel Baroso, le président de la Commission européenne, a aussi fait le déplacement.

Le président français à profité de l'occasion pour annoncer son intention de renforcer l'usage des nouvelles technologies en France, et ce avec comme objectif de porter à 70% la part des ménages français équipés d'un ordinateur d'ici 2010 et de donner à 99% des Français l'accès à l'Internet haut débit avant 2012.

L'occasion aussi pour Nicolas Sarkozy de faire état du concept de " civilisation numérique ", qui doit être selon ses souhaits règlementé, afin d'être " un progrès pour tous " et " un danger pour personne ". Une profondeur d'analyse partagée par Angela Merkel qui quant à elle a estimé que la technologie devait " servir l'humanité et non le contraire ".

"Une économie plus verte"  

José Manuel Baroso, le président de la Commission européenne,a quant à lui insisté sur l'importance d'une politique européenne dans les technologies de l'information et de la communication, et ce pour rendre l'économie "plus verte".

Du côté des syndicats et fédérations professionnelles,l'ambiance est à la réflexion sur la délocalisation des entreprises de hautes technologies. Pour August-Wilhelm Scheer, le président de la fédération des TICs Bitkom, les liens entre la recherche et l'économie doivent être resserrés afin de permettre l'épanouissement de programmes de recherches dont les idées partent souvent à l'étranger avant d'être exploitées dans leur pays d'origine.

Le président de Bitkom souhaite aussi que la pénurie de main d'œuvre qualifiée, qu'il estime à 43 000 postes en Allemagne, soit véritablement prise à bras le corps en investissant dans l'éducation, en encourageant la création d'entreprises, voire en créant pour le secteur de l'informatique un équivalent à Airbus dans le secteur de l'aviation, soit un consortium européen.

Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat français au commerce extérieur, appelle lui aussi à une collaboration européenne dans le secteur du numérique afin de se positionner face aux puissances asiatiques et aux Etats-Unis. Pour Jean Mounet, le président du syndicat professionnel français Syntec Informatique, cela passe par la création de champions économiques comme le sont Google et Microsoft aux Etats-Unis.

La problématique des usages et de l'équipement n'a pas été oubliée,Hervé Novelli appelant à une réconciliation entre les français et les nouvelles technologies et à la mise en place de la fibre optique de manière équilibrée sur le territoire national.

Steve Ballmer en invité de marque

Mais le Cebit, c'est aussi un podium pour des acteurs économiques de poids, qui viennent partager des messages sur la santé du secteur, profitant aussi de l'occasion pour déclamer leur argumentaire commercial. Steve Ballmer, le Pdg de Microsoft, invité de marque du salon, a ouvert le bal le 3 mars.

Sur le thème toujours porteur de l'informatique verte, Steve Balmer a expliqué qu'il avait fait le constat que les ordinateurs et les technologies de l'information étaient gros consommateurs d'énergie et qu'il fallait faire en sorte que cela cesse, en misant sur l'innovation pour atténuer l'impact écologique du secteur.

Selon lui, Microsoft a les cartes en main pour proposer des produits moins gourmands en énergie. Une bonne intention d'autant plus louable que la consommation énergétique de l'informatique dans le monde devrait croître de 60% d'ici à 2010, et ce en partie du fait de la popularisation des appareils nomades, qui selon Steve Ballmer devraient à terme remplacer les impressions papiers.