Laurent Lipiner (Start'inPost) "L'accélérateur de La Poste se focalise sur le commerce, le domicile et la confiance numérique"

Doté de 12 million d'euros sur trois ans, Start'inPost s'est fixé d'accompagner 24 start-up par an en France, Europe et Israël. Son DGA détaille les priorités de l'accélérateur.

JDN. Quelle est la vocation de Start'inPost, l'accélérateur du groupe La Poste ?

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Laurent Lipiner, directeur général adjoint de Start'inPost © S. de P. La Poste

Laurent Lipiner.  Start'inPost a été lancé le 26 mai 2014 et doté de 12 millions sur trois ans pour accompagner chaque année 24 sociétés, que nous ciblons en France, en Europe et en Israël. Notre objectif : tout faire pour que leur chiffre d'affaires croisse plus rapidement avec nous, car nous les aurons connectées à la force de frappe du groupe La Poste. Qui, pour sa part, y gagne d'intégrer à son offre des innovations qu'il n'aurait pas eu l'agilité de développer lui-même.

Comment choisissez-vous les start-up que vous accélérez ?

Elles doivent déjà avoir fait leur preuve de concept, produire un chiffre d'affaires et être en phase d'amorçage. Nous mettons une pondération très importante sur l'équipe et nous sélectionnons les sociétés en lien avec nos priorités stratégiques.

La baisse chronique des volumes de courrier nous oblige à trouver de nouveaux relais de croissance. Et beaucoup de nos sujets de réflexion sont actuellement explorés par des start-up. Start'inPost a donc été structuré de façon à faire émerger des partenariats équilibrés avec elles. Nous n'entrons pas au capital de celles que nous acceptons, nous leur demandons seulement de pouvoir participer à leurs levées de fonds futures. Mais ce n'est pas une règle systématique.

Dans quels domaines les choisissez-vous ?

Bien évidemment d'abord dans le commerce, qu'il soit sur Internet, physique ou omnicanal. Le deuxième axe est celui du domicile. La Poste assure depuis longtemps ce lien grâce à ses facteurs, mais il va évoluer, notamment avec les innovations en matière d'e-santé et les objets connectés. Nous voulons devenir un acteur de cette transformation du domicile connecté. Le troisième axe porte sur la confiance numérique. Nous sommes déjà un acteur de la confiance dans le monde physique, nous voulons nous positionner aussi sur le stockage et le transfert de données qui nécessitent un tiers de confiance. Une dimension plus technologique, donc, qui inclut également les questions de cybersécurité. Enfin, le quatrième volet est celui de la plateforme Monbusinessfacile.fr de La Poste, qui centralise des services numériques de type ERP pour les TPE et PME.

Quel est le programme de l'année d'accélération ?

Durant les trois premiers mois, nous finançons, sans contrepartie, une expérimentation marché en partenariat avec un de nos clients. Concrètement, une commerciale de La Poste va démarcher nos grands comptes pour leur proposer de tester cette innovation. Cela nous permet de positionner le groupe sur des terrains où il n'est pas encore actif et, dans la foulée, de placer d'autres produits.

"Trois mois de test marché avec un de nos grands comptes"

Si leur test marché est un succès, les start-up passent dans la seconde phase d'accélération. C'est le cas d'environ la moitié d'entre elles. Pendant neuf mois, nous leur fournissons alors diverses briques pour les renforcer, ainsi que des clients. En outre, nous les hébergeons et les faisons bénéficier des conseils d'un mentor externe au groupe. Nous avons un budget de 25 000 euros par start-up.

Quelles sont les premières start-up qui ont rejoint Start'inPost ?

Il s'agit d'Heuritech dans le big data et le machine learning, d'Oxilia dans la mise en relation des personnes âgées en perte d'autonomie avec des aides à domiciles, de Yes Profile dans le contrôle des données personnelles des annonceurs par les internautes, de SmartPanda dans la mise en relation d'affaires et de Koolicar dans l'autopartage entre particuliers sans échange de clés. Nous en avons signé quelques autres, mais ne les avons pas encore annoncées.

En outre, nous ne fonctionnons pas sur un rythme de promotions comme beaucoup d'autres accélérateurs. Nous accueillons les start-up en continu. Cela nous semble plus naturel, même si c'est moins pratique pour communiquer. Nous nous rendons visibles autrement, par exemple via des sessions d'échanges ouvertes avec les start-up. La prochaine, le matin du 22 avril, verra intervenir Serge Alleyne de Toktoktok, Alexei Chamenda de Motionlead, Baptiste Fradin de Infinit et François-Xavier Hussher de Gutenberg Technology, qui témoigneront de leurs approches très différentes pour attaquer le marché américain.

Laurent Lipiner est le directeur général adjoint de Start'inPost, l'accélérateur de start-up de La Poste. Diplômé de Sciences Po Paris, du Celsa et de l'Insead, il débute sa carrière en 1999 chez Altavista en tant que chef de projet business développement. En 2001 il rejoint Vodafone en tant que program manager, puis il cofonde en 2003 l'agence publicitaire Digital Medium, dont il reste à la tête jusqu'en 2006. En 2007 il intègre Diligence Partners, un spin-off du cabinet McKinsey, comme consultant en stratégie. En 2011 La Poste le nomme directeur de projet pour le département stratégie et fusions-acquisitions. En 2014 il lance Start'inPost, dont il devient le directeur adjoint.