Les start-up edtech s'installent en France

Les start-up edtech s'installent en France L'e-learning et l'e-éducation ont le vent en poupe. Après les Etats-Unis, les start-up du secteur comment à émerger en France et à lever des fonds. Tour d'horizon.

Pendant que se tient actuellement le grand rendez-vous de l'éducation et des technologies (Educatice/Educatec à Paris, porte de Versailles), le monde de l'e-learning et de l'e-éducation hexagonal semble en ébullition. Alors que les investissements dans les Edtech aux Etats-Unis ne cessent de croître depuis 4 ans avec plus de 1 milliard d'investissement en 2013, les choses évoluent enfin en France.

Le bal a été ouvert par le rachat de la société  de la société française Crossknowledge pour 175 millions de dollars par l'éditeur américain Wiley en juin dernier. L'entreprise avait réalisé un chiffre d'affaires de 37 millions de dollars lors de la clôture de ses comptes en juin 2013. Alven Capital est précurseur dans l'univers des fonds. Il a financé en mars 2012 Simple IT (le site du zéro renommé openclassroom) pour 1,2 million d'euros, puis 1 million de plus en février dernier.

Ces six derniers mois, Lelivrescolaire.fr a levé plus de 900 000 euros en mai, Kartable qui souhaite devenir le deezer de l'éducation en ligne, a levé de son côté plus de 1,2 million avec Partech et la BPI fin octobre. La plateforme d'e-learning 360learnings a levé 1,2 million d'euros auprès d'Isai et 3T capital et enfin la semaine dernière Coorpacademy, l'entreprise fondé par Philippe Tassetto, a levé 3,2 M d'euros. Parallèlement plus d'une dizaine de dossiers circulent en ce moment chez les VC.

La tendance Edtech en France

L'engouement pour les edtech est sans commune mesure avec les Etats-Unis mais on sent bien que les choses bougent en France, le gouvernement a annoncé que 800 000 tablettes allaient être distribué chez les élèves de 5e en septembre 2016. Plus de 100 000 tablettes sont en circulation dans les écoles françaises et on ne compte plus le nombre d'expérimentations en milieu scolaire.

"Aux Etats-Unis, environ 1,3 milliard de dollars seront investi en 2014 dans les edtech, en France nous sentons que les choses frémissent. Il n'est pas impossible que 20 à 60 millions d'euros soit investis en 2015, analyse François-Xavier Hussherr, président de Gutenberg Technology, qui fait plus de 50% de son CA aux US. Les annonces du gouvernement vont sans doute booster les ventes en 2015 et 2016 comme cela a été le cas en Angleterre en 2009 et 2010." Aux US, on voit apparaître des acteurs qui revendiquent 5 à 40 millions d'utilisateurs. Des centaines d'écoles signent des accords avec Edmodo, Remind ou Google Education, qui revendique 40 millions de comptes "education". Dans l'e-learning, Plurisight a levé plus de 200 millions de dollars pour couvrir le gap entre les qualités des étudiants que les entreprises attendent et celles que donnent les universités. Plus de 10% des étudiants américains suivent ainsi des formations universitaires uniquement online. 

"Au-delà de l'équipement des élèves et des étudiants en smartphone, on voit bien que les usages se modifient en profondeur. Le modèle de l'enseignement magistral qui n'a pas bougé depuis plus de 100 ans a atteint son point de rupture", explique Ivan Ostrowicz, directeur général de Domoscio qui est la seule entreprise à faire partie de l'Open Education Challenge. "Il faut inventer une autre façon d'enseigner et tirer parti des technologies d'apprentissage personnalisées et adaptatives."

Les fonds d'investissement français commencent à prendre conscience du phénomène. "Un fonds spécifique pour les edtechs est en train de se monter, cela correspond très bien à la montée du business", dévoile Laetitia Grail, cofondatrice de MyBlee. "Ces projets sont souvent très technologiques, le temps de mise sur le marché est long, les start-up de notre secteur demandent beaucoup d'investissement", analyse-t-elle.

Une typologie des investissements Edtech

A l'heure actuelle, les investissements s'orientent vers 4 directions. D'abord, les plateformes technologiques d'e-learning SaaS qui ont l'avantage de pouvoir manipuler tous les contenus et de les numériser, comme Aquafadas ou Gutenberg Technology. Aux US, Echo360 vient de lever 18 millions de dollars en novembre autour du concept de SaaS Teaching. Ensuite, des entreprises de contenus comme OpenClassroom pour l'enseignement de l'informatique et du code ou bien des contenus spécialisés sur les tablettes comme MyBlee ou Edupad pour le primaire et le secondaire.Puis, les réseaux sociaux d'élèves commencent doucement à émerger avec Digischool. Ils sont plus installés aux Etats-Unis où les élèves consomment par millions les services de Edmodo, le Facebook des écoles (qui a levé 87 millions de dollars) ou bien Remind (qui a levé 59 millions de dollars.
Mais les plus grosses levées vont venir des entreprises d'adaptative learning qui permettent à chaque élève d'avoir un parcours différent en fonction de leur profil et de leur résulat. Knewton a ainsi levé 51 millions de dollars en décembre 2013 (pour un total de 105 millions de levés). Knewton a notamment sorti avec Gutenberg Technology en octobre la première application sur tablette adaptative. Chaque élève qui utilise l'apllication a un parcours d'apprentissage différent et personnalisé. En France, Domoscio se distingue par une technologie d'ancrage mémorielle particulièrement efficace.