Quiproquo sur le chômage des informaticiens

1,7% de taux de chômage des informaticiens pour le Syntec, entre 3,9% et 5,9% selon le Munci. L'association relève aussi une hausse, la première depuis 2004, du nombre de demandeurs d'emploi en septembre.

Dans un contexte de crise mondiale, Syntec Informatique a présenté son bilan et ses perspectives pour le secteur des logiciels et services (Lire Le Syntec prévoit un ralentissement de l'IT en 2009). A cette occasion, l'organisation patronale a fait état d'un taux de chômage de 1,7%, en diminution depuis désormais trois ans. Une performance qui s'est poursuivie en 2008 grâce à des créations nettes d'emplois de l'ordre de 15 000 à 20 000.

Conscient des risques qui menacent le secteur en 2009, le Syntec a néanmoins averti que ces créations devraient connaître un ralentissement en 2009, parallèlement à la diminution du rythme de croissance du marché (2 à 4% contre 6% en 2008). Les déclarations du Syntec sur l'emploi des informaticiens suscitent toutefois le scepticisme du Munci (Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens).

Ce dernier relève d'ailleurs une croissance du taux de chômage sur le secteur dès septembre, chiffres de la Dares (ministère de l'emploi) à l'appui. Sur la base de ces données, le Munci recense ainsi fin septembre 2008 entre 19 508 demandeurs d'emploi en informatique (catégorie 1) et environ 29 300 (toutes catégories). Le taux de chômage parmi les 500 000 informaticiens identifiés par la Dares serait ainsi compris entre 3,9% et 5,9%.

Des inquiétudes autour de l'offshore et son impact sur le chômage des informaticiens

Sans chercher l'affrontement avec le Syntec Informatique sur la réalité des chiffres, le Munci s'inquiète de cette première reprise du chômage après une baisse continue depuis novembre 2004 (hors effets saisonniers de juillet-août). Diminution que par ailleurs le Munci explique notamment par "les reconversions fréquentes de quadras/quinquas souvent victimes d'exclusion sur notre marché du travail, mais aussi les évolutions professionnelles d'informaticiens vers des postes fonctionnels."

La référence à une pénurie de main d'œuvre agace également, d'autant que celle-ci (sans se prononcer sur sa réalité) ne semble pas avoir de véritable impact sur les rémunérations des informaticiens comme l'indique la dernière étude de l'Apec. Le salaire moyen en SSII (qui ne représentent pas l'ensemble du secteur) est ainsi de 34 000 euros.

En outre les sociétés de services ont recruté en 2008 à 70% des candidats de 5 ans d'expérience maximum, soit les profils les moins expérimentés. Profils pour qui les rémunérations sont généralement les moins élevées. Dans son enquête, l'Apec relativisait l'argument de pénurie, préférant à la stagnation des salaires une autre explication : une fixation des rémunérations en fonction des prix des prestations, sous tension sur un secteur caractérisé par sa nature très concurrentielle.

Sur le chômage des informaticiens et les répercussions de la crise sur le marché de l'emploi, deux visions s'affrontent donc. Et si le Munci tire dès à présent la sonnette d'alarme c'est peut-être aussi par crainte de voir occulter une part des difficultés par la bonne santé de certains domaines du secteur IT, et notamment l'offshore. Dans un contexte économique difficile, les entreprises cherchent en effet généralement à jouer sur leurs coûts, et notamment les dépenses en prestations informatiques.

Cette tendance, si elle se confirmait, aurait pour conséquence de créer des tensions sur les prix des prestations, les SSII cherchant alors elles aussi à diminuer leurs coûts, entre autres par un recours à l'offshore. Or, Syntec Informatique a justement fait état d'une croissance annuelle de ce domaine de 30 à 50% et estimé son chiffre d'affaires en 2009 à 1,2 milliard d'euros en France. Le Munci, comme le rapporte le MagIT, a d'ailleurs déjà déclaré qu'il se montrerait vigilant sur les questions de l'offshore et de l'immigration économique.