Innover sans ubériser dans la santé, c'est encore possible

Le marché de la réservation de rendez-vous médicaux en ligne a été présenté à tort comme une ubérisation de la santé. La réservation en ligne ne remet pas en cause le secteur, elle l'aide a amorcer sa transition vers le digital.

Transport, hôtellerie, banque, librairie, assurance, restauration, droit, enseignement, aucun secteur ne semble échapper à “l’ubérisation”. Depuis plusieurs mois, on assiste dans les médias à une énumération sans fin des acteurs qui « ubérisent » des pans entiers de notre économie, recensés notamment par un « Observatoire de l’ubérisation ».
Mais quelles significations se cachent derrière ce label ? Trois phases successives semblent avoir émergé depuis que les voitures Uber arpentent les rues du monde entier :

Phase 1 – Genèse : L’ubérisation est d’abord un modèle commercial, basé sur la mise en contact, à travers une application mobile ou un site Internet, d’un fournisseur de services avec des clients, à tout moment et sans délai.


Phase 2 – Popularisation :
L’ubérisation devient une stratégie de croissance et un objectif répliqué par de nombreuses startups, qui consisterait à bouleverser un marché ou un secteur existant en prenant le succès d’Uber comme exemple.


Phase 3 – Stigmatisation : L’ubérisation finit par faire des victimes. Ubériser revient à ringardiser, anéantir, un concurrent dépassé par l’innovation numérique. “L’ubérisateur” doit proposer de meilleurs services, coûte que coûte, même si cela passe par des pratiques discutables concernant le droit du travail ou la fiscalité…
En l’espace de quelques mois, nous sommes passés du qualificatif un peu fourre-tout qui désigne les nouveaux services issus du numérique, au registre fataliste centré notamment sur les acteurs menacés par ces évolutions. Si hier on entendait : « Tu ne connais pas [nom du service] ? C’est l'« Uber » de [nom du secteur] » ; on lit aujourd’hui « X, la startup qui va ubériser tout le domaine Y ».

De vraies questions ressortent de ces significations changeantes : n’est-il plus possible d’entreprendre sans « ubériser » ? Tous les modèles innovants du numérique sont-ils condamnés à détruire pour reconstruire ?

Mon expérience d’entrepreneur m’a convaincu que l’ubérisation n’est pas la seule façon d’entreprendre, d’innover et de se développer. Aujourd'hui il est possible de faire évoluer un secteur sans ubériser, sans casser.

Le marché de la réservation de rendez-vous médicaux en ligne a été présenté parfois à tort comme une ubérisation de la santé. Il n’en est rien. Aucune similitude avec des modèles où les taxis sont concurrencés par des VTC ou encore les hôtels sont remplacés par des particuliers.
Innover sur le marché de la réservation de rendez-vous médicaux c’est travailler au quotidien avec les professionnels de santé pour leur fournir des outils novateurs et complets de gestion de leur consultation et de leur patientèle. Pas les remettre en cause :
Les praticiens ne sont pas remplacés, ils sont les premiers bénéficiaires et ambassadeurs du concept grâce auquel ils diminuent leur temps de secrétariat, réduisent leurs rendez-vous non honorés, améliorent leur gestion de cabinet et communiquent mieux avec leurs patients.
Les secrétaires ne sont pas remplacées non plus, elles sont les premières utilisatrices et prescriptrices de ce nouveau mode de réservation de rendez-vous, grâce auquel elles sont beaucoup moins sous pression et se concentrent sur des tâches à forte valeur ajoutée.
Enfin, c’est un vrai service aux patients, qui peuvent désormais prendre un rendez-vous sur Internet en quelques clics 7j/7 et 24h/24, accéder aux soins plus rapidement, trouver de l’information sur les praticiens et gérer leur historique de consultation.

Peut-on donc innover sans ubériser dans le domaine de la réservation de rendez-vous médicaux ? Un grand oui ! En créant de nouveaux outils du quotidien qui permettent aux praticiens, aux établissements de santé et aux patients de renforcer leurs liens tout en s’adaptant à leurs pratiques.
Arrêtons donc de catégoriser hâtivement toutes les startups innovantes et en croissance de «Uber de [X]», il existe une autre façon de voir les choses : nous pouvons changer un secteur sans l’ubériser.