Xavier Niel, magnat des télécoms à l'international et bienfaiteur de la French Tech

Xavier Niel, magnat des télécoms à l'international et bienfaiteur de la French Tech Principal dirigeant et actionnaire d'Iliad, la société mère du fournisseur d'accès Internet Free, Xavier Niel est devenu l'icône des entrepreneurs français du Web.

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Xavier Niel, actionnaire majoritaire et dirigeant historique du groupe Iliad. © Benoir Meli / Journal du Net

Né en 1967 à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), Xavier Niel se lance dans la vie professionnelle dès 17 ans en créant des services de minitel rose. Trois ans plus tard, il abandonne sa classe préparatoire scientifique pour se lancer à plein temps dans l'aventure. En 1991, il rachète Fermic Multimédia, un éditeur de services de minitel rose qu'il rebaptise Iliad.

Dès les prémisses d'Internet, Xavier Niel sent un potentiel à exploiter. En 1995, il entre au capital du premier fournisseur d'accès à Internet grand public français, Worldnet, revendu en 2000 pour 40 millions d'euros. En 1996, il lance l'annuaire inversé, "3617 Annu", et le site "societe.com" avec le groupe Iliad.

Trois ans plus tard, Xavier Niel crée Free, un fournisseur d'accès à Internet qui propose un accès sans abonnement ni numéro surtaxé. Une initiative quasi-inédite en France : seuls WorldOnline et Freesurf s'y sont alors déjà essayés à échelle régionale. En imaginant le concept de la box et l'offre de triple play, Xavier Niel parvient à imposer Free en tant que leader des opérateurs alternatifs : en 2002, le fournisseur révolutionne le secteur en commercialisant la Freebox, un pack regroupant internet, téléphone et télévision à des prix défiants toute concurrence (29.99 euros par mois). Très vite, le modèle est imité par les autres opérateurs.

Dans les années 2000, Xavier Niel connaît des problèmes avec la justice. Il est accusé d'avoir empoché en espèces les recettes d'un sex-shop dans lequel il a investi. En 2006, il est condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis et à 250 000 euros d'amende pour recel d'abus de biens sociaux.

Serial investisseur

Le business angel soigne son image. En 2010, il investit dans de nombreuses start-up. Dans l'information, tout d'abord (Mediapart, Bakchich, puis, plus tard, Atlantico), mais aussi dans la technologie (Ateme) et la musique (Deezer). La même année, il rachète le quotidien Le Monde en s'associant avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse. Son fonds d'investissement, Kima Ventures, créé en mars avec l'entrepreneur Jeremie Berrebi, s'est donné pour objectif d'investir dans une à deux startups à travers le monde chaque semaine. Xavier Niel est aussi membre du Conseil national du numérique entre avril 2011 et juillet 2012.

En 2012, Free se lance dans la téléphonie mobile. Avec des forfaits low-cost défiant toute concurrence, l'opérateur bouleverse le marché des télécoms français. En un an, il réussit le tour de force de prendre 8% de parts de marché en séduisant 5,2 millions d'abonnés. En 2014, il rachète 55% de Monaco Telecom. Après une proposition échouée de rachat de T-Mobile USA, filiale américaine de Deutsche Telekom, il se tourne vers la Suisse en rachetant Orange Suisse (devenu Salt) (Lire : "Comment Xavier Niel tisse sa toile dans les télécoms hors de France", du 15/01/16).

En octobre 2015, Bloomberg révèle que Xavier Niel est entré à hauteur de 11% au capital de l'opérateur Telecom Italia, à titre personnel. Le patron de Free entre ainsi en concurrence avec l'autre magnat français des télécoms, Vincent Bolloré, dont le groupe Vivendi a investi un peu plus tôt dans l'opérateur italien -il en détient 20,03%.

En janvier 2016, le Financial Times révèle qu'Iliad a manifesté son intérêt auprès de l'Ofcom, le régulateur britannique des télécoms, pour entrer sur le marché. Le projet de rachat d'O2 par le hongkongais Hutchison, déjà propriétaire de Three UK, pourrait permettre à Xavier Niel d'implanter Iliad au Royaume-Uni. En mars, le PDG s'est d'ailleurs entretenu avec la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager pour parlé du marché des télécoms au Royaume-Uni, quelques semaines avant qu'elle ne rende un avis sur le rapprochement O2/Three.

A la même période, suite à l'échec des négociations pour une cession de Bouygues Telecom à Orange, le PDG du groupe Bouygues a laissé entendre que les négociations quadripartites avaient échoué à cause de Xavier Niel : "Manifestement, l'un des protagonistes nourrissait l'ambition d'avoir le maximum en payant le minimum, tout en gardant la possibilité de se retirer", a-t-il déclaré. Lundi 4 avril, suite à l'annonce de l'échec de la fusion, les cours des actions des télécoms ont drastiquement chuté : en une journée, la valeur des actions de Xavier Niel a ainsi perdu un milliard d'euros.

Ecole 42 et Halle Freyssinet : moteur de l'écosystème tech

En mars 2013, l'entrepreneur annonce la création de l'école 42, destinée à former des jeunes de 18 à 30 ans à la programmation et aux métiers techniques du numérique. Gratuite, la formation est financée à 100% sur fonds propres pour dix ans. La même année, Xavier Niel annonce l'acquisition de la halle Freyssinet, à Paris, pour y bâtir un méga-incubateur destiné à accueillir 1 000 start-up. Il participe également, aux côtés de Marc Simoncini et de Jacques-Antoine Granjon, à 101 projets, en finançant 101 jeunes pousses à hauteur de 25 000 euros.

Xavier Niel est le père de deux garçons nés en 2000 et 2002 ainsi que d'une fille née en 2012 de son mariage avec Delphine Arnault, la fille du patron de LVMH Bernard Arnault.

En 2016, Forbes place Xavier Niel à la 132e place du classement des plus grandes fortunes du monde  (il était 136ème un an plus tôt) et à la septième place du classement français. Le journal estime son patrimoine à 8 milliards de dollars (7 milliards d'euros). Il passe ainsi devant son grand rival Patrick Drahi, dont la fortune a fondu de plus de 10 milliards de dollars entre 2015 et 2016 à 5,9 milliards de dollars, et qui occupe désormais la 205e place mondiale. Xavier Niel détient 55% du groupe Iliad, 55% de Monaco Telecom, 15% de Telecom Italia.