"Carrefour des illusions", les meilleurs extraits 1999, la fusion surprise qui change le visage de la distribution

Nous sommes en 1999. Cette année-là, Carrefour n'est pas encore le groupe que nous connaissons aujourd'hui, il bataille toujours avec le concurrent Promodès, propriété de la famille Halley, et ses enseignes Continent, Champion ou encore Shopi. Jacques Beauchet, alors chez Promodès, raconte l'annonce de la fusion.

Les huit personnes autour de la table sont sous le choc. Aucun des dirigeants présents n'a été mis dans la confidence.

"Lorsque, ce jeudi 26 août, en milieu de matinée, Paul-Louis Halley réunit ses principaux collaborateurs, aucun d'entre eux n'imagine la nouvelle qu'il va annoncer. (...) Cette fameuse nouvelle va changer le visage du commerce dans le monde et bien sûr bousculer les agendas et la vie personnelle de chacun.

Au 5e étage du siège, à Levallois-Perret, au nord-ouest de Paris, il est 10 heures quand Paul – comme l'appellent ses proches collaborateurs – entre dans la salle de réunion, un peu tendu. L'ambiance est particulière. Il n'est pas dans son habitude de convoquer son état-major à une réunion au dernier moment, sans ordre du jour. Cette situation inconnue crée un curieux climat où se mêlent interrogations et léger stress. Il s'assied et dit : "Bonjour, je vous ai réunis ce matin pour vous annoncer que Promodès et Carrefour vont fusionner." Cette phrase est suivie d'un silence puis il enchaîne, non sans quelque fierté : "Le nouveau groupe résultant de cette fusion sera le deuxième mondial et le premier en Europe, le premier en France, le premier en Espagne, le premier au Brésil, le premier en Argentine, le premier en Grèce, le premier à Taïwan, en Chine, en Indonésie !" Enfin, il ajoute : "C'est un mouvement stratégique exceptionnel, le meilleur que nous pouvions imaginer. Avez-vous des questions ?"

c'est lors d'une réunion improvisée que les dirigeants de promodès apprennent la
C'est lors d'une réunion improvisée que les dirigeants de Promodès apprennent la nouvelle. © iStockphoto / Tinkstock

Les huit personnes autour de la table sont sous le choc. A ma connaissance, aucun des dirigeants présents – en dehors de Robert Halley, le frère de Paul, et de Luc Vandevelde, le directeur général – n'a été mis dans la confidence. Tout a été réglé dans la plus grande discrétion avec la direction de Carrefour et les banques conseils en quelques semaines. C'est incroyable mais pourtant bien réel. En fait, Paul-Louis Halley, qui détient avec son frère et sa sœur plus de 50% des droits de vote de Promodès, n'a besoin de personne d'autre pour en déterminer le destin. "

En savoir plus : http://www.carrefourdesillusions.com/