Simon Polrot (Adan) "Nous lançons l'Adan, Association pour le développement des actifs numériques"

Le fondateur d'Ethereum France espère fédérer rapidement une quarantaines de fintech dans une nouvelle association qu'il préside. Ledger, Coinhouse, Kaiko et Woorton ont déjà répondu présents.

JDN. Pourquoi créer une énième association française dans le secteur des crypto-monnaies ?

Simon Polrot, président de l'Association pour le développement des actifs numériques. © Simon Polrot

Simon Polrot. Pour professionnaliser le milieu associatif crypto français, qui en a bien besoin. C'est un univers très morcelé avec des associations pas forcément faciles à positionner sur un échiquier. Aujourd'hui, il n'y a aucune voix qui représente l'ensemble de l'industrie. A l'issue de rendez-vous professionnels, notamment dans la banque et l'assurance, on m'a souvent dit que le milieu crypto en France ressemblait un peu à une cour de récré. C'est normal, car c'est un secteur naissant avec de petits acteurs qui ont chacun essayé de s'organiser du mieux qu'ils pouvaient. L'Association pour le développement des actifs numériques (Adan) a aussi la particularité d'être uniquement constituée d'entreprises et non d'individus.

Qui est membre de cette association ?

Il y a dix membres cofondateurs dont Ledger, Coinhouse, Kaiko et Woorton. Nous souhaitons accueillir des entreprises qui ont une vraie légitimité sur le plan technique et qui vendent déjà un produit ou un service. Nous avons deux types de membres : les membres principaux, c'est-à-dire les entreprises qui travaillent dans les actifs numériques, et les membres qui s'intéressent au secteur comme les sociétés de conseil, les banques, assureurs ou institutions. Nous avons identifié entre 40 et 50 acteurs de toute taille dans l'industrie des actifs numériques. Si on inclut ceux qui s'intéressent à ce sujet, on arrive à une centaine d'entreprises. Je suis assez optimiste sur le fait que nous aurons une quarantaine de membres actifs la première année.

Quelles sont les principales missions de cette association ?

L'association vise à réunir autour de la table tous les acteurs qui s'intéressent et travaillent sur les actifs numériques. L'autre objectif est d'animer cette industrie qui ne se parle pas beaucoup et qui travaille parfois en doublon sur des sujets. Nous souhaitons donner des réponses concrètes à des problèmes concrets et faire le pont avec les politiques.

Quelles sont les problématiques rencontrées par le secteur que vous souhaitez défendre ?

"Je suis assez optimiste sur le fait que nous aurons une quarantaine de membres actifs la première année"

Des sujets évidents comme l'ouverture d'un compte bancaire, la clarification des règles comptables, les recommandations du Gafi (une instance supranationale qui va vérifier que les acteurs crypto respectent aussi les règles de lutte anti-blanchiment et de financement du terrorisme, ndlr) ou encore le cadre juridique des security tokens (titres financiers tokenisés, ndlr) en France. L'idée est aussi de se projeter sur des cas d'usage comme la finance décentralisée.

Pourquoi ne pas inclure les acteurs de la blockchain dans cette association alors que la blockchain et les actifs numériques sont très liés ?

Le secteur des actifs numériques a besoin d'un traitement particulier et de réponses particulières. Quand on parle d'actif numérique, on parle à la fois les crypto-monnaies historiques, tous les tokens, les actifs numériques de jeux vidéo… Avec chacun sa spécificité. Nous sommes partis du principe que la blockchain est une technologie, un support pour créer des produits et services. Et nous pensons que la blockchain n'a pas vraiment besoin d'association car c'est un sujet plus porteur, marketing et implémenté dans des entreprises ou des consortiums.

2019 n'a pas été une année facile pour les acteurs du secteur des crypto-monnaies avec notamment l'annonce de la libra qui a provoqué des réactions politiques virulentes. Comment comptez-vous redorer l'image des crypto en France ?

Effectivement, c'était une année contrastée. Il s'est passé beaucoup de choses. Le sujet de la libra et des stablecoins en général sont entrés dans le discours public et cela n'a pas forcément été bien reçu. Mais ce sont des sujets traités à la Commission européenne, au Gafi, dans des cercles où on n'en parlait pas auparavant. C'est en train d'être pris au sérieux. Le secteur est en pleine croissance avec des entreprises qui croissent vite et de nouveaux arrivants. Nous allons mettre des moyens financiers dans cette association. Le prix de l'adhésion n'a pas encore été fixé mais il sera bas. Et il sera bien sûr différent entre une start-up et un grand groupe. Il y aura aussi deux permanents dans cette association dont moi-même. Nous avons déjà monté un premier groupe de travail sur le Gafi et rédigé une note de synthèse pour que la France prenne conscience de l'urgence de transposer les recommandations.

Simon Polrot est le président de l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan). Ce n'est pas son premier poste dans le milieu associatif puisqu'il est vice-président d'Asseth (association qui promeut Ethereum) et secrétaire de la Chaintech (association des acteurs blockchain francophones). Simon Polrot est juriste de formation. Il a commencé sa carrière chez EY en tant que consultant en fiscalité internationale puis a rejoint en 2014 le cabinet d'avocats Fieldfisher où il a développé une expertise sur la technologie blockchain. En septembre 2017, il a cofondé Variabl, une projet incubé chez ConsenSys, puis est devenu consultant chez ConsenSys. Début 2019, il a rejoint l'exchange LGO en tant que directeur général.