Ces Français qui ont réussi à l'étranger dans l'informatique Jacques-Alexandre Gerber (Intalio) : "La Silicon Valley offre un cadre et une flexibilité uniques"

 

jacques-alexandre gerber, vice président exécutif intalio. 
Jacques-Alexandre Gerber, vice président exécutif Intalio.  © Intalio

Si Jacques-Alexandre Gerber nie que son éloignement soit prémédité, il avoue quelques prédispositions : "j'avais un certain goût pour la différence et j'ai eu la chance de pouvoir voyager jeune avec ma famille". Puis, à l'Ecole des Mines de Nancy, vient l'obligation d'accomplir le service militaire. Jacques-Alexandre Gerber pense alors à rendre l'expérience "plus intéressante et originale" et songe à partir. Il envoie sa demande au Ministère des Affaires étrangères, qui, à sa grande surprise, lui répond et lui propose de partir au Caire pour fournir des supports multimédia aux enseignants. Le début d'une expatriation qui va l'éloigner de la France pendant 12 ans, et le propulser au cœur de la Mecque de l'informatique : la Silicon Valley.

C'est Ismael Ghalimi, un camarade de promo, qui lui propose de le rejoindre à San Francisco pour développer sa start-up spécialisée dans BPMS et l'Open Source. Travailler en dehors de l'Hexagone l'avait séduit. Alors, avec sa compagne, chercheuse en biochimie, ils s'envolent directement du Caire à San Francisco. "Le Caire est déjà très différent de la France, mais alors entre le Caire et San Francisco, si propre et si calme, le contraste est encore plus saisissant... Mais, cela me convient d'être ainsi déstabilisé."

Levée de fonds

 

Au sud de la baie, il faut alors faire grandir la start-up. "En termes de volumes de capital risque, la Silicon Valley reste l'une des premières places au monde, mais il y a en France aussi d'excellentes sources de financement. Cela dit, il y a dix ans, il était sans doute plus difficile en France de trouver un second financement pour une société non-rentable. Mais cette différence s'estompe", observe celui qui a réalisé quatre levées de fonds et dont la société est aujourd'hui rentable.

"Il est envisageable de venir travailler en short et en tongs de la fin d'après-midi jusqu'à la nuit"

Etre français a cependant servi : c'est d'un contact chez Dassault, Jean-Marie Chauvet, qu'est venu une partie des financements initiaux. Et un Français, Vincent Worms, un ancien de la Société Générale, qui a co-fondé Partech, a participé au dernier tour de table. La société garde donc l'empreinte de la France, ce qui ne détonne pas sur place. "La Silicon Valley est déjà très métissée, c'est d'ailleurs aussi pour cela qu'il y a un tel environnement de tolérance et de respect".  

 "Une grande liberté"

Y a-t-il d'autres indices plus probants de la nationalité de la société ? "Je pense que nous sommes plus généreux que d'autres ici en matière de droits sociaux, pour les vacances et la santé par exemple, même si c'est sans doute pas grand-chose comparé à ce qui se pratique en France " 

En revanche, certains des aspects pourraient étonner certains salariés français. "Il y a une grande liberté quant à l'organisation de son travail. La loi est aussi plus souple. La Silicon Valley offre un cadre et une flexibilité uniques Nous n'imposons pas d'horaire ni de tenue. Il est envisageable de venir en short et en tongs travailler de la fin d'après-midi jusqu'à la nuit. Cela ne veut pas dire que nous ne soyons pas exigents en matière de productivité ou que nous ne veillons pas à la performance. "


Aujourd'hui, deux ans avant de pouvoir demander la naturalisation américaine, "JAG" passe plus souvent en France pour des raisons professionnelles que personnelles, et parle plus de ses offres Cloud que d'un retour en France.