La sous-traitance en cascade en SSII : quels sont les risques ? Certaines SSII seraient moins tentées que d'autres par la sous-traitance en cascade

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Emmanuelle Pays, reponsable du recrutement chez Steria France, a accepté de répondre à nos questions sur ce sujet sensible. © Steria

Quelles SSII pratiquent la sous-traitance en cascade ? Sur les dix ou quinze premières SSII en France, Patrick Van Straaten estime que "c'est le cas d'absolument toutes". Selon cet informaticien, "au minimum" 15% des missions des SSII s'appuieraient, au moins en partie, sur des indépendants.

Pour recouper ce chiffre, le JDN a souhaité interroger le Syntec Numérique, qui n'a pas voulu s'exprimer sur le sujet. Guy Mamou-Mani, son président, n'a pas voulu répondre à nos questions, pas plus que le responsable du recrutement de la SSII qu'il dirige, Open. Même son de cloche chez Neurones ou Helpline, qui n'ont pas souhaité répondre à nos questions

Pourquoi un tel tabou ? A en croire le syndicat Munci, la pratique connaîtrait des dérives et exposent les indépendants, mais aussi les missions, à certains risques.

Le Munci dénonce des "marges excessives sans valeur ajoutée"

Ce que dénonce d'abord Régis Granarolo, directeur général et fondateur du Munci, c'est la marge excessive réalisée par les intermédiaires, "largement supérieure à ce qui peut être observé dans d'autres secteurs d'activité, comme l'immobilier ou le conseil par exemple".

"Une marge d'autant plus abusive de la part des SSII que ces dernières n'apportent parfois aucune valeur ajoutée, en termes de gestion de projet notamment. Or sous-traiter n'est pas la même chose qu'apporter une affaire, les relations et les contrats ne sont pas les mêmes, il ne faut pas confondre", fait valoir le responsable du Munci.

Steria "sceptique" devant de telles accusations

Emmanuelle Pays, directeur Recrutement, Diversité & Développement Ressources Humaines chez Steria France, a accepté de répondre à nos questions, en voulant cependant bien préciser au préalable qu'elle ne n'exprimait pas au nom de tout le secteur et que "son service n'était pas en charge de ces questions de sous-traitance, qui incombent plus au staffing ".

Ces supposées "marges abusives" laissent Emmanuelle Pays très sceptique. Soulignant que les SSII et leur marché "ont beaucoup mûri" dernièrement, elle rappelle également que "leurs prix se doivent de suivre la loi de l'offre et la demande".

Ainsi, "pratiquer des tarifs au-dessus du marché n'est tout simplement pas concevable, notamment compte tenu de la tension qui s'est exercée dernièrement sur les tarifs. Or depuis 5 ou 6 ans, cette tension croissante a fait fondre les marges, moins importantes que par le passé. Enfin, les acheteurs connaissent les prix, et savent d'ailleurs très bien en jouer lors des négociations", rétorque-t-elle.

patrick van straaten, freelance en charge de la place de marché idirect.
Patrick Van Straaten, freelance en charge de la place de marché iDirect. © P. Van Straaten

Emmanuelle Pays souhaite également faire remarquer que "des acteurs généralistes qui répondent tous azimuts à tous les appels d'offres, cela n'existe plus : les acteurs se sont spécialisés, comme Steria l'est par exemple dans la monétique". Ainsi, la nécessité de recourir à des prestataires indépendants serait moins fréquente, à en croire cette responsable recrutement.

Enfin, quant au manque de valeur ajoutée apportée par la SSII dans le cas de sous-traitance, Emmanuelle Pays explique que "ce service de mise en relation ne fait partie des services de sa SSII et en déduit que sa société, ne peut être concernée par de telles pratiques. Enfin souhaite-t-elle aussi faire valoir, Steria réalisant principalement des missions de longue durée et sachant "anticiper les besoins", elle serait moins exposée que d'autres SSII à la tentation de la sous-traitance en cascade.