Comment Sopra Steria prend le virage du cloud ?

Comment Sopra Steria prend le virage du cloud ? La SSII décline sa stratégie cloud comme un segment dans une stratégie plus globale. Objectif : devenir un acteur incontournable de la transformation numérique en Europe.

Sopra Steria Group est né de la fusion en 2014 de deux des plus anciennes Entreprises de services du numérique (ESN) françaises, Sopra et Steria - fondées respectivement en 1968 et 1969. En 2015, l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de 3,6 milliards d'euros. Il se répartit comme suit : 55% en conseil et intégration, 15% en management d'infrastructure, 15% en développement de solutions, et 15% sur le segment des business process services.  

Qu'en est-il de l'activité cloud de Stopra Steria ? Elle génère un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros. Une très faible portion de son activité donc qui fait du cloud un segment parmi d'autres dans la stratégie globale du groupe. "Nous n'avons pas de filiale cloud à proprement parler", précise Thierry Luc, directeur Innovation Infrastructure Management chez Sopra Steria. A l'image d'autres géants des services IT, l'ESN ambitionne de devenir un acteur incontournable de la transformation digitale des grandes organisations publiques et des grandes entreprises européennes. Et, dans cette optique, le cloud n'est par conséquent qu'une brique d'"une offre destinée à couvrir tous les besoins du numérique".

Une offre visant à accompagner les projets cloud de A à Z

"Notre activité cloud se divise en deux parties : conseil et intégration d'une part, infrastructure management d'autre part. De ce fait nous avons deux métiers : l'accompagnement de nos clients en mode projet ou en mode opération", poursuit Thierry Luc.

Sopra Steria ne dispose pas de ses propres centres de données 

Le rachat de Beamap en 2014 a apporté à Sopra Steria des compétences dans l'accompagnement de projets cloud de grande envergure. "Nous couvrons le cycle complet d'un projet cloud : de la réflexion stratégique et la conception aux opérations, en passant par la mise en place des technologies et la migration", précise-t-on chez Sopra-Steria. "Nous nous concentrons beaucoup sur l'adaptation de l'IT existant aux environnements de cloud computing, car on ne duplique pas un système d'information dans le cloud, on l'adapte."

Public ou privé, l'essentiel est d'accompagner le client

Ainsi, l'ambition de Sopra Steria est moins de louer des infrastructures que d'accompagner ses clients dans leurs projets cloud, que ce soit en matière de cloud privé que de cloud public. "Nous donnons à nos clients la possibilité, en fonction de leurs besoins, et notamment leur besoin de localisation de données, soit d'être hébergés chez nous soit sur des infrastructures externes", indique Thierry Luc. En aval, l'ESN propose également des prestations de gestion d'infrastructures et de services managés.

Un constat : une accélération très forte des processus d'industrialisation

Contrairement à beaucoup d'acteurs IT, notamment certaines ESN concurrentes, Sopra Steria ne dispose pas de ses propres centres de données. "Nous n'avons pas de datacenters en propre, nous louons de l'espace dans les datacenters de Data4 à Marcoussis [au sud de Paris, NDLR]. Nous y avons des salles informatiques à nous, dans lesquelles nous avons tout construit en termes d'ingénierie. Nous disposons ainsi de salles nues équipées et nous avons la même approche dans les autres pays."

Une stratégie qui vise les grands groupes européens

Mais d'après Thierry Luc, les enjeux principaux du cloud sont ailleurs. "Ce que nous avons constaté, depuis 18 mois, c'est une accélération très forte autour des processus d'industrialisation. Les entreprises sont convaincues maintenant que le cloud, privé ou public, apporte une agilité. Elles veulent donc accélérer la migration."

Dans le sillage de sa stratégie globale, Sopra Steria se focalise en matière de cloud sur les grands comptes, le Top 500 en Europe. "À travers un partenaire comme nous, ces acteurs cherchent à intégrer le cloud dans leur IT dans une approche de bout en bout et cette démarche est relativement compliquée. Il s'agit de faire quelque chose de spécifique pour chacun, d'adapter les solutions à l'environnement métier, au contexte du client", précise Thierry Luc. "C'est une intégration sans couture qui permet de piloter de manière globalement transparente l'ensemble des fournisseurs de cloud. C'est ce qu'ils cherchent à travers un partenaire comme nous."

L'ESN compte capitaliser sur sa stratégie de verticalisation

En parallèle, Sopra Steria entend capitaliser sur les métiers dans lesquels il dispose d'une notoriété et de compétences historiques. Le groupe est présent sur des marchés verticaux qui constituent ce qu'il appelle "ses domaines d'excellence" : "la banque, le secteur public, l'aérospatial-défense-sécurité, les transports, les télécoms et les médias, l'énergie, la distribution et l'assurance". Des domaines qui représentent 90% de son chiffre d'affaires.

L'ESN présente aussi la particularité d'être à la fois spécialiste des services numériques et éditeur de solutions, depuis plus de quarante ans (une activité qui représente 14% de son chiffre d'affaires, soit environ 500 millions d'euros). Ses progiciels englobent des domaines métiers (banque, assurance, immobilier) ou transverses (ressources humaines). Une singularité qui procure à Sopra Steria une large expertise métier et fonctionnelle. Une approche verticale qui, espère-t-il, devrait lui assurer une croissance confortable dans les prochaines années... y compris sur le segment du cloud.