Crise : après le bouleversement de l’économie mondiale, les Etats se reconstruisent

Les effets de la crise économique de 2008 semblent enfin se dissiper. Après six ans de récession, la reprise pointe finalement le bout de son nez aux quatre coins du monde. L’ordre économique mondial établit depuis des dizaines années s’en retrouve cependant bouleversé.

Alors que la Chine et les États-Unis se disputent la place de première puissance économique mondiale et que l’Europe relève doucement la tête, le potentiel des zones économiques francophones et africaines attirent l'attention.

Chine/États unis : l’affrontement final ?

Selon le Financial Times, cette année pourrait bien connaître une évolution économique historique.
Alors que le remplacement des États-Unis par la Chine au rang de première puissance économique mondiale ne devait se produire qu’à l’horizon 2019, les statistiques montrent que l’empire du Milieu pourrait surprendre, et ce dès 2014. Conséquence certaine de la crise économique, qui a impacté différemment chaque pays, ce retournement de situation signifiera la fin d’un règne de 140 ans pour Washington et sera d’autant plus désagréable pour le géant occidental qu’il n’a commis aucune faute en six ans de récession.

Les États-Unis ont en effet su maintenir une croissance soutenue, grâce au secteur industriel et immobilier tout particulièrement. L’emploi est resté constant et les réformes se sont pour la plupart maintenues. La croissance du pays n’a cependant pas dépassé les 7,6 % entre 2011 et 2014, contre 24 % pour la Chine. L’empire oriental est, de plus, passé d’une économie basée sur ses exportations à une économie reposant sur son marché intérieur.
Selon le Financial Times, cet essor surprise de la Chine est une preuve que les puissances économiques d’antan sous-estiment depuis trop longtemps le rôle des pays émergents sur le marché mondial. Il y a cependant fort à parier que ce duel entre deux poids lourds de la sphère économique internationale ne touche pas encore à sa fin, les Etats-Unis n’ayant certainement pas encore dit leur dernier mot.

L’Europe remonte la pente (difficilement)

En Europe, cette verve économique est plus difficile à percevoir. Entre un chômage à 11,8 % et une croissance discrète, voire inexistante chez certains, le bilan économique de la zone euro n’est pas brillant. En cause : de nombreuses erreurs qui ont contribué à enfoncer un peu plus le continent.
Les politiques d’austérité imposées par la Commission européenne ont été excessives et, de toute évidence, trop tardives. La crise immobilière des subprimes de 2007 s’est alors transformée en une multitude de crises touchant chaque pays différemment. Un manque d’organisation qui caractérisait déjà la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) il y a quelques années et qui a paralysé l’Europe pendant ces six années de crise.

Bien qu’il soit encore tôt pour se prononcer définitivement, l’Europe montre tout de même des signes indéniables de reprise économique depuis plusieurs mois. Alors que la zone euro retrouve la même confiance qu’en juillet 2011, les actions européennes sont plébiscitées depuis le début de cette année par une majorité des analystes. « De plus en plus d’indicateurs et de statistiques montrent que l’Europe est en train de franchir un cap, situation qui donne naissance à des opportunités d’investissement attrayantes (…) à l’échelle des secteurs et des pays », précise Joel Copp-Barton, Directeur Produits Actions Européennes d’Investo Perpetual. Un nouvel élan qui devrait raviver la flamme économique de nombreux pays encore trop en difficulté au sein de la zone euro, parmi lesquels la France figure en bonne place.

L’Organisation mondiale de la francophonie (OIF) concrétise son potentiel économique

Si la France est loin de faire partie des bons élèves européens, avec un acquis de croissance de seulement 0,3 % au premier trimestre 2014, la Francophonie commence quant à elle à attirer l’attention des experts. Lors de la dixième édition du Forum économique international des Amériques, à Montréal, une conférence sur les perspectives et les enjeux de la francophonie économique mardi 10 juin a mis en lumière quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Avec 13 % du Produit intérieur brut (PIB) mondial et 20 % des échanges mondiaux de marchandises, l’espace économique francophone est observé de près par les investisseurs du monde entier.
Présente sur 5 continents, la francophonie économique place une grande partie de ses espérances de croissance dans l’Afrique. Le continent regroupera 85 % des francophones à l’horizon 2050, avec une main d’œuvre de 1,1 milliard de travailleurs d’ici 2040 et une population jeune prometteuse. Sa croissance, de 5 % aujourd’hui, doit cependant être solidifiée. Pour ce faire, le Forum économique de Montréal a mis en avant deux pistes de réflexion, approuvées par l’Organisation mondiale de la Francophonie (OIF) : la croissance inclusive et le développement de la transition énergétique comme catalyseur d’investissements privés sur le continent.   

Croissance inclusive et développement durable comme modèles économiques en Afrique

L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) a récemment souligné les bénéfices de la croissance inclusive dans les pays en voie de développement. L’accès à l’emploi, à l’éducation, aux infrastructures et aux soins a un impact, non seulement sur le bien-être des populations, mais également sur la croissance. Ainsi, la croissance inclusive permet de voir l’économie d’un pays non plus seulement en termes de revenus, mais en prenant en compte chaque difficulté que peut traverser un citoyen et en tentant de les effacer. Un modèle de développement économique qui pourrait bien faire ses preuves en Afrique et permettre de mettre en valeur les atouts du continent, mais également d’attirer davantage d’investisseurs privés.
Des investisseurs privés, pour le moment particulièrement intéressés par les perspectives énergétiques du continent. Le marché énergétique intérieur de l’Afrique est en pleine croissance, mais il ne faudrait pas tomber dans le piège des combustibles conventionnels, dont ses sols regorgent.
Une croissance pérenne est synonyme d’une économie diversifiée qui inclut tout un chacun. C’est en ce sens que le développement durable pourrait devenir un élément clé de l’économie africaine. Rappelons que l’Afrique fait d’étonnants progrès en la matière et se place parmi les pionniers d’un secteur qui séduit de plus en plus d’investisseurs : celui des smart grids.
Récemment, une trentaine d’investisseurs américains ont promis d’investir 1 milliard de dollars dans des projets d’électrifications de zones isolées en Afrique, possibles grâce aux réseaux électriques intelligents. Ceux-ci permettent l’intégration d’énergies renouvelables dans des réseaux électriques classiques, une meilleure gestion de la consommation d’électricité et représentent un véritable vivier d’investisseurs dans de nombreux pays.

Après les différentes crises économiques et récessions traversées aux quatre coins du monde, la conscience générale se tourne vers une « économie durable et responsable ». De là à dire que le profit comme but ultime sera bientôt de l’histoire ancienne, il n’y a qu’un pas encore difficile à franchir.
Reste qu’après la course au pétrole et au gaz, l’économie de demain pourrait bien se baser sur des fondements plus écologiques et sociaux, respectueux non seulement de l’environnement, mais également de l’Homme.