"Carrefour des illusions", les meilleurs extraits 2007, de nouveaux actionnaires, un nouveau pouvoir

2007. Cela fait deux ans que Jose Luis Duran est président du directoire de Carrefour. Deux ans d'une relative sérénité, selon l'auteur, que vient troubler l'arrivée de nouveaux actionnaires : Bernard Arnault et Colony Capital, rassemblés au sein de Blue Capital.

Même si la famille Halley reste le premier actionnaire, on sent très nettement que le pouvoir est en train de changer de mains.

"Je dois me rendre à l'évidence, tout a changé. Le précédent conseil était totalement dominé par Luc Vandevelde, qui s'appuyait sur les 21% de droits de vote détenus par la famille Halley et sur son charisme personnel pour agir en véritable patron. Maintenant, le pouvoir est clairement pris par les représentants de Blue Capital. Bernard Bontoux et Pierre-Jean Brénugat, représentant les intérêts de la famille Halley, s'expriment rarement. Quant à Robert Halley, bien que président, il pèse peu sur les débats. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce que Luc Vandevelde nous disait la veille de son départ de Carrefour : "Ne vous faites aucune illusion, les Halley sont vendeurs, avant douze mois ils auront mis fin au pacte qui les lie !"

C'est ainsi que Sébastien Bazin et Nicolas Bazire, avec 9,1% des actions et un peu moins de 8% des droits de vote, s'imposent dès le début comme les nouveaux patrons. Ils sont très différents. L'un est grand, blond, extraverti. C'est Bazin, par ailleurs administrateur de nombreuses sociétés, entre autres d'Accor, et aujourd'hui mieux connu du grand public depuis qu'il a pris la présidence du Paris-Saint-Germain. L'autre est de taille moyenne, brun, et plus réservé. C'est Bazire, ex-directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon, proche de Bernard Arnault mais aussi de Nicolas Sarkozy. Il a même été le témoin de son mariage avec Carla Bruni. Enarque atypique, il a fait l'Ecole navale. Cela n'est pas sans résonance pour le capitaine de corvette de réserve que je suis.

bernard arnault est entré au capital.
Bernard Arnault est entré au capital. © Nicolas Genin

Tous deux posent beaucoup de questions, prennent des positions et sont très écoutés. Même si la famille Halley reste le premier actionnaire, même si elle occupe le poste de président et est représentée par deux autres membres du conseil, on sent très nettement que le pouvoir est en train de changer de mains. D'un côté, des investisseurs décidés, prêts à augmenter leur participation et à prendre toute leur part dans la direction du groupe, et qui affichent des objectifs de retour sur investissement très ambitieux. De l'autre, une famille divisée, désemparée, devrais-je dire, qui n'a qu'une idée en tête : quitter une société qui les a déçus, en "sauvant les meubles". "

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