Ce n'est pas parce qu'un problème est délicat, qu'il
est rare. Et le monde de l'entreprise n'échappe pas à
la règle. Animosité dans une équipe, manque de reconnaissance
chez un collaborateur, client insupportable, service technique indifférent
aux besoins des salariés, prestataire peu regardant... Les situations
de crise se logent à tous les niveaux dans l'univers professionnel.
Et les managers se retrouvent en première ligne pour les
résoudre. D'après une enquête en ligne du Journal du Management,
76 % des cadres estiment rencontrer au moins une fois par semaine
des situations difficiles dans leur travail (lire l'enquête).
Fréquentes,
ces situations sont également variées et peuvent avoir
de lourdes conséquences, comme en témoignent les expériences
de quatre managers. Gilles Saunier (lire son témoignage),
aujourd'hui directeur général de La France Assurances, explique
comment un "illusionniste" a été recruté comme directeur adjoint
et est parti moins d'un an plus tard avec un parachute en or. Corinne
Couvrat Desvergnes (lire son témoignage),
qui pilote des projets événementiels, s'est, elle, retrouvé
coincée entre un prestataire, son PDG et le client.
Autre cas de figure : Bassam Michael Chour (lire son témoignage),
actuellement directeur marketing bancaire chez Smartinnov, a dû
imposer la création d'un nouveau poste de direction lors
d'un emploi précédent. Enfin Lucius Mouketou Mouketou
(lire son témoignage),
chargé de missions chez Manpower Maroc, d'origine gabonaise, explique
qu'il est victime de discrimination.
Les
deux parties doivent se décentrer"
Jean-François Manzoni, Insead
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De prime abord, ces expériences semblent très différentes
les unes des autres. Pourtant, elles sont souvent la conséquence
de comportements similaires. "Il faut être conscient que notre propre
comportement a pu amener l'autre à avoir un comportement déraisonnable",
plaide Jean-François Manzoni, professeur associé à l'Insead et auteur
de Relations difficiles au travail, rompre le cercle vicieux
(*).
Pour Jean-François Manzoni, les situations professionnelles délicates
sont presque toujours le fruit d'un jugement de départ, qui ne fera
que se confirmer. "Si je juge par exemple que mon supérieur
est incompétent, je remarquerai tous ses échecs. En revanche, lorsqu'il
réussira, j'attribuerai ses succès à la chance. Et dans les situations
ambiguës, je ne lui laisserai jamais le bénéfice du doute. Je risque
donc de le placer dans une situation d'échec réel, sans être vraiment
conscient de ma responsabilité."
"Pour rompre ce cercle vicieux, les deux parties doivent se décentrer",
poursuit-t-il. Un travail souvent difficile, qui demande de savoir
écouter et prendre du recul. Quelle que soit la relation, entre
syndicat et patronat, entre manager et managé, entre client et fournisseur
(etc.), ce travail sur soi-même doit être fait rapidement, mais
dans le calme (lire les cinq conseils).
Un calme qui n'empêche pas le manager d'assumer, parfois,
des décisions difficiles pour résoudre un problème
délicat. "La décision de se séparer de quelqu'un n'est, par
exemple, pas forcément populaire, mais il faut la prendre, note
Vincent Guibert (lire son interview),
consultant spécialisé en organisation et en informatique décisionnelle.
Dans ce cas, il faut toujours mettre en avant le bien commun."
(*)Village mondial,
2004 >>> consulter
les librairies
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