AWS, Google et Microsoft parient sur l'association gagnante 5G et edge

AWS, Google et Microsoft parient sur l'association gagnante 5G et edge En l'espace de quelques mois, les trois grands ténors du cloud ont donné le coup d'envoi de clouds de proximité. Objectif : optimiser le temps de latence des applications digitales et propulser les futurs services 5G.

Les géants du cloud ne pouvaient pas passer à côté de deux grandes tendances du moment que sont la 5G et l'edge computing. Des concepts d'ailleurs intimement liés. Pour concrétiser toutes les promesses du futur standard de la téléphonie mobile (débit jusqu'à dix fois plus rapide, temps de latence réduit à quelques millisecondes), les opérateurs télécoms vont devoir refondre leurs architectures en migrant vers des environnements de cloud locaux, plus proches de l'utilisateur final. D'où le terme telco edge. Même logique du côté des grandes entreprises dans leur ensemble. Toutes cherchent à optimiser les temps de latence de leurs applications digitales critiques les plus sollicitées. Face à ce défi, un modèle de cloud décentralisé, recourant pourquoi pas à la 5G, représente une piste toute trouvée. On parle alors d'entreprise edge.

Amazon ouvre le marché

Ces derniers mois, les grands clouds américains se sont positionnés les uns après les autres sur ce créneau. Comme souvent, Amazon Web Services (AWS) a tiré le premier. Lors de son dernier événement clients Re:Invent fin 2019, le numéro un du cloud public annonçait deux offres. La première, AWS Wavelength, déploie des ressources de calcul et de stockage à la périphérie d'un réseau 5G. Ce service est taillé pour prendre en charge des applications critiques ou émergentes, notamment dans l'IoT industriel et la réalité virtuelle ou augmentée. Il passe par la mise en œuvre de zones cloud locales (Wavelength Zones) optimisées pour la 5G. Aux Etats-Unis, AWS a lancé une expérimentation basée sur cette technologie avec Verizon et la Ligue de football américain visant à analyser les données d'un match directement depuis le stade.

Seconde offre d'AWS, les Local Zones se présentent sous la forme de micro-data centers installés au plus près des grands bassins d'emploi ou des sites industriels. Il s'agit de rapprocher des utilisateurs finaux les applications nécessitant un faible temps de latence telles les modèles de machine learning, les jeux multi-joueurs ou encore les solutions industrielles de l'usine du futur. Les entreprises qui passent par une zone locale peuvent exécuter localement des services d'AWS : Amazon EC2, Elastic Block Store ou Elastic Load Balancing. Une première zone locale a été déployée à Los Angeles. Un billet de blog reprend les différents cas d'usage qui y sont actuellement testés.

Des zones Azure publiques et privées

Microsoft Azure dévoilait en mars dernier deux nouveaux services en préversion frontalement concurrents de ceux d'AWS. Sur le modèle de l'approche d'AWS, l'offre Azure Edge Zones vise à étendre ses services cloud à la périphérie du réseau via des mini-centres données de proximité. Objectif : concrétiser les scenarii imaginés avec le déploiement de la 5G. Parmi eux, Microsoft évoque notamment les villes intelligentes, les véhicules autonomes, la robotique ou encore la réalité mixte. Selon le groupe américain, les applications recourant à ces zones bénéficieront de tous les outils de sécurité et APIs au catalogue d'Azure. La cible ? Les opérateurs télécoms. Microsoft précise d'ailleurs avoir signé des accords avec plusieurs d'entre eux, dont AT&T, NTT Communications, Telefonica ou Vodafone Business. Une nouvelle stratégie d'écosystème dans laquelle s'inscrit le rachat par Redmond d'Affirmed Network. Cette start-up est spécialisée dans la virtualisation des fonctions réseau, technologie incontournable sur la voie de la 5G cloudifiée.

Déclinaison de la première offre, Azure Private Edge Zones reprend le même concept mais en privatisant la zone locale. Microsoft présente cette solution alternative comme un réseau privé 5G / LTE combiné à Azure Stack Edge. La finalité ? Proposer une solution Azure déployable sur site répondant aux enjeux de sécurité, mais aussi de faible latence et de bande passante élevée. Azure Private Edge Zones tire parti des zones Azure Edge et des services IoT maison d'Azure tels qu'Azure IoT Central et Azure Sphere.

130 zones locales pour GCP

C'est aussi en mars 2020 que Google a dévoilé sa stratégie d'edge en mode cloud ciblant les opérateurs télécoms. Baptisée Global Mobile Edge Cloud (GMEC), elle se concrétise sous la forme d'un portefeuille de solutions 5G, coconstruites avec les acteurs de la filière, et d'une plateforme cloud permettant de développer des applications orientées edge et de les exécuter dans plus de 20 régions et 130 "emplacements périphériques" à travers le monde.

Google Cloud Platform (GCP) a conclu un accord avec AT&T pour concevoir des solutions bénéficiant de cette infrastructure, ciblant les entreprises du commerce de détail, de l'industrie manufacturière ou des transports. Elles feront appel aux technologies de machine learning du provider et à l'orchestrateur de containers logiciels Kubernetes. GCP a également noué des partenariats avec deux fournisseurs de logiciels et de services pour le secteur des télécoms :  Amdocs et Netcracker. Altice USA exploite déjà des systèmes de données et d'analyse d'Amdocs basés sur GCP.

En parallèle, le cloud provider de Mountain View a annoncé le lancement d'Anthos for Telecom. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une déclinaison de sa plateforme de cloud hybride Anthos à destination des opérateurs télécoms. Avec cette environnement mixte, basée là-encore sur Kubernetes, ces derniers pourront exécuter leurs applications où ils le souhaitent : en interne, dans le cloud public  GCP, sur des clouds tiers, voire à la périphérie du réseau.