Editeurs, pure players : créez du contenu, pas des « Apps » !
De nombreux éditeurs se précipitent pour attribuer le peu de ressources de développement qu’ils possèdent à l'élaboration d'Apps, sans nécessairement déployer une approche globale de tous les enjeux de la mobilité.
Il fut un temps où l’on regardait de travers les sociétés qui ne possédaient pas de « stratégie Second Life », de « stratégie Myspace » ou de « stratégie Google+ ». Il y a deux ou trois ans, le monde se tournait vers les applications Facebook et chaque société se devait de disposer d’une « Stratégie d’applications Facebook », voire de développer l’ensemble de ses offres digitales sous forme d’applications Facebook.
Et puis Mark Zuckerberg et son équipe décident de
faire apparaître le fil d’actualités en premier, reléguant l’onglet Applications
à une partie moins visible de la page. En d’autres termes, le matin-même, les
gens pariaient leur maison sur la conception d’applications Facebook mais le
soir venu, l’idée n’était plus aussi géniale car un chef de produit chez
Facebook avait déplacé un onglet !
Facebook n’est qu’un exemple. Aujourd’hui, l’hyper
médiatisation se tourne vers les applications mobiles natives, pour iPhone et
Android. De nombreux éditeurs se précipitent pour attribuer le peu de
ressources de développement qu’ils possèdent à leur élaboration, sans
nécessairement déployer une approche globale de tous les enjeux de la mobilité.
Certes, les applications iPhone/Android ne risquent
pas de disparaître à tout moment. Toutefois, elles reposent sur des
environnements propriétaires contrôlés par d’autres sociétés, qui possèdent des
intérêts très spécifiques auxquels elles donneront la priorité avant de
s’occuper des développeurs d’applications. Le « bon vieux » web est
entièrement différent : chaque éditeur y est maître de son domaine, et non
un élément au sein du domaine de quelqu’un d’autre. Le contenu qu’il produit reste
sa première richesse.
Le développement d’une application pour une plateforme
propriétaire, Facebook ou iPhone, prend du temps, de l’argent et des
ressources. Avant de s’engager sur cette voie, poussés par le battage
médiatique, il serait judicieux pour les éditeurs de réfléchir aux résultats
attendus. Une application propriétaire possède parfois d’énormes avantages, en
exploitant les fonctionnalités natives du téléphone (notifications,
interaction, réponse rapide, etc.). Mais pour les éditeurs de contenu, ces
avantages se résument à la lecture hors ligne et à la présence sur l’App Store.
La lecture hors ligne est un véritable avantage (même
si elle devient de plus en plus obsolète car nous sommes connectés partout),
mais le HTML 5 permet désormais la mise à disposition de contenu pour une
utilisation hors ligne et son usage va se généraliser. La présence sur l’App
Store (ou Google Play) est un plus pour la visibilité et la dissémination de
son application. Mais techniquement, rien n’oblige à un développement natif.
Un développement 100% Web mobile suffit pour rendre le
contenu d’un éditeur accessible depuis n’importe quel navigateur sur mobile
(Safari, Chrome…) et permet un déploiement beaucoup plus rapide. La création
d’une application à part entière consiste ensuite « simplement » à
créer une icône qui pointera vers le site en ligne. Un tel développement est
extrêmement rapide, et surtout une telle application ne nécessite aucune
maintenance ou ressource par la suite. L’éditeur bénéficiera de 100 % des
avantages à être présent sur les App Stores propriétaires, avec 0 % des
coûts de développement liés à la dépendance envers l’activité d’autres
sociétés.
Une fois ce site mobile mis en place, l’éditeur peut
consacrer ses ressources et son énergie sur son véritable métier, à savoir la
production de contenus. Les efforts réalisés sur un site mobile unique et
complet seront récompensés par une visualisation de ces contenus rendue
possible sur tous les terminaux mobiles (iPhone, Android mais aussi Windows 8,
BlackBerry…) et bien sûr les tablettes.