Attention, piège abscons ! Ou comment éviter le syndrome du joueur qui "veut se refaire" à tout prix...
Le piège abscons est une situation irrationnelle dans laquelle on continue d’investir à perte, pensant que chaque nouvelle perte permettra de rattraper les précédentes. Courant chez les accros au jeu qui misent plus « pour se refaire », ce cas se rencontre en entreprise.
Cette situation peut également se rencontrer en entreprise lors d’un projet où, après plusieurs cycles infructueux de spécification-développement-recette, la solution demeure insatisfaisante. Au lieu d’oser repartir de zéro, il est fréquent de choisir d’entamer un nouveau cycle, avec l’argument classique « il ne manque plus qu’une petite partie pour atteindre une solution satisfaisante ».
Les
solutions pour limiter l’engrenage
Cet engrenage et l’obstination dans
l’erreur sont le résultat d’un biais cognitif : un schéma de pensée erroné
qui apparaît dans un type de situation donnée, résultant d'une faille ou d'une
faiblesse dans le traitement des informations disponibles. Ce biais
cognitif trouve une réponse dans la méthode agile « Scrum ».
Emprunté au vocabulaire du monde du rugby,
« scrum » signifie « mêlée ».
La mêlée constitue un moment privilégié de cohésion et d’échange entre les
joueurs. L’idée maîtresse de ce principe repose sur le fait d’être toujours
prêt à réorienter le projet au fil de son avancement. D’un point de vue
managérial, ce procédé correspond à une approche dynamique et participative de
la conduite du projet.
Afin de mettre en place cette méthode il
convient d’appliquer le “time-boxing”, soit fixer un temps maximal pour chaque
activité, et si le délai est dépassé, toute l’équipe convient de repartir de
zéro plutôt que de s’enfermer dans une impasse.
On peut rencontrer d’autres comportements,
qui eux aussi, peuvent paraître irrationnels. Ces derniers s’expliquent souvent
par un biais cognitif, qui altère la perception du problème et donc la validité
de la solution apportée. Ces comportements peuvent évidemment se retrouver au
sein d’une équipe, ce qui conduit le chef de projet à être toujours vigilant, afin
de détecter les biais qui sont de la mauvaise perception du projet dans sa
globalité.
Les
managers ou chefs de projets trouvent intuitivement des parades aux problématiques
soulevées par ces biais cognitifs. Le cadrage est un élément essentiel afin
d’éviter ces biais cognitifs. La façon de présenter une situation influe sur la
façon dont elle est interprétée : est-il besoin de rappeler l’importance de
cette phase d’un projet qui, parce qu’elle est très en amont, va conditionner
toutes les phases ultérieures ? C’est en effet à ce moment-là que la structure
du projet est élaborée : périmètre, enjeux, ... En cas de désaccord ultérieur
il est important de savoir s’y référer afin de pouvoir “recadrer” le débat.
Autre élément essentiel : le biais culturel est lié au fait
d’appartenir à un type de culture donné. Ainsi, il est fréquent que des
problèmes de communication perturbent le projet, notamment lors des phases de
conception, lorsque fonctionnels et techniciens doivent se parler. En effet ils
n’ont pas la même culture, le même référentiel, le même vocabulaire (ou, pire,
ils interprètent le même mot de deux façons totalement différentes). Le rôle du
chef de projet, ou plus largement de l’AMOA (assistant à maitrise d’ouvrage),
est de faire en sorte que les informations soient bien transmises et comprises
dans les deux sens.
Autre danger, qui sort cette fois du cadre
des projets : les biais peuvent également être utilisés volontairement, par
exemple dans la construction d’argumentaires publicitaires, commerciaux,
politiques, pour faire passer des messages, parfois fallacieux, allant même
jusqu’au sophisme.
Alors soyez vigilants, que ce soit sur un projet ou en dehors, sachez reconnaître les biais cognitifs !
-------------------------------Références :
- http://blog.developpez.com/bruno-orsier/p7427/developpement-agile/equipes-agiles-et-biais-cognitifs/
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_cognitif
- http://www.vadeker.net/corpus/psychologie_sociale/organigramme_manipulation.pdf
- Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens (Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois)