E-mailing : les règles de la délivrabilité Les règles des opérateurs sont de plus en plus strictes

S'ils ne donnent jamais les clés de compréhension de leur systèmes anti-spam, les opérateurs et services de messagerie acceptent souvent, au cas par cas, d'expliquer les raisons qui ont conduit à retarder l'envoi d'un e-mailing, ou le "grey listing", qui peut aller des quelques minutes à plusieurs heures, à bloquer un e-mailing, voire à radier un annonceur en le déclassant dans sa zone d'alerte, plus communément appelée "black list ".

jean-paul lieux, pdg de dolist
Jean-Paul Lieux, PDG de Dolist © Dolist

Selon Jean-Paul Lieux (Dolist), explique observer des changements au fil des campagnes. "Ce que nous constatons, c'est que chaque opérateur ou service de messagerie a ses propres règles. Certains sont plus stricts que d'autres. C'est le cas de Free. D'autre part, il y a ceux qui acceptent le dialogue avec les annonceurs ou agences marketing, et livrent une partie de leurs pratiques. Yahoo est par exemple particulièrement coopérant. Il nous envoie les alertes, à titre d'information, qui nous permettent d'identifier les problèmes de certaines campagnes. Avec Orange, nous pouvons avoir un dialogue en cas de blocage et obtenir quelques éclairages. En revanche, Free est totalement fermé".

Mais il existe aussi des notes positives. Les "white lists" sont constituées à partir d'acteurs du marché particulièrement conformes. Cela leur donne plus rapidement accès aux différents services techniques. Cependant Mathieu Dodergny explique que "en France, il n'y a pas de white listing comme aux Etats-Unis. Outre Atlantique ces listes sont une garantie que les messages seront délivrés de manière optimale. Ils bénéficient par exemple du téléchargement automatique des images. La suspension d'un annonceur white-listé peut intervenir a posteriori mais cela prend plus de temps. Et, autre différence, les annonceurs payent là-bas pour figurer sur ces listes. La France ne permet pas ce genre d'avantage. Les white lists existent mais elles sont très provisoires. Par ailleurs les Américains sont moins attentifs au contenu des e-mails en général".

Pour Jean-Paul Lieux, "les prétendues ententes entre certains annonceurs et les FAI sont un mythe". Les black lists bloquent des annonceurs pour des durées très variables. Cela peut durer 4 heures, 24 heures, ou être définitif. Lorsqu'il s'agit de quelques heures, il s'agit davantage d'un avertissement.

L'opérateur télécom spécialiste des professionnels Nérim a construit un algorithme évolutif afin d'identifier les IP des spammeurs, mais surtout leurs méthodes et les caractéristiques des envois car "ils changent évidemment régulièrement leurs adresses IP et leur filtrage est un travail quotidien", selon Hervé Delion, responsable des systèmes d'information au sein de Nérim. 

Cet algorithme base d'ailleurs 10 % de son analyse sur les usages des utilisateurs. Ces usages sont les signalements de spams, mais aussi des mots indiqués comme intrusifs ou d'autres critères personnalisés par les utilisateurs. Hervé Delion souligne que "en vertu de la neutralité du Net, Nérim ne propose son outil de filtrage qu'en option. Cependant nous observons que cette option est de plus en plus souscrite par nos abonnés. Cette position nous permet de fournir un outil plus strict que la moyenne du marché".