Whisper est accusée de traquer ses utilisateurs "anonymes"

Whisper est accusée de traquer ses utilisateurs "anonymes" L'application qui permet de partager anonymement des secrets géolocaliserait certains utilisateurs, révèle le Guardian.

Pas si anonymes que ça, les utilisateurs de Whisper. C'est pourtant le fonds de commerce de l'application américaine qui promet à ses utilisateurs de révéler leurs secrets de manière totalement anonyme. Le discours officiel fonctionne bien auprès d'internautes échaudés par les scandales à répétition sur l'interception de leurs données privées : 2,6 millions de messages sont postés sur Whisper chaque jour. La start-up a levé 30 millions de dollars en mars -se valorisant alors à plus de 200 millions de dollars.

Pourtant, selon le Guardian, Whisper géolocalise certains de ses utilisateurs, y compris ceux qui ont spécifiquement refusé la géo-localisation sur l'application. Whisper aurait ainsi développé un outil de mapping qui peut localiser des messages dans les 500 mètres à partir desquels ils ont été envoyés. Par exemple, tous les messages envoyés depuis le Pentagone ou la NSA, cite le Guardian. Whisper peut aussi traquer les mouvements d'un utilisateur précis au cours du temps. Certes, Whisper n'a pas accès aux noms et numéros de téléphone des utilisateurs, mais les informations de géolocalisation peuvent aussi être très précieuses pour déterminer des identités.

Partage d'informations avec la Défense US

L'information révélée par le Guardian pourrait faire grand bruit, alors même que le principe de Whisper est d'encourager à dévoiler des secrets intimes sur sa vie privée ou professionnelle, sous couvert d'anonymat. D'autant que l'application partage des informations avec le Département de la défense des Etats-Unis, révèle le Guardian. Elle suit des utilisateurs précis, parmi lesquels du personnel militaire (le service est très populaire auprès des militaires, qui l'utilisent pour dévoiler des confessions qu'ils ne pourraient publier sous leur véritable identité), mais aussi des personnes travaillant à Yahoo, Disney ou au Congrès, qui pourrait être détentrices d'informations importantes.

Le Guardian dévoile aussi que Whisper est en train de développer une version de son application qui se conformera aux lois de censure chinoises, pour se lancer dans le pays. Parmi ces règles, le blocage automatique de certains mots-clés.

Le Guardian a pu se rendre compte de ces agissements en passant trois jours dans les locaux de la start-up, alors que les deux sociétés négociaient un partenariat de contenus. Contacté par le journal une semaine avant la publication de l'article, Whisper a nié surveiller des utilisateurs sans leur consentement... Puis, quatre jours plus tard, a modifié ses conditions d'utilisation pour permettre explicitement à la société de déterminer la localisation des utilisateurs ayant refusé la fonctionnalité de géolocalisation sur l'application.