Les enjeux de l'accueil de la petite enfance

Toutes les questions posées par l'accueil des jeunes enfants en France

Vous en avez beaucoup entendu parlé pendant plusieurs semaines quand le gouvernement réfléchissait sur le quotient familial, sur la réforme des prestations familiales.
A présent, le sujet des solutions d'accueil des jeunes enfants n'est plus dans l'actualité des journaux télévisés mais le problème reste le même.
  • Oui, il n'y a pas assez de places pour accueillir les enfants des familles en France.
  • Oui, la situation dure depuis des décennies malgré les ambitions affichées de la politique familiale et les moyens mis en oeuvre par les gouvernements successifs.
  • Oui, l'histoire des modes de garde est l'histoire d'une pénurie (lire l'historien Norvez, 1990) parce que la natalité française se maintient à un niveau élevé (12.6 enfants pour 1000 femmes en âge de procréer) et parce que les femmes ont vu leur taux d'emploi progresser pour atteindre 80 % en 2010 (femmes âgées de 30 à 50 ans).
Ces données là, vous les trouverez dans de nombreux rapports, études et analyses à consulter sur le net.
En attendant, dans votre ville, au quotidien, à la simple évocation de la garde de votre futur enfant, de celui de la voisine ou encore d'une cousine, le sujet réveillera un débat sans fin : où l'inscrire ? Dans quelles conditions ? A quel prix ?
Deux grandes modèles coexistent : l'accueil collectif ou l'accueil individuel, autrement dit, la crèche (sous toutes ses formes) et l'assistante maternelle.
Chaque parent avec son expérience, a jugé l'un ou l'autre, a changé d'avis en cours de route ou s'est résigné faute de trouver une autre solution d'accueil plus adaptée.
Les pouvoirs publics, eux, ont choisi. La priorité est clairement donnée aux assistantes maternelles.
Comment ?

  • D'abord en sortant le métier de l'économie parallèle et en le revalorisant (élaboration d'une convention collective et formation obligatoire).
  • Ensuite, en augmentant le nombre d'agrément à l'échelle du département et en augmentant le nombre d'enfant autorisé par nounou (4 enfants depuis 2009).
  • Enfin, par des incitations fiscales notamment pour l'employeur et très récemment, pour les familles modestes, la possibilité de ne plus avancer les frais de garde (la CAF versant les prestations directement aux assistantes maternelles).

Pourquoi ce choix des pouvoirs publics ?

  • D'abord, tout simplement, parce que c'est un beau métier et que les assistantes maternelles font un travail remarquable qui méritait l'amélioration de leur statut.
  • Ensuite, parce que c'est moins coûteux que le montage d'une structure d'accueil collectif. Une nouvelle place en crèche coûtent (au total et en moyenne) 16 809 € selon la CNAF.
  • Enfin, parce que les anciennes générations seront bientôt en retraite et qu'il y avait urgence à attirer les nouvelles générations pour éviter un "trou d'air" national et mettre des parents en grande difficulté.
A savoir que le métier d'assistant maternel figure parmi les trente métiers les plus concernés par les départs en retraite d'ici 2015 et surtout 2020. Les départements qui ont trop "misé" sur ce métier pour répondre aux besoins des parents, risquent d'être confrontés à un effet ciseaux au moment des premières vagues de départ en retraite. En 2008, selon l'INSEE, 45 % des assistantes maternelles avaient entre 45 et 59 ans ; 5 % avaient 60 ans ou plus.

Il n'est donc pas étonnant que, parmi tous les modes de garde, la fonction d'assistante maternelle tire les statistiques vers le haut.

Cependant, plusieurs remarques doivent être formulées

  1. Les assistantes maternelles ne sont pas toutes en activité. Le Pôle Emploi en inscrit beaucoup. Ce qui signifie que, localement, ce n'est pas en ouvrant les portes de ce métier que les pouvoirs publics répondent aux attentes des familles. En milieu urbain, c'est l'accueil collectif qui est préféré par les parents. En milieu rural et périurbain, c'est effectivement l'accueil individuel ; encore faut-il que les conditions posées par la "nounou" correspondent aux conditions fixées par les parents !
  2. Ce n'est pas parce que la "nounou" a l'agrément pour 4 enfants, qu'elle peut réellement et correctement en accueillir 4. Le logement est-il adapté ? L'assistante maternelle saura-t-elle organiser son quotidien avec tous les enfants (les siens et ceux des autres) ? Est-elle encadrée ou livrée à elle-même ?
  3. Pourquoi autoriser 4 enfants aux assistantes maternelles depuis 2009 alors que dans une micro-crèche une deuxième professionnelle de la petite enfance est obligatoire dès le quatrième enfant ? L'encadrement des enfants autrement dit la disponibilité des encadrants est un débat inévitable.
Quelles soient pertinentes ou pas, toutes les remarques que nous pourrions formuler sur l'accueil des jeunes enfants n'éviteront pas la question centrale : où inscrire son enfant ?

Formulée différemment, la question peut vite devenir polémique

Entre "où les parents peuvent-ils inscrire leur enfant ?" et "où les parents doivent-ils inscrire leur enfant ?", de nombreuses personnes, du spécialiste de la petite enfance jusqu'au cadre dirigeant d'une CAF en passant par les élus ou les bénévoles et bien sûr toutes les familles, de nombreuses personnes donc, pourraient se lancer dans ce débat sans fin.
Les parents, eux, savent qu'ils peuvent se renseigner auprès des mairies, des CAF ou encore, de plus en plus, sur le net où toutes les informations circulent et prolifèrent. Des parents, d'ailleurs, qui n'auront pas le même statut selon le mode de garde qu'ils choisiront.
  • Si ils optent pour une assistante maternelle ou une garde à domicile, ils seront les employeurs.
  • Au contraire, si les parents choisissent un accueil collectif (public ou privé), ils sont des clients. Ces deux mots font peur dans le secteur de la petite enfance. Un troisième mot ne se prononce pas facilement : la concurrence.
A la lecture des études, rapports et autres analyses de ces vingt dernières années, ce dernier mot de concurrence fait figure de tabou. Mais pourquoi diable la politique familiale si chère à l’État, et en conséquence la problématique des modes de garde, seraient-elles abordées sous l'angle de la concurrence ?
Pourtant, c'est bien le cas ; et c'est ce qui donne tout son sens au futur choix des futurs parents.