Les Pays-Bas, l'autre bon élève de l'économie européenne

Les Pays-Bas, l'autre bon élève de l'économie européenne Chômage, croissance, balance commerciale... L'Allemagne n'est pas la seule dans l'UE à tirer son épingle du jeu.

Au quatrième trimestre 2011, les Pays-Bas sont entrés en récession, avec un PIB en recul de 0,7% sur un an. Mais ça n'a pas empêché le ministre néerlandais des Finances de faire la leçon le mois dernier à la Grèce en prônant sa "mise sous tutelle permanente". Il faut dire que son pays est l'un des derniers au monde à conserver un triple A chez les trois grandes agences de notation.

Taux de chômage inférieur à 5%, quatrième PIB par habitant des 27 pays de l'UE, commerce extérieur florissant... Les statistiques des Pays-Bas ont de quoi faire pâlir d'envie ses voisins. Comme en Allemagne, la modération salariale (les salaires n'ont pas augmenté plus vite que la productivité depuis 1982) a beaucoup contribué à la compétitivité du pays. Mais ce n'est pas la seule explication.

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Les bonnes performances économiques des Pays-Bas. © Journal du Net

"Aux Pays-Bas, on commence à travailler très tôt", avance Jens Høj, chef économiste à l'OCDE et spécialiste du pays. "Dès 13 ou 14 ans, tous les jeunes ont un petit boulot dans un fast food ou à ramasser des fraises. Du coup, l'insertion dans le monde du travail se fait beaucoup plus naturellement qu'en France par exemple". En échange de contrats flexibles, les Néerlandais bénéficient d'indemnités chômage généreuses qui peuvent durer jusqu'à 38 mois.

Mais le très faible taux de chômage cache surtout une autre statistique : l'emploi à temps partiel qui représente près de la moitié (48,9% en 2010) de l'emploi total. Un taux deux fois et demi supérieur à celui de la moyenne de la zone euro (20,4%). "Le travail à mi-temps concerne essentiellement les femmes", note Jens Høj. Un choix personnel pour la plupart d'entre elles : d'après plusieurs sondages, celles-ci ne souhaiteraient pas forcément travailler plus longtemps même si elles en avaient la possibilité. "C'est tout de même un gâchis de compétences car les femmes sont très éduquées aux Pays-Bas", déplore Jens Høj.

L'emploi à temps partiel représente près de la moitié de l'emploi total.

Les Pays-Bas sont également le deuxième exportateur mondial de produits agricoles derrière les Etats-Unis. Des géants comme Unilever ou Heineken y ont leur siège mais cette industrie repose surtout sur l'horticulture et l'élevage, qui concernent à eux deux les 9/10e des productions agricoles. Les Pays-Bas sont notamment le centre du commerce mondial de fleurs et de plantes avec environ 68% de parts de marché. 88% de la production mondiale de tulipes y est concentrée. Depuis quelques années, le pays est fortement concurrencé par le Kenya et se recentre sur des espèces spéciales comme les orchidées.

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Les Pays-Bas représentent 88% de la production mondiale de tulipes. © Stéphanie Louis

Après le marché aux fleurs, l'autre symbole de la réussite économique néerlandaise est le port de Rotterdam. Quatrième plus grand port mondial et premier européen par sa capacité, Rotterdam a vu transiter 130 millions de tonnes de marchandises en 2010. C'est l'un des plus modernes au monde et il n'a pas été affecté par la crise : une nouvelle digue maritime grande comme 4 000 terrains de football est actuellement en construction pour accueillir dès 2013 d'immenses terminaux à conteneurs.

La Hollande fait aussi preuve d'une adaptabilité exemplaire "Les Néerlandais ne s'échinent pas à préserver des secteurs d'activité en perdition", indique Jens Høj. Lorsque dans les années 2000 Phillips s'est vu concurrencé par les fabricants chinois sur les téléviseurs, il s'est immédiatement tourné vers d'autres produits pour compenser. Et le secteur financier a aussi connu un fort développement ces dernières années. Il a contribué à 28% du PIB en 2009.

 

Un système social tourné vers le consensus

Enfin, "aux Pays-Bas, les négociations sont longues mais une fois que l'accord est trouvé, personne ne le conteste", sourit Jens Høj. De fait, la cogestion entre les partenaires sociaux limite l'intervention de l'Etat dans les entreprises. Une "société de consensus" très appréciée des investisseurs qui n'ont pas à déplorer une instabilité fiscale telle qu'en France.

Malgré ses forces, la Hollande n'est tout de même pas épargné par la crise. Depuis 2008, le beau tableau tend à s'effriter. Le déficit public a atteint 4,6% du PIB en 2011 et l'organisme officiel de statistiques néerlandais a averti début mars qu'en l'absence d'économies supplémentaires, il atteindra 4,5 % en 2013. Le bon élève se retrouve dans le même bateau que l'Espagne, qui peine elle aussi a réduire son déficit.