SSII : mega opération de croissance externe pour Atos Origin

En rachetant la division informatique de Siemens pour 850 millions d'euros, la SSII française ravit a Capgemini sa place de numéro 1 européen. L'allemand prend au passage 15% du capital d'Atos Origin.

On avait presque fini par ne plus y croire. Depuis le rachat par HP d'EDS au printemps 2008, le secteur des SSII n'avait pas été marqué par de grandes opérations de rachat. C'est désormais chose faite, avec l'annonce de l'acquisition surprise d'Atos Origin.

La SSII française, deuxième société de service informatique derrière Capgemini avec 5,13 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2009 - contre 8,37 milliards d'euros pour cette dernière -, a en effet réalisé un joli coup en mettant la main sur l'activité IT du géant allemand Siemens.

Concrètement, le chiffre d'affaires du nouvel ensemble devrait s'établir à 8,7 milliards d'euros, coiffant au poteau (de justesse) son éternel ennemi, Capgemini. Rachetée pour 850 millions d'euro - une bonne affaire aux yeux de nombreux analystes - Siemens IT Solution and Services procurera à Atos Origin une tête de pont majeure en Europe pour jouer les trublions face au trio de tête des SSII mondiales (IBM, HP-EDS et Accenture).

Atos Origin prévoit également de recruter 8 000 personnes dans le monde dont 1 600 en France

Le rapprochement a bien entendu des répercussions directes sur la masse salariale des deux entités concernées. Du côté d'Atos Origin tout d'abord, les effectifs passeront de 50.000 (49 036 à fin 2009) à près 80.000 salariés, dont 62.000 ingénieurs. Sachant que les deux-tiers de ses effectifs seront basés en Europe.

En plus de cet accroissement mécanique des effectifs, Atos Origin prévoit de recruter 8 000 personnes supplémentaires dans le monde dont 1 600 rien qu'en France. En revanche, c'est la douche froide pour Siemens. L'allemand est en effet contraint de réduire ses effectifs de 1 750 personnes dont 650 en Allemagne, dans la foulée de son annonce de mars dernier où il prévoyait alors la suppression de 12 % de ses effectifs dans sa branche services IT.

Mais le géant IT n'a pas tout perdu. Tout d'abord, il a été convenu que Siemens fasse son entrée au capital d'Atos Origin à hauteur de 15%, en recevant 12,5 millions d'actions nouvelles pour une valeur globale de 414 millions d'euros qu'il s'engage à conserver pendant 5 ans. Et devenir ainsi le deuxième actionnaire de la SSII française, juste derrière le fonds d'investissement Pai Partners qui dispose toujours à ce jour de 25% de son capital.

La transaction est prévue d'être finalisée en juillet 2011

Siemens en a également profité pour rationaliser le coût de ses prestations informatiques en confiant à Atos Origin l'ensemble de ses prestations d'infogérance et d'intégration pour une durée de 7 ans. Le contrat signé entre les deux partenaires s'élève à 5,5 milliards d'euros.

Prévue d'être finalisée en juillet 2011, la transaction devra bien sûr être validée par les actionnaires d'Atos Origin, qui se réuniront pour l'occasion en assemblée générale extraordinaire fin juin. Mais également par les autorités anticoncurrentielles.

L'acquisition d'Atos Origin a en tout cas été saluée par le marché. En séance du mercredi 15 décembre en clôture de la Bourse de Paris, l'action Atos Origin a grimpé de 13,49% alors que le CAC a perdu du terrain (-0,58%). Tout comme Capgemini (-0,31%), dont on attend maintenant la contre-attaque.