Start-up : quel avenir face à la crise du Covid-19 ?

Après un long confinement ayant fragilisé leurs finances et leurs activités, le plus dur reste à venir pour les start-up. Beaucoup d'entre elles doivent repenser leur stratégie en faisant preuve d'inventivité.

Les start-up n'ont pas échappé à la règle. Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, ces jeunes pousses sont confrontées aux mêmes problèmes que la plupart des entreprises : chute d'activité, recours au chômage partiel, annulations auprès des fournisseurs et retards de paiement des clients. Beaucoup d'entre elles ont dû avoir recours aux prêts garantis par l'État (PGE).

Le financement, une problématique fondamentale

Peu de start-up ont fait faillite depuis le début de la crise, en particulier grâce au chômage partiel et aux PGE, qui leur ont permis de faire face aux problèmes de trésorerie les plus immédiats. Cette situation, associée au maintien des dépenses incompressibles, a toutefois provoqué une dégradation du bilan de ces entreprises, qui sont désormais plus endettées et donc plus fragiles.

La priorité de nombreuses start-up est désormais de lever des capitaux propres pour consolider leur structure financière. Or, cet objectif est un véritable défi à relever dans la période actuelle, du fait que les business angels, les fonds de venture capital ("VC") et leurs souscripteurs (Limited Partners, "LP") sont désormais plus prudents. Les montants investis risquent de rester longtemps inférieurs à leurs niveaux de 2019 et la sélectivité des dossiers risque d'être plus forte.

Les financements risquent donc de se tarir pour les start-up les plus fragiles, en portant un coup fatal à leur développement. D'où l'augmentation probable des cas de faillites au cours des 12 prochains mois. Pour conquérir les investisseurs, les start-up vont devoir, plus que jamais, prouver la solidité de leur business model et de leur stratégie.

Repenser sa stratégie, en oubliant les plans d'avant-crise

Repenser sa stratégie pour la solidifier n'est pas seulement un impératif pour les start-up à la recherche de financement. Cette règle s'applique à toutes les PME qui devront tôt ou tard rembourser les prêts dont elles ont bénéficié, ceci malgré un environnement de récession qui risque de se prolonger.

En effet, ce qui était initialement un simple choc d'offre (la fermeture temporaire de nombreuses enseignes) risque d'engendrer une crise de demande plus profonde et durable. Le déconfinement l'a déjà prouvé : le rebond de l'activité reste encore lent car la confiance des consommateurs a été mise à rude épreuve, aussi bien à cause des restrictions sanitaires que des craintes de chômage.

Dans cet environnement difficile, les dirigeants de PME et de start-up doivent essayer de bâtir une nouvelle stratégie sans chercher à revenir au monde d'avant-crise, pour l'instant hors de portée. Cela peut passer par des choix qui auraient semblé impensables il y a seulement 3 mois. Parfois, il sera question d'ajuster son offre pour viser une nouvelle clientèle. Dans d'autres cas, il s'agira de repenser ses chaînes d'approvisionnement pour favoriser le "made in France". Le changement pourra aussi s'orienter vers la maîtrise des coûts : de nombreuses entreprises se posent par exemple la question de ne plus avoir des locaux : réflexion intéressante pour s'assurer plus de flexibilité et de pérennité, mais qui ne peut bien sûr pas s'appliquer à tous les cas de figure.

Demain, les start-up devront savoir raconter leur "Covid-story"

Une chose est sûre : la période actuelle est difficile pour de nombreuses entreprises, mais à long terme, cette crise offrira un puissant gage de confiance aux sociétés qui l'auront traversée, en particulier pour les start-up.

Les entreprises les plus agiles, qui auront su opérer des changements stratégiques parfois profonds mais nécessaires, pourront à l'avenir mettre en avant leur "Covid-story", c'est-à-dire la manière dont elles ont su s'adapter à la crise. Cette présentation permettra de démontrer leur capacité d'adaptation face à des circonstances exceptionnelles, que ce soit pour convaincre de nouveaux investisseurs ou de nouveaux clients.

C'est donc en réfléchissant dès à présent à cette "Covid-story", et en se demandant comment leur réaction face à la crise sera perçue à l'avenir, que les start-up peuvent trouver le courage de faire les bons choix. C'est également de cette manière que les entreprises pourront s'assurer un avenir plus sûr et plus durable qu'il ne l'était avant la survenue de cette crise.