Cloud repatriation : vers la reprise d'applications en interne face à l'explosion des coûts

Cloud repatriation : vers la reprise d'applications en interne face à l'explosion des coûts Pour certains CIO, ce n'est plus une option. Suite à la hausse des prix de l'énergie, certains workloads sont éligibles à un rapatriement on-premise.

Même si la hausse des coûts de l'électricité a été plus limitée que prévue en France, les prix du cloud public subissent de plein fouet l'inflation. Tout au long de 2022, les providers ont revu les uns après les autres leurs grilles tarifaires à la hausse : Google en mars, Microsoft en août, puis les français OVHCloud et Scaleway au second semestre. Résultat : dans les entreprises, la négociation des budgets informatiques pour 2023 s'est faite à couteaux tirés. Une situation qui amène désormais des DSI à ne plus hésiter à rapatrier certaines applications en interne, toutes les options étant désormais sur la table pour réaliser des économies.

"Un nombre croissant de clients ajustent leur stratégie cloud pour plus d'efficacité et de contrôle. Cela inclut l'évaluation du rapatriement de certaines charges de travail cloud vers des centres de données privés ou en colocation afin de réduire les coûts, favorisant ainsi l'adoption de stratégies hybrides et multicloud", résume Canalys dans sa dernière étude de conjoncture sur le segment du cloud. Partant de là, le cabinet d'étude table sur un ralentissement du taux de croissance du cloud d'infrastructure au cours des prochains trimestres. Il s'attend pour 2023 à une hausse des dépenses mondiales sur ce créneau du IaaS limitée à 23 %, contre 29 % en 2022. Une autre étude, publiée fin 2022 par Dell celle-là, montre que 96% des décideurs IT ayant rapatrié des charges de travail ou des applications en interne évoquent la rentabilité comme principal avantage, tandis que 40% citent la sécurité et la conformité.

"Nous pouvons économiser au total environ 7 millions de dollars en ressources IT sur cinq ans"

Alors que les coûts du cloud public explosent depuis un an, les prix des volumes de stockage sur disque, des ressources réseau, de calcul, des alimentations et autres équipements de centre de données n'ont cessé de chuter ces dix dernières années… Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que certains CIO se posent la question de lancer une stratégie dite de "cloud repatriation". Parmi les workloads éligibles, le stockage de données froides est évidemment l'un des mieux à même de générer un retour sur investissement net sans grande prise de risque.

Quelles autres applications pourraient être ciblées ? Principalement des traitements qui ont été basculés ver le cloud public sans avoir été profondément remaniés. Des applications qui, par conséquent, ne peuvent pas bénéficier pleinement des services du fournisseur, en matière d'automatisation, d'intégration, de traitement de data, d'IA, d'élasticité des ressources… Or, c'est bien cette couche généralement propriétaire, qui fait toute la valeur ajoutée et justifie le prix du service.

A l'inverse, les applicatifs qui dépendent fortement du provider ne seront pas éligibles au retour sur site. Ce sera notamment le cas des plateformes data et IA reposant sur les base de données, data lake et data warehouse managés, mais aussi des systèmes tirant parti des dispositifs d'autodimensionnement ou des capacités de calcul quantique du cloud public, notamment.

Retour d'expérience

Il ne s'agit pas pour autant d'abandonner le cloud public, celui-ci demeurant le creuset le plus efficace pour lancer rapidement de nouvelles applications innovantes dans une approche de test and learn. L'objectif est plutôt de rééquilibrer la structure de coût entre le cloud public et privé, en vue in fine de rendre les budgets plus robustes. Sachant que cette stratégie d'hybride cloud est loin d'être un phénomène nouveau. D'après le Global Hybrid Cloud Trends Report publié par Cisco en septembre 2022, 82% des organisation ont adopté cette démarche, et 42% ont recours à trois offres de cloud d'infrastructure simultanément.

Un retour d'expérience ? Editeur de l'outil de gestion de projet Basecamp, 37signals a décidé de décommissionner son application d'AWS en fin d'année dernière. Sur 2022, la start-up de Chicago affirme avoir dépensé 3,2 millions de dollars dans le cloud de Seattle pour supporter Basecamp. "Nous avons décidé de bâtir nos propres outils et avons réussi à sortir la première petite application du cloud d'Amazon il y a quelques semaines", explique David Heinemeier Hansson.

Le cofondateur de 37signals ajoute : "Nous visons désormais une sortie complète du cloud d'Amazon d'ici la fin de l'été. D'après nos calculs préliminaires, nous pouvons économiser au total environ 7 millions de dollars en ressources IT sur cinq ans. Et ce, sans changer la taille de notre équipe d'opération." (lire le blog post de David Heinemeier Hansson pour en savoir plus sur ce retour d'expérience)